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– Oui, fut donc sa réponse. Je viendrai bien à bout des géants et je n’ai pas besoin de cent cavaliers. Celui qui en tue sept d’un coup n’a rien à craindre quand il n’y en a que deux.

Le petit tailleur prit la route et les cent cavaliers le suivaient. Quand il arriva à l’orée de la forêt, il dit à ses compagnons :

– Restez ici, je viendrai bien tout seul à bout des géants.

Il s’enfonça dans la forêt en regardant à droite et à gauche. Au bout d’un moment, il aperçut les deux géants. Ils étaient couchés sous un arbre et dormaient en ronflant si fort que les branches en bougeaient. Pas paresseux, le petit tailleur remplit ses poches de cailloux et grimpa dans l’arbre. Quand il fut à mi-hauteur, il se glissa le long d’une branche jusqu’à se trouver exactement au-dessus des dormeurs et fit tomber sur la poitrine de l’un des géants une pierre après l’autre. Longtemps, le géant ne sentit rien. Finalement, il se réveilla, secoua son compagnon et lui dit :

– Pourquoi me frappes-tu ?

– Tu rêves, répondit l’autre. Je ne te frappe pas.

Ils se remirent à dormir. Alors le petit tailleur jeta un caillou sur le second des géants.

– Qu’est-ce que c’est ? cria-t-il. Pourquoi me frappes-tu ?

– Je ne te frappe pas, répondit le premier en grognant.

Ils se querellèrent un instant mais, comme ils étaient fatigués, ils cessèrent et se rendormirent. Le petit tailleur recommença son jeu, choisit une grosse pierre et la lança avec force sur la poitrine du premier géant.

– C’est trop fort ! s’écria celui-ci.

Il bondit comme un fou et jeta son compagnon contre l’arbre, si fort que celui-ci en fut ébranlé. Le second lui rendit la monnaie de sa pièce et ils entrèrent dans une telle colère qu’ils arrachaient des arbres pour s’en frapper l’un l’autre. À la fin, ils tombèrent tous deux morts sur le sol. Le petit tailleur regagna alors la terre ferme. « Une chance qu’ils n’aient pas arraché l’arbre sur lequel j’étais perché. Il aurait fallu que je saute sur un autre comme un écureuil. Heureusement que l’on est agile, nous autres ! » Il tira son épée et en donna quelques bons coups à chacun dans la poitrine puis il rejoignit les cavaliers et leur dit :-

Le travail est fait, je leur ai donné le coup de grâce à tous les deux. Ça a été dur. Ils avaient dû arracher des arbres pour se défendre. Mais ça ne sert à rien quand on a affaire à quelqu’un qui en tue sept, comme moi, d’un seul coup.

– N’êtes-vous pas blessé ? demandèrent les cavaliers.

– Ils ne m’ont même pas défrisé un cheveu, répondit le tailleur. Les cavaliers ne voulurent pas le croire sur parole et ils entrèrent dans le bois. Ils y trouvèrent les géants nageant dans leur sang et, tout autour, il y avait des arbres arrachés.

Le petit tailleur réclama le salaire promis par le roi. Mais celui-ci se déroba et chercha comment il pourrait se débarrasser du héros.

– Avant que tu n’obtiennes ma fille et la moitié du royaume, lui dit-il, il faut encore que tu accomplisses un exploit. Dans la forêt il y a une licorne qui cause de gros ravages. Il faut que tu l’attrapes.

– J’ai encore moins peur d’une licorne que de deux géants. Sept d’un coup, voilà ma devise, répondit le petit tailleur.

Il prit une corde et une hache, partit dans la forêt et ordonna une fois de plus à ceux qu’on avait mis sous ses ordres de rester à la lisière. Il n’eut pas à attendre longtemps. La licorne arriva bientôt, fonça sur lui comme si elle avait voulu l’embrocher sans plus attendre.

– Tout doux ! tout doux ! dit-il. Ça n’ira pas si vite que ça.

Il attendit que l’animal soit tout proche. Alors, il bondit brusquement derrière un arbre. La licorne courut à toute vitesse contre l’arbre et enfonça sa corne si profondément dans le tronc qu’elle fut incapable de l’en retirer. Elle était prise !

