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– Non, répondit Blanche neige, je n’ose pas.

– Aurais-tu peur ? Tiens, nous allons la partager…

La reine n’avait empoisonné la pomme que d’un seul côté, le côté rouge, le plus appétissant : Elle la coupa en deux et tendit la partie empoisonnée à Blanche neige, tout en mordant dans l’autre. Rassurée, la jeune fille la porta à sa bouche. Elle ne l’eut pas plutôt mordue qu’elle tomba comme morte. La reine eut alors un rire diabolique.

– Blanche comme la neige, rouge comme le sang, noire comme l’ébène, tu es bien morte cette fois et les nains ne pourront pas te redonner la vie.

De retour au palais, elle interrogea son miroir qui lui répondit :

– En cherchant à la ronde, dans tout le vaste monde, on ne trouve pas de plus belle que toi.

Et son cœur jaloux fut apaisé.

Quand les sept nains revinrent à leur demeure, ils trouvèrent Blanche neige étendue sur le sol. Cette fois, elle semblait bien morte. Désespérés, ils la pleurèrent sans arrêt pendant trois jours et trois nuits. Ils voulurent l’enterrer, mais comme ses joues demeuraient roses et ses lèvres fraîches, ils décidèrent de ne pas la mettre sous terre, mais de lui fabriquer un cercueil de cristal et de la garder près d’eux.

Ils placèrent le cercueil sur un rocher, à côté de la maisonnette, et ils montèrent la garde à tour de rôle. Les années passèrent. Blanche neige semblait toujours dormir tranquillement dans son cercueil de cristal, fraîche et rose.

Un jour, un prince jeune et beau traversa la forêt et s’arrêta chez les sept nains pour y passer la nuit. Quand il vit le cercueil de cristal et la belle jeune fille endormie, il fut pris d’un tel amour pour elle, qu’il dit aux nains :

– Faites m’en cadeau ! Je ne peux plus vivre sans voir Blanche neige.

Les nains, émus, lui donnèrent le cercueil de cristal. Le prince le fit porter à dos d’homme jusqu’à son palais. Chemin faisant, un des porteurs trébucha et la secousse fut telle que le morceau de pomme resté dans la gorge de la jeune fille en sortit. Elle ouvrit les yeux, souleva le couvercle du cercueil, et regardant autour d’elle, dit :

– Où suis-je ?

Tout joyeux, le prince lui répondit :

– Tu es en sécurité avec moi. Je t’aime plus que tout au monde, viens au palais du roi, mon père et je t’épouserai.

Blanche neige consentit avec joie. Leurs noces furent célébrées avec une splendeur et une magnificence dignes de leur bonheur.

On invita tous les rois et toutes les reines. Quand la belle-mère se fut parée de ses plus beaux atours, elle posa à son miroir l’éternelle question.

Hélas, le miroir lui répondit :

– Reine tu étais la plus belle, mais la fiancée brille d’une splendeur sans pareille.

A ces mots, la reine entra dans une violente fureur. Tout d’abord, elle ne voulut plus aller aux noces. Puis elle ne put résister au désir de voir cette jeune princesse qui était si belle. Quand elle reconnut Blanche neige, elle fut prise d’une telle rage qu’elle tomba terrassée par sa propre jalousie.

Chapitre 5 La Bonne bouillie

Il était une fois une pieuse et pauvre fille qui vivait seule avec sa mère. Elles n’avaient plus rien à manger, et la fillette s’en alla dans la forêt, où elle fit la rencontre d’une vieille femme qui connaissait sa misère et qui lui fit cadeau d’un petit pot, auquel il suffisait de dire. « Petit pot, cuis ! », pour qu’il vous cuise une excellente et douce bouillie de millet ; et quand on lui disait. « Petit pot, cesse ! », il s’arrêtait aussitôt de faire la bouillie. La fillette rapporta le pot chez sa mère, et c’en fut terminé pour elles et de la pauvreté et de la faim, car elles mangeaient de la bonne bouillie aussi souvent et tout autant qu’elles le voulaient. Une fois, la fille était sortie et la mère dit : « Petit pot, cuis ! » Alors il cuisina, et la mère mangea jusqu’à n’avoir plus faim ; mais comme elle voulait maintenant que le petit pot s’arrêtât, elle ne savait pas ce qu’il fallait dire, et alors il continua et continua, et voilà que la bouillie déborda ; et il continua, et la bouillie envahit la cuisine, la remplit, envahit la maison, puis la maison voisine, puis la rue, continuant toujours et continuant encore comme si le monde entier devait se remplir de bouillie que personne n’eût plus faim. Oui, mais alors commence la tragédie, et personne ne sait comment y remédier. La rue entière, les autres rues, tout est plein ; et quand il ne reste plus, en tout et pour tout, qu’une seule maison qui ne soit pas remplie, la fillette rentre à la maison et dit tout simplement. « Petit pot, cesse ! » Et il s’arrête et ne répand plus de bouillie. Mais celui qui voulait rentrer en ville, il lui fallait manger son chemin.

