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Le garçon rentra à la maison avec l’âne et toute sa richesse et ses frères en furent époustouflés. Le deuxième décida :

– J’irai, moi aussi, dans le monde ! On verra si j’ai autant de chance.

Il marcha et marcha, et rien n’indiquait qu’il aurait autant de réussite avec sa faux ; partout il rencontrait des paysans avec une faux sur l’épaule. Un jour, enfin, le destin le dirigea sur une île dont les habitants n’avaient jamais vu de faux de leur vie. Lorsque le seigle était mûr, les villageois amenaient des canons sur les champs et tiraient sur le blé. C’était, tout compte fait, pur hasard : un coup ils tiraient trop haut, un coup ils touchaient les épis à la place des tiges, et beaucoup de graines étaient ainsi perdues sans parler du fracas pendant la moisson. Insoutenable !

Le garçon s’en alla dans le champ et commença à faucher. Il fauchait sans faire de bruit et si vite que les gens le regardaient bouche bée, retenant leur souffle. Ils s’empressèrent de lui donner ce qu’il voulait en échange de la faux et lui amenèrent un cheval avec un chargement d’or aussi lourd qu’il pouvait porter.

Le troisième frère décida de tenter sa chance avec son chat. Tant qu’il restait sur la terre ferme, il n’avait pas plus de succès que ses frères ; il ne trouvait pas son bonheur. Mais un jour il arriva en bateau sur une île, et la chance lui sourit enfin. Les habitants n’avaient jamais vu de chat auparavant, alors que les souris sur l’île ne manquaient pas. Elles dansaient sur les tables et les bancs, régnant en maîtres partout, en dehors comme au-dedans. Les habitants de l’île s’en plaignaient énormément, le roi lui-même était impuissant devant ce fléau.

Quelle aubaine pour le chat ! Il se mit à chasser les souris et bientôt il en débarrassa plusieurs salles du palais. Les sujets de tout le royaume prièrent le roi d’acheter cet animal extraordinaire et le roi donna volontiers au garçon ce qu’il en demandait : un mulet chargé d’or. C’est ainsi que le plus jeune des trois frères rentra à la maison très riche et devint un homme très opulent.

Et dans le palais royal, le chat s’en donnait à cœur joie. Il se régala d’un nombre incalculable de souris. Il chassa tant et si bien qu’il finit par avoir chaud et soif. Il s’arrêta, renversa la tête en arrière et miaula :

– Miaou, miaou !

Quand le roi et ses sujets entendirent ce cri étrange, ils prirent peur, et les yeux exorbités, ils s’enfuirent du palais. Dehors, le roi appela ses conseillers pour décider de la marche à suivre. Que faire de ce chat ? Finalement, ils envoyèrent un messager pour qu’il lui propose un marché : soit il quittait le palais de lui-même, soit on l’expulsait de force.

L’un des pages partit avec le message et demanda au chat de quitter le palais de son plein gré. Mais le chat, terriblement assoiffé, miaula de plus belle :

– Miaou, miaou, miaou-miaou-miaou !

Le page comprit : Non, non, pas question ! et alla transmettre la réponse au roi.

– Eh bien, décidèrent les conseillers, nous le chasserons par la force.

On fit venir un canon devant le palais, et les soldats le tirèrent jusqu’à ce qu’il s’enflammât. Lorsque le feu se propagea jusqu’à la salle où le chat était assis, le vaillant chasseur sauta par la fenêtre et se sauva. Mais l’armée continua son siège tant que le palais ne fut pas entièrement rasé.

Chapitre 35 Les Trois fileuses

Il était une fois une fille paresseuse qui ne voulait pas filer le lin. Un jour, sa mère se mit si fort en colère qu’elle la battit et la fille pleura avec de gros sanglots. Justement la reine passait par là. Elle fit arrêter son carrosse, entra dans la maison et demanda à la mère pourquoi elle battait ainsi sa fille. La femme eut honte pour sa fille et dit :

– Je ne peux pas lui ôter son fuseau et elle accapare tout le lin. La reine lui répondit :

– Donnez-moi votre fille, je l’emmènerai au château ; elle filera autant qu’elle voudra.

Elle la conduisit dans trois chambres qui étaient pleines de lin magnifique.