– Je tiens le petit oiseau, dit le tailleur.

Il sortit de derrière l’arbre, passa la corde au cou de la licorne, dégagea la corne du tronc à coups de hache et, quand tout fut fait, emmena la bête au roi.

Le roi ne voulut pas lui payer le salaire promis et posa une troisième condition. Avant le mariage, le tailleur devait capturer un sanglier qui causait de grands ravages dans la forêt. Les chasseurs l’aideraient.

– Volontiers, dit le tailleur, c’est un jeu d’enfant.

Il n’emmena pas les chasseurs avec lui, ce dont ils furent bien contents car le sanglier les avait maintes fois reçus de telle façon qu’ils n’avaient aucune envie de l’affronter.

Lorsque le sanglier vit le tailleur, il marcha sur lui l’écume aux lèvres, les défenses menaçantes, et voulut le jeter à terre. Mais l’agile héros bondit dans une chapelle qui se trouvait dans le voisinage et d’un saut en ressortit aussitôt par une fenêtre. Le sanglier l’avait suivi. Le tailleur revint derrière lui et poussa la porte. La bête furieuse était captive. Il lui était bien trop difficile et incommode de sauter par une fenêtre. Le petit tailleur appela les chasseurs. Ils virent le prisonnier de leurs propres yeux. Le héros cependant se rendit chez le roi qui dut tenir sa promesse, bon gré mal gré ! Il lui donna sa fille et la moitié de son royaume. S’il avait su qu’il avait devant lui, non un foudre de guerre, mais un petit tailleur, l’affaire lui serait restée encore bien plus sur le cœur. La noce se déroula donc avec grand éclat, mais avec peu de joie, et le tailleur devint roi. Au bout de quelque temps, la jeune reine entendit une nuit son mari qui rêvait.

– Garçon, disait-il, fais-moi un pourpoint et raccommode mon pantalon, sinon je te casserai l’aune sur les oreilles !

Elle comprit alors dans quelle ruelle était né le jeune roi et au matin, elle dit son chagrin à son père et lui demanda de la protéger contre cet homme qui n’était rien d’autre qu’un tailleur. Le roi la consola et lui dit :

– La nuit prochaine, laisse ouverte ta chambre à coucher. Quand il sera endormi, mes serviteurs qui se trouveront dehors entreront, le ligoteront et le porteront sur un bateau qui l’emmènera dans le vaste monde.

Cela plut à la fille. Mais l’écuyer du roi, qui avait tout entendu, était dévoué au jeune seigneur et il alla lui conter toute l’affaire.

– Je vais leur couper l’herbe sous les pieds, dit le petit tailleur.

Le soir, il se coucha avec sa femme à l’heure habituelle. Quand elle le crut endormi, elle se leva, ouvrit la porte et se recoucha. Le petit tailleur, qui faisait semblant de dormir, se mit à crier très fort :

– Garçon, fais-moi un pourpoint et raccommode mon pantalon, sinon je te casse l’aune sur les oreilles, j’en ai abattu sept d’un coup, j’ai tué deux géants, capturé une licorne et pris un sanglier et je devrais avoir peur de ceux qui se trouvent dehors, devant la chambre ?

Lorsque ceux-ci entendirent ces paroles, ils furent saisis d’une grande peur. Ils s’enfuirent comme s’ils avaient eu le diable aux trousses et personne ne voulut plus se mesurer à lui. Et c’est ainsi que le petit tailleur resta roi, le reste de sa vie durant.

Chapitre 39 La Vieille dans la forêt

Il était une fois une pauvre servante qui voyageait avec ses maîtres, et comme ils traversaient une grande forêt, leur voiture fut attaquée par des bandits qui surgirent des fourrés et qui tuèrent tout ce qui se présentait. il n’y eut pas un survivant, hormis la jeune servante qui s’était jetée de la voiture dans sa peur, et qui s’était cachée derrière un arbre. Lorsque les bandits se furent éloignés avec leur butin, timidement elle approcha, et ne put que constater le malheur sans remède. « Pauvre de moi, gémit-elle, que vais-je devenir ? Jamais je ne serai capable de sortir de cette immense forêt où ne demeure âme qui vive, et je vais y mourir de faim ! » En larmes, elle se mit à errer à la recherche de quelque chemin, mais ne put en trouver aucun. De plus en plus malheureuse, quand le soir arriva, elle se laissa tomber au pied d’un arbre, se recommanda à la grâce de Dieu et décida de ne plus bouger de là, quoi qu’il pût arriver. Il n’y avait pas bien longtemps qu’elle y était, et l’obscurité n’était pas encore venue quand elle vit arriver une blanche colombe qui volait vers elle, tenant une petite clef d’or dans son bec. La colombe lui posa la petite clef dans la main et lui dit :