Chapitre 6 Les Bottes en cuir de buffle

Un soldat qui n’a peur de rien se doit aussi de ne se tracasser de rien. Tel était le soldat de cette histoire, qui venait d’être démobilisé ; comme il ne savait rien et n’avait rien appris qui pût lui servir à gagner son pain, il s’en alla tout simplement et se mit à mendier. Il possédait un vieux manteau de drap contre les intempéries, et il était aussi chaussé de hautes bottes en cuir de buffle, qu’il avait pu garder. Un jour, il s’en alla, coupant à travers champs, sans s’occuper le moins du monde des chemins ou des routes, des carrefours ou des ponts, et il finit par se trouver dans une grande forêt sans trop savoir où il était. En cherchant à se repérer, il vit, assis sur une souche d’arbre, quelqu’un de bien vêtu qui portait le costume vert des chasseurs. Le soldat vint et lui serra la main, puis s’assit familièrement dans l’herbe à côté de lui, les jambes allongées.

– Je vois, dit-il au chasseur, que tu portes de fines bottes fameusement cirées ; mais si tu étais toujours par monts et par vaux comme moi, elles ne résisteraient pas longtemps, c’est moi qui te le dis ! Regarde un peu les miennes : c’est du buffle et cela tient le coup, même s’il y a longtemps qu’elles servent ! Au bout d’un moment, le soldat se remit debout.

– J’ai trop faim pour rester là plus longtemps, dit-il. Mais toi, mon vieux Bellesbottes, quelle est ta direction ?

– Je n’en sais trop rien, répondit le chasseur, je me suis égaré dans la forêt.

– Tu es dans le même cas que moi, alors, reprit le soldat. Qui se ressemble s’assemble, comme on dit. On ne va pas se quitter, mais chercher le bon chemin ensemble ! Le chasseur eut un léger sourire et ils cheminèrent de conserve jusqu’à la tombée de la nuit. On n’en sortira pas, de cette forêt ! s’exclama le soldat. Mais j’aperçois là-bas une lumière, on y trouvera de quoi manger sans doute. Allons-y ! Ils arrivèrent à une solide maison de pierre et frappèrent à la porte. Une vieille femme vint ouvrir.

– Nous cherchons un campement pour la nuit et quelque chose à nous mettre sous la dent, dit le soldat ; mon estomac est aussi vide qu’un vieux tambour.

– Ne restez pas là ! leur conseilla la vieille femme. C’est une maison de voleurs, un repaire de bandits, et ce que vous avez de mieux à faire, c’est de vous en aller avant leur retour. S’ils vous trouvent ici, vous êtes perdus ! – Oh ! les choses ne sont pas si terribles que cela, répondit le soldat. Cela fait deux jours que je n’ai rien mangé, pas une miette. Périr ici ou aller crever de faim dans la forêt, cela ne change rien pour moi. Je préfère entrer ! Le chasseur ne voulait pas le suivre, mais le soldat l’attrapa par la manche et le tira en lui disant : « Allez, viens, vieux frère, on n’est pas encore mort pour autant ! » Compatissante, la vieille femme leur dit.- « Allez vous cacher derrière le poêle, je vous ferai passer les restes, s’il y en a, quand ils seront endormis. » Ils venaient à peine de se glisser dans leur coin quand les bandits, au nombre de douze, firent irruption dans la maison et se précipitèrent à table en réclamant à corps et à cris leur souper. La table était déjà mise et la vieille leur apporta un rôti énorme, dont les bandits se régalèrent. Mais quand la délicieuse odeur du plat vint chatouiller les narines du soldat, il n’y put plus tenir. – J’y vais ! dit-il au chasseur. Je me mets à table avec eux et je mange ! Impossible d’attendre.