– Maintenant file cela, dit-elle, et quand tu en auras terminé, tu épouseras mon fils aîné.

La jeune fille eut peur : elle ne savait pas filer le lin. Et lorsqu’elle fut seule, elle se mit à pleurer et resta là trois jours durant à se tourner les pouces. Le troisième jour, la reine vint la voir. La jeune fille prit pour excuse sa tristesse qui l’avait empêchée de commencer. La reine la crut, mais lui dit :

– Demain il faut que tu te mettes à travailler !

Lorsque la jeune fille fut seule, elle ne sut de nouveau plus ce qu’elle allait faire et, toute désolée, elle se mit à la fenêtre. Elle vit trois femmes qui s’approchaient. La première avait un pied difforme, la deuxième une lèvre inférieure qui lui couvrait le menton et la troisième un pouce extraordinairement large. Elle restèrent plantées sous la fenêtre, regardèrent en l’air et demandèrent à la jeune fille ce qui lui manquait. Elle leur expliqua ce qu’elle voulait. Les trois dirent alors : – Si tu nous invites au mariage, si tu n’as pas honte de nous, si tu nous dis tantes et si tu nous faire prendre place à ta table, alors, très vite, nous filerons le lin.

– De tout cœur, bien volontiers, dit-elle. Venez ici et mettez-vous tout de suite au travail.

Elle fit entrer les trois femmes étranges et leur installa un coin dans la première chambre, où elles se mirent à filer. L’une tirait le fil et faisait tourner le rouet, la deuxième mouillait le fil, la troisième frappait sur la table avec son doigt et une mesure de lin tombait par terre à chaque coup de pouce.

La jeune fille cacha les trois fileuses à la reine et, chaque fois qu’elle venait, elle lui montrait l’énorme quantité de lin déjà traitée. La reine ne tarissait pas d’éloges. Lorsque la première chambre fut débarrassée, ce fut au tour de la deuxième et, finalement, de la troisième. Alors, les trois femmes prirent congé de la jeune fille en lui disant :

– N’oublie pas ce que tu nous a promis, ce sera pour ton bonheur !

Lorsque la Jeune fille montra à la reine les trois chambres vides et le lin filé, celle-ci prépara les noces et le fiancé se réjouit de prendre pour épouse une femme aussi adroite et il la loua fort.

– J’ai trois tantes, dit-elle, et comme elles ont été très bonnes pour moi, je voudrais bien ne pas les oublier dans mon bonheur. Permettez que je les invite à ma table.

La reine et le fiancé répondirent :

– Pourquoi ne les inviterions-nous pas ?

Lorsque la fête commença, les trois femmes arrivèrent magnifiquement vêtues et la fiancée dit :

– Soyez les bienvenues, chères tantes.

– Oh ! dit le fiancé, comment se fait-il que tu aies de l’amitié pour d’aussi vilaines personnes ?

Il s’approcha de celle qui avait un pied difforme et lui dit

– D’où vous vient ce pied si large ?

– D’avoir pédalé au rouet, répondit-elle.

Il vint à la deuxième et dit :

– D’où vous vient cette lèvre pendante ?

– D’avoir léché le fil, répondit-elle.

Il demanda à la troisième :

– D’où vous vient ce pouce si large ?

– D’avoir tordu le fil, dit-elle.

Alors le fils du roi dit :

– Que plus jamais ma jolie fiancée ne touche à un rouet.

Et c’est ainsi que la jeune fille n’eut plus jamais à faire ce qu’elle détestait.

Chapitre 36 Les Trois paresseux

Un roi avait trois fils qu’il aimait tous les trois d’un même amour, si bien qu’il ne savait pas lequel désigner pour être le roi après sa mort. Lorsque arriva son heure, le mourant appela ses fils à son chevet et leur dit :

– Mes chers enfants, il m’est venu une idée, et je vais vous la faire connaître : c’est à celui de vous trois qui est le plus paresseux que reviendra le royaume.

– Père, dit l’aîné, le royaume me revient donc, car je suis tellement paresseux que si j’ai une goutte dans l’œil quand je me couche pour dormir, je n’arrive pas à dormir faute de pouvoir fermer les yeux.

Are sens