– Tu vois ce grand arbre là-bas ? il y a dans son tronc une petite serrure ; si tu l’ouvres avec cette petite clef, tu trouveras de la nourriture en suffisance pour ne plus souffrir de la faim. Elle alla jusqu’à l’arbre, ouvrit sa serrure et trouva à l’intérieur du lait dans une petite jatte et du pain blanc pour tremper dans le lait ; ainsi put-elle manger son content. Sa faim passée, elle songea. « Voici l’heure où les poules rentrent se coucher, et je me sens si fatiguée, si fatiguée… Comme je voudrais pouvoir me mettre dans mon lit ! » Elle vit alors la colombe blanche revenir vers elle, tenant une autre petite clef d’or dans son bec.

– Ouvre l’arbre que tu vois là-bas, dit la colombe en lui donnant la petite clef d’or. Tu y trouveras un lit. Elle ouvrit l’arbre et y trouva un beau lit bien doux ; elle demanda dans sa prière au bon Dieu de la garder pendant la nuit, se coucha et s’endormit aussitôt. Au matin, la colombe revint pour la troisième fois lui apporter une petite clef. Si tu ouvres cet arbre là-bas, tu y trouveras des robes, dit la colombe. Et quand elle l’eut ouvert, elle trouva dedans des robes brodées d’or et de pierres précieuses, des vêtements d’une telle magnificence que même les princesses n’en possèdent pas d’aussi beaux. Alors elle vécut là pendant un temps, et la colombe revenait tous les jours et s’occupait de tout ce dont elle pouvait avoir besoin, ne lui laissant aucun souci ; et c’était une existence calme, silencieuse et bonne. Puis un jour, la colombe vint et lui demanda :

– Voudrais-tu me rendre un service ?- De tout cœur ! répondit la jeune fille

– Je vais te conduire à une petite maison, dit alors la colombe ; tu entreras et il y aura là, devant la cheminée, une vieille femme qui te dira bonjour ; mais tu ne dois à aucun prix lui répondre un seul mot. Pas un mot, quoi qu’elle dise ou fasse ; et tu iras sur ta droite où tu verras une porte, que tu ouvriras pour entrer dans une petite chambre, où il y a un tas de bagues de toutes sortes sur une table : une énorme quantité de bagues parmi lesquelles tu en verras de très précieuses, de merveilleux bijoux montés de pierres fines, de brillants extraordinaires, de pierres les plus rares et les plus éclatantes ; mais tu les laisseras de côté et tu en chercheras une toute simple, un anneau ordinaire qui doit se trouver dans le tas, Alors tu me l’apporteras, en faisant aussi vite qu’il te sera possible. La jeune fille arriva devant la petite maison, poussa la porte et entra ; il y avait une vieille femme assise, qui ouvrit de grands yeux en la voyant et qui lui dit : « Bonjour, mon enfant ! » Sans lui répondre, la jeune fille alla droit à la petite porte. « Où vas-tu ? » lui cria la vieille femme en essayant de la retenir par le pan de sa robe. « Tu es chez moi ici ! C’est ma maison, et nul n’y doit entrer sans mon consentement. Tu m’entends ? » Toujours sans souffler mot, la jeune fille se dégagea d’un coup de reins et pénétra dans la petite chambre. -Mon Dieu ! quelle fantastique quantité de bagues s’entassait donc sur l’unique table, jetant mille feux, étalant mille splendeurs sous ses yeux ! Mais elle les dédaigna et se mit à fouiller pour chercher l’anneau tout simple, tournant et retournant tout le tas sans le trouver. Elle le cherchait toujours quand elle vit, du coin de I’œil, la vieille femme se glisser vers la porte en tenant dans ses mains une cage d’oiseau qu’elle voulait emporter dehors. D’un bond, elle fut sur elle et lui enleva des mains cette cage, dans laquelle elle vit qu’il y avait un oiseau ; et cet oiseau avait la bague dans son bec ! Elle s’empara de l’anneau qu’elle emporta, tout heureuse, en courant hors de la maison, s’attendant à voir la colombe arriver pour le recevoir. Mais la colombe n’était pas là et ne vint point. Alors elle se laissa tomber au pied d’un arbre, un peu déçue, mais décidée en tout cas à l’attendre ; et alors il lui sembla que l’arbre se penchait sur elle et la serrait tendrement dans ses branches. L’étreinte se fit insistante et elle se rendit compte, soudain, que c’étaient bien deux bras qui la serraient ; elle tourna un peu la tête et s’aperçut que l’arbre n’était plus un arbre, mais un bel homme qui l’enlaçait avec amour et l’embrassait de tout son cœur avant de lui dire avec émotion. :