– Tu vas nous faire tuer ! dit le chasseur en le retenant par le bras.

Mais le soldat fit exprès de tousser bien fort et les bandits, en l’entendant lâchèrent couteaux et fourchettes pour se précipiter derrière le poêle, où ils les trouvèrent tous les deux. – Ha ha ! mes beaux messieurs, on se cache dans les coins ? et qu’est-ce que vous fichez ici ? on vous a envoyé espionner ? C’est bon, vous allez bientôt savoir comment on plane sous une bonne branche nue !

– Eh là ! un peu plus de manières, que diable ! s’exclama le soldat. Je crève de faim, alors donnez-moi d’abord à manger ! Après, vous ferez ce qu’il vous plaira. Les bandits en furent stupéfaits et le chef parla – Au moins, toi, tu n’as pas froid aux yeux ! C’est bon, on va te donner à manger d’abord et tu mourras après.

– On verra bien, fit le soldat avec insouciance, tout en allant se mettre à table pour travailler hardiment du couteau dans le rôti. Viens manger, mon vieux Bellesbottes ! lança-t-il à son compagnon. Tu dois être aussi affamé que moi. Le rôti est fameux, je t’assure ! Même chez toi, tu n’en mangerais pas de meilleur ! Mais le chasseur resta à l’écart et ne voulut pas manger, et le soldat y alla de bon appétit, observé avec stupéfaction par les bandits qui se disaient « Il ne manque pas de culot, celui-là ! »

– C’est joliment bon ! déclara le soldat quand il eut vidé son assiette. Maintenant, il faudrait aussi boire un bon coup, et la bonne bouteille se fait attendre ! Le chef se sentait d’assez bonne humeur pour lui faire encore ce plaisir et il cria à la vieille femme : « Monte-nous une bonne bouteille de la cave ! Mais du bon, hein, tu as compris ? » Ce fut le soldat lui-même qui déboucha la bouteille, en faisant péter le bouchon de façon retentissante, puis il passa, bouteille en main, près du chasseur, auquel il chuchota. « Prends garde, vieux frère, tu vas maintenant en voir de belles ! Regarde bien : je vais lever mon verre à la santé de toute la sacrée clique ! » Sur quoi il se retourna, leva son verre au-dessus de sa tête et déclama – « A votre bonne santé à tous, mais la gueule grande ouverte et le bras droit levé ! » Et il but une solide lampée. Il avait à peine dit ces mots que les bandits restaient tous figés comme des statues, la bouche ouverte et le bras droit dressé en l’air. Je suis sûr que tu as encore bien d’autres tours dans ton sac, lui dit le chasseur en voyant cela, mais c’est très bien. A présent, viens, allons-nous-en !

– Holà, mon vieux frère, ce serait une retraite prématurée ! répondit le soldat. L’ennemi est vaincu, il nous faut encore cueillir notre butin. Tu vois, ils sont tous figés solidement, et la stupéfaction leur tient la gueule ouverte ; mais ils ne peuvent pas bouger sans ma permission. Alors viens, mangeons et buvons tranquillement, puisque la table est servie. La vieille femme dut leur monter une autre bouteille de la cave, et le soldat ne consentit à se lever de table qu’après avoir mangé au moins pour trois jours. L’aube s’annonçait déjà. Voilà, dit-il, le moment est venu de lever le camp ; mais pour n’avoir pas à s’épuiser en marches et contremarches, on va se faire indiquer par la vieille le chemin le plus court pour aller à la ville. Une fois là-bas, le soldat s’en fut trouver ses anciens camarades et leur dit :

