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– Oh ! mère, dit le père, dehors il y a un splendide oiseau qui chante merveilleusement, le soleil brille et chauffe magnifiquement, on respire un parfum qui ressemble à de la cannelle.

Ma sœurette Marlène

A pris bien de la peine.

La petite Marlène cache sa tête dans ses genoux et pleure de plus en plus.

– Je sors, dit le père, il faut que je voie cet oiseau de tout près.

– Oh non, n’y va pas ! proteste la mère. Il me semble que toute la maison tremble sur sa base et qu’elle s’effondre dans les flammes !

L’homme alla dehors néanmoins et regarda l’oiseau.

Pour recueillir mes os jetés

Dessous la table, et les nouer

Dans son foulard de soie

Qu’elle a porté sous le genévrier.

Kywitt, kywitt, bel oiseau que je suis !

Aux dernières notes, l’oiseau laissa tomber adroitement la chaîne d’or qui vint juste se mettre autour du cou de l’homme, exactement comme un collier qui lui allait très bien.

– Regardez ! dit l’homme en rentrant, voilà le cadeau que le bel oiseau m’a fait : cette magnifique chaîne d’or. Et voyez comme il est beau !

Mais la femme, dans son angoisse, s’écroula de tout son long dans la pièce et son bonnet lui tomba de la tête. L’oiseau, de nouveau, chantait :

Ma mère m’a tué.

– Ah ! s’écria la femme, si je pouvais être à mille pieds sous terre pour ne pas entendre cela !

Mon père m’a mangé.

La femme retomba sur le dos, blanche comme une morte.

Ma sœurette Marlène

chantait l’oiseau, et la petite Marlène s’exclama :

– Je vais sortir aussi et voir quel cadeau l’oiseau me fera !

Elle se leva et sortit.

A pris bien de la peine

Pour recueillir mes os jetés

Dessous la table, et les nouer

Dans son foulard de soie.

Avec ces mots, l’oiseau lui lança les souliers.

Qu’elle a porté sous le genévrier.

Kywitt, kywitt, bel oiseau que je suis !

La petite Marlène sentit que tout devenait lumineux et gai pour elle ; elle enfila les souliers rouges et neufs et se mit à danser et à sauter, tellement elle s’y trouvait bien, rentrant toute heureuse dans la maison.

– Oh ! dit-elle, moi qui me sentais si triste quand je suis venue dehors, et à présent tout est si clair ! C’est vraiment un merveilleux oiseau que celui-là, et il m’a fait cadeau de souliers rouges !

– Que non ! que non ! dit la femme en revenant à elle et en se relevant, et ses cheveux se dressaient sur sa tête comme des langues de feu. Pour moi, c’est comme si le monde entier s’anéantissait : il faut que je sorte aussi, peut-être que je me sentirai moins mal dehors !

Mais aussitôt qu’elle eut franchi la porte, badaboum ! l’oiseau laissa tomber la meule sur sa tête et la lui mit en bouillie. Le père et petite Marlène entendirent le fracas et sortirent pour voir. Mais que virent-ils ? De cet endroit s’élevait une vapeur qui s’enflamma et brûla en montant comme un jet de flammes, et quand ce fut parti, le petit frère était là, qui les prit tous les deux par la main. Et tous trois, pleins de joie, rentrèrent dans la maison, se mirent à table et mangèrent.

Chapitre 13 Les Créatures de Dieu et les bêtes du Diable

Le Seigneur Dieu avait créé tous les animaux et avait fait du loup son chien de garde. Seulement, voilà : Il avait oublié la chèvre. Alors le Diable se mit à l’œuvre pour créer, lui aussi, et il créa des chèvres avec de longues et fines queues. Mais quand elles étaient au pâturage, elles restaient le plus souvent accrochées aux buissons par leurs queues, et il fallait que le Diable y vînt et travaillât péniblement pour les désempêtrer. Il finit par en avoir assez et, dans sa colère, toc et toc, il leur coupa leurs queues d’un coup de dents, ne leur laissant que le petit moignon qu’on leur voit encore aujourd’hui. Et désormais, il les laissa pacager seules ; mais il se trouva que le Seigneur Dieu les vit faire et constata queues écorçaient ici les jeunes arbres fruitiers, gâtaient là les nobles ceps, broutaient ailleurs les tendres pousses, bref, qu’elles saccageaient et détruisaient tout. Le Seigneur s’en désola et dans Sa grâce et Sa bonté y envoya ses loups, qui dévorèrent et déchiquetèrent en un rien de temps les chèvres qui se trouvaient là. Lorsque le Diable s’aperçut de la chose, il vint devant le Seigneur et protesta :

– Tes créatures ont déchiré les miennes ! – Pourquoi les as-tu créées pour la destruction ? dit le Seigneur.

– J’y étais bien forcé, dit le Diable, puisque toutes mes pensées ne vont qu’au dommage et à la destruction, ce que je crée ne peut pas non plus revêtir une autre nature. Il faut que tu me payes réparation !

– Je te paierai dès que les chênes auront perdu leurs feuilles, dit le Seigneur. Reviens alors, et tu seras réglé : le prix t’est déjà compté. Dès que le feuillage des chênes eut disparu, le Diable revint et réclama son dû. Mais le Seigneur lui répondit :

– Dans l’église de Constantinople, il y a un grand chêne qui porte encore toutes ses feuilles. Pestant et tempêtant, jurant et maudissant, le Diable s’en alla à la recherche du chêne et erra pendant six mois dans les déserts avant de le trouver. Et lorsqu’il revint, les autres chênes avaient déjà tous reverdi. Il se trouva donc dans l’obligation de renoncer à son dû. Alors, dans sa rage furieuse, il creva les yeux de toutes les chèvres qui restaient et leur donna les siens à sa place. Voilà pourquoi toutes nos chèvres ont les yeux du diable et la queue coupée court ; et c’est pour cela aussi que le Diable aime bien prendre leur apparence.

Chapitre 14 Dame Trude, la sorcière

Il était une fois une petite fille extrêmement têtue et imprudente qui n’écoutait pas ses parents et qui n’obéissait pas quand ils lui avaient dit quelque chose. Pensez-vous que cela pouvait bien tourner ?

Un jour, la fillette dit à ses parents :

– J’ai tellement entendu parler de Dame Trude que je veux une fois aller chez elle : il paraît que c’est fantastique et qu’il y a tant de choses étranges dans sa maison, alors la curiosité me démange.

Les parents le lui défendirent rigoureusement et lui dirent :

– Écoute : Dame Trude est une mauvaise femme qui pratique toutes sortes de choses méchantes et impies ; si tu y vas, tu ne seras plus notre enfant !

La fillette se moqua de la défense de ses parents et alla quand même là-bas. Quand elle arriva chez Dame Trude, la vieille lui demanda :

– Pourquoi es-tu si pâle ?

– Oh ! dit-elle en tremblant de tout son corps, c’est que j’ai eu si peur de ce que j’ai vu.

– Et qu’est-ce que tu as vu ? demanda la vieille.

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