– Tu m’as délivré du pouvoir de la vieille, qui est une méchante sorcière. C’est elle qui m’avait changé en arbre, et pendant quelques heures, chaque jour, j’étais une colombe blanche ; mais tant qu’elle gardait l’anneau en sa possession, je ne pouvais pas reprendre ma forme humaine. Le sort avait également frappé les serviteurs et les chevaux du jeune seigneur, qui furent délivrés en même temps que lui, après avoir été, tout comme lui, changés en arbre à ses côtés. Ils reprirent leur voyage avec la jeune fille et chevauchèrent jusque dans leur royaume, car le jeune seigneur était le fils d’un roi. Alors, ils se marièrent et ils vécurent heureux.

Chapitre 40 La Vieille mendiante

Il était une fois une vieille femme comme tu en as certainement vu déjà. une vieille femme qui mendiait. Celle-là mendiait donc, et à chaque fois qu’on lui donnait quelque chose, elle disait : « Dieu vous le rende ! » Mais elle vint un jour sur le seuil d’un gai luron qui se réchauffait au coin du feu et qui lui dit gentiment, en la voyant trembler à la porte : « Mais entrez donc, grand-mère, et réchauffez-vous ! » La pauvre vieille s’avança et s’approcha si près du feu que ses loques s’enflammèrent et commencèrent à brûler, sans qu’elle s’en aperçût. Le jeune et gai luron s’en aperçut fort bien, lui qui se trouvait là, au coin du feu. Il aurait dû éteindre. N’est-ce pas qu’il aurait dû éteindre ? Et s’il n’avait pas d’eau sous la main, il pouvait pleurer toutes les larmes de son cœur et éteindre le feu avec les deux rigoles ruisselant de ses yeux.

Chapitre 41 Le Renard et le cheval

Un paysan avait un vieux cheval fidèle, mais si vieux qu’il n’était plus bon à rien ; alors son maître, qui ne voulait plus nourrir cette bouche inutile, lui parla comme ceci :

– Il est clair que je ne peux plus me servir de toi, et bien que j’aie pour toi les meilleurs sentiments, je ne pourrai te garder et continuer à te nourrir que si tu te montres assez fort pour m’amener un lion ici. Fn attendant, tu vas sortir immédiatement de l’écurie ! Le pauvre cheval s’en alla tristement à travers les prés, se dirigeant vers la forêt, où il pourrait au moins trouver un abri contre le mauvais temps. Sur son chemin, il rencontra le renard qui lui demanda pourquoi il avait ainsi la tête basse, le pas lent et l’air si abandonné.

– Hélas ! dit le cheval, lésine et loyauté ne sauraient partager le même toit ! Mon maître a vite oublié les nombreuses années pendant lesquelles j’ai trimé pour lui, et parce que je ne puis plus guère labourer, maintenant que j’ai vieilli, il me chasse et ne veut plus me nourrir.

– Comme cela, sans la moindre consolation ? s’informa le renard.

– Piètre consolation que la sienne ! Il m’a dit que si je me montrais assez fort pour lui amener un lion, il me garderait ; mais il sait fort bien que j’en suis incapable.

Are sens