– J’ai découvert là-bas, dans la forêt, tout un terrier de gibier de potence. Vous allez venir avec moi, qu’on les cueille au gîte ! Puis il se tourna vers son ami le chasseur et lui dit – Tu viens aussi avec nous.- il faut que tu les voies battre des ailes, nos oiseaux, quand on les aura faits aux pattes ! Après avoir disposé ses hommes tout autour des bandits, le soldat prit la bouteille, but un bon coup, puis leva son verre en disant joyeusement. « A votre bonne santé à tous ! » Instantanément, les bandits retrouvèrent l’usage de leurs membres et purent bouger, mais les soldats eurent tôt fait de les jeter à terre et de leur lier pieds et mains avec de bonnes cordes. Ensuite, le soldat leur commanda de les jeter tous comme des sacs dans une charrette et leur dit : « Et maintenant, tout droit à la prison ! » Avant leur départ, toutefois, le chasseur prit un des hommes de l’escorte à part et lui fit encore une recommandation particulière.

– Mon vieux Bellesbottes, lui dit le soldat, nous avons pu heureusement prendre l’ennemi par surprise et bien nous nourrir sur son dos. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à nous reposer à l’arrière-garde et à suivre le train tout tranquillement. En approchant de la ville, le soldat s’aperçut qu’il y avait foule aux portes et que tout le monde poussait des cris de joie en agitant de verts rameaux ; il vit ensuite que toute la garde, en grand uniforme et en ordre de marche, s’avançait à leur rencontre.

– Qu’est-ce que cela veut dire ? s’étonna-t-il en se tournant vers le chasseur.

– Tu ne sais donc pas que le roi, longtemps absent de son royaume, y fait retour aujourd’hui ? lui répondit-il. Et ils sont tous venus pour l’accueillir.

– Mais le roi, où est-il ? Je ne le vois pas, dit le soldat. – Ici, répondit le chasseur. Je suis le roi et j’ai fait annoncer mon retour. Il ouvrit alors sa veste verte de chasseur pour que tout le monde pût voir son vêtement royal, qu’elle cachait. Pour le coup, le soldat sursauta, tomba à genoux et le supplia de lui pardonner de s’être conduit comme il l’avait fait, dans son ignorance, en le traitant d’égal à égal, et en l’affublant de tous ces surnoms irrespectueux. Le roi lui tendit la main en lui disant :

– Tu es un brave soldat et tu m’as sauvé la vie. Jamais plus tu ne seras dans la misère, je vais m’en occuper. Et s’il te prend parfois envie de déguster une tranche de rôti aussi appréciable que celui du repaire des bandits, tu n’auras tout simplement qu’à venir aux cuisines du palais. Mais avant de lever ton verre à la santé de qui que ce soit, il faudra tout de même que tu viennes me demander d’abord la permission !

Chapitre 7 Bout de paille, braise et haricot

Dans un petit village vivait une pauvre vieille femme, qui s’était ramassé un plat de haricots et voulait les faire cuire. Elle dressa son feu dans la cheminée et l’alluma avec une bonne poignée de paille pour qu’il brûle plus vite. Quand elle mit ses haricots dans la marmite, il y en eut un qui lui échappa par mégarde, et qui vint choir sur le sol juste à côté d’un brin de paille ; l’instant d’après, c’était un bout de braise qui sautait du foyer et qui venait tomber auprès des autres. Le bout de paille entama la conversation :

– Chers amis, d’où arrivez-vous comme cela ?

– La chance m’a permis de sauter hors du feu, répondit la braise et sans la force de cet élan, c’était pour moi la mort certaine : je serais maintenant réduite en cendres.

– Je l’ai échappé belle aussi, répondit le haricot à son tour, car si la vieille femme m’avait jeté dans la marmite, irrémissiblement c’en était fait de moi et j’étais cuit avec les autres.

– Croyez-vous peut-être que le j’aurais eu un destin plus clément ? reprit le bout de paille. Tous mes frères, la vieille les a fait passer en feu et en fumée : soixante d’un coup, qu’elle avait pris, auquel elle a ôté la vie ! Moi, par bonheur, je lui ai filé entre les doigts.

– Et maintenant, qu’est-ce que nous allons faire ? demanda la braise.

– A mon avis, dit le haricot, puisque nous avons tous les trois sites miraculeusement échappé à la mort, nous devrions nous unir en bons camarades et partir tous d’ici pour gagner un autre pays, afin d’éviter quelque nouveau malheur.

Are sens