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– Prononce trois vœux, ils seront exaucés.

– Je désire être belle et pure comme le soleil, dit la jeune fille.

Et immédiatement, elle devint blanche et belle comme une journée de soleil.

– Ensuite, je voudrais une bourse pleine d’écus qui ne désemplirait jamais.

Dieu la lui donna mais il ajouta :

– N’oublie pas le meilleur.

La jeune fille dit alors :

– Mon troisième vœu est la joie éternelle après ma mort.

Dieu l’en assura et se sépara d’elle.

La mère et sa fille rentrèrent à la maison et constatèrent qu’elles étaient toutes les deux laides et noires comme le charbon, tandis que la belle-fille était belle et immaculée. Une plus grande cruauté s’empara alors de leurs cœurs et elles n’eurent plus qu’une idée en tête : lui faire du mal. Or, l’orpheline avait un frère qui s’appelait Régis. Elle l’aimait par-dessus tout. Un jour, Régis lui dit :

– Ma petite sœur, j’ai envie de dessiner ton portrait pour t’avoir toujours à mes côtés. je t’aime tant que je voudrais pouvoir te contempler à tout instant.

– Ne montre surtout jamais mon portrait à personne, exigea sa sœur.

Le frère accrocha le tableau, très fidèle à l’original, dans la pièce qu’il habitait au château, car il était le cocher du roi. Tous les jours il regardait le portrait et remerciait Dieu du bonheur qu’il avait donné à sa sœur.

Le roi que Régis servait venait de perdre son épouse.

Les serviteurs à la cour avaient remarqué que le cocher s’arrêtait tous les jours devant le magnifique tableau et, jaloux et envieux, ils le rapportèrent au roi. Ce dernier ordonna alors qu’on lui apporte le tableau et, dès qu’il le vit, il put constater que la jeune fille du portrait ressemblait incroyablement à son épouse défunte, et qu’elle était même encore plus gracieuse ; il en tomba amoureux. Il fit appeler le cocher et lui demanda qui était la personne sur le tableau.

– C’est ma sœur, répondit Régis.

– C’est elle, la seule et unique que je veux épouser, décida le roi. Il donna au cocher une superbe robe brodée d’or, un cheval et un carrosse, et il lui demanda de lui ramener l’heureuse élue de son cœur.

Lorsque Régis arriva avec le carrosse, sa sœur écouta avec joie le message du roi. Mais sa belle-mère et sa belle-sœur furent terriblement jalouses du bonheur de l’orpheline et, de dépit, faillirent devenir encore plus noires.

– À quoi sert toute votre magie, reprocha la fille à sa mère, puisque vous êtes incapable de me procurer un tel bonheur !

– Attends un peu, la rassura sa mère, je tournerai ce bonheur en ta faveur.

Et elle se eut recours à la magie : elle voila les yeux du cocher de manière qu’il ne vît plus qu’à moitié ; quant à la mariée blanche, elle la rendit à moitié sourde. Tous ensemble montèrent ensuite dans le carrosse : d’abord la mariée dans sa belle robe royale, et derrière elle sa belle-mère et sa belle-sœur ; Régis monta sur le siège de cocher et ils se mirent en route.

Peu de temps après Régis appela :

– Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure : Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté !

– Que dit-il, mon petit frère ? demanda la mariée.

– Il dit seulement que tu dois enlever ta robe dorée et la donner à ta sœur, répondit la marâtre.

La jeune fille ôta la robe, sa sœur noire se glissa à l’intérieur, et donna à la mariée sa chemise grise en toile grossière.

Ils poursuivirent leur route, puis le cocher appela à nouveau :

Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure ; empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté !

– Qu’est-ce qu’il dit, mon petit frère ? demanda la jeune fille.

– Il dit seulement que tu dois ôter ton chapeau doré de ta tête et le donner à ta sœur.

La jeune fille ôta son chapeau doré, en coiffa la tête de sa sœur et poursuivit le voyage tête nue. Peu de temps après, Régis appela de nouveau :

Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure ; empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté !

– Que dit-il, mon petit frère ? demanda la mariée pour la troisième fois.

– Il dit seulement que tu dois regarder un peu le paysage.

Ils étaient justement en train de passer sur un pont franchissant des eaux profondes. Et dès que la mariée se leva et se pencha par la fenêtre du carrosse, sa belle-mère et sa belle-fille la poussèrent si fort qu’elle tomba dans la rivière. L’eau se referma sur elle ; à cet instant apparut à la surface d’eau une petite cane d’une blancheur immaculée qui flottait en suivant le courant.

Le frère sur le siège du cocher n’avait rien remarqué ; il continuait à foncer avec le carrosse jusqu’à la cour du roi. Son regard était voilé, mais percevant l’éclat de la robe dorée il était de bonne foi lorsqu’il conduisit devant le roi la fille noire à la place de sa sœur. Lorsque le roi vit la prétendue mariée et son inénarrable laideur, il devint fou furieux et ordonna de jeter le cocher dans une fosse pleine de serpents.

Pendant ce temps, la vieille sorcière réussit à ensorceler le roi et à l’aveugler à tel point qu’il ne les chassa pas, ni elle, ni sa fille ; et mieux encore : elle l’envoûta si bien que le roi finit par trouver la mariée noire plutôt acceptable et il l’épousa.

Un soir, tandis que l’épouse noire était assise sur les genoux du roi, arriva dans les cuisines du château, par le conduit de l’évier une petite cane blanche qui parla ainsi au jeune marmiton :

Allume le feu, jeune apprenti,

Un court instant, sans doute, suffit

Are sens

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