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Ils s’arrêtèrent et prêtèrent l’oreille. Tom Pouce répéta :

– Emmenez-moi, je vous aiderai.

– Mais où es-tu ?

– Cherchez par, terre, répondit-il, et du côté d’où vient la voix.

Les voleurs finirent par le trouver.

– Comment peux-tu avoir la prétention de nous être utile, petit drôle ? lui demandèrent-ils.

– Je me glisserai à travers les barreaux dans la fenêtre du curé, et vous passerai tout ce que vous voudrez.

– C’est bien, répondirent-ils, nous allons voir ce que tu sais faire.

Quand ils furent arrivés au presbytère, Tom Pouce se coula dans la chambre du curé, puis il se mit à crier de toutes ses forces :

– Voulez-vous tout ce qu’il y a ici ?

Les voleurs furent effrayés et ils lui dirent :

– Parle plus bas, tu vas éveiller tout le monde.

Mais Tom Pouce feignit de ne pas avoir entendu et cria de nouveau :

– Qu’est-ce que vous désirez ? Voulez-vous tout ce qu’il y a ici ?

La servante qui reposait dans la chambre contiguë entendit ces mots, elle se leva sur son séant et prêta l’oreille. Les voleurs avaient commencé à battre en retraite, mais ils reprirent courage, et, pensant que le petit drôle voulait s’amuser à leurs dépens, ils revinrent sur leurs pas et lui dirent tout bas :

– Allons, sois sérieux et passe-nous quelque chose.

Alors Tom Pouce cria encore une fois, le plus fort qu’il put :

– Je vous passerai tout ; tendez-moi les mains.

Cette fois, la servante entendit bien nettement, elle sauta à bas de son lit et se précipita vers la porte. Les voleurs s’enfuirent comme si le diable eût été à leurs trousses, mais n’ayant rien remarqué, la servante alla allumer une chandelle. Quand elle revint, Tom Pouce alla se cacher dans le foin, et la servante, ayant fouillé, partout sans avoir rien pu découvrir, crut avoir rêvé les yeux ouverts et alla se recoucher.

Tom Pouce s’était blotti dans le foin et s’y était arrangé une bonne, place, pour dormir ; il comptait s’y reposer jusqu’au jour et puis retourner chez ses parents. Mais il dut en voir bien d’autres, car ce monde est plein de peines et de, misères. La servante se leva dès l’aurore, pour donner à manger aux bestiaux. Sa première visite fut pour la grange où elle prit une brassée du foin là où se trouvait précisément endormi le pauvre Tom. Mais il dormait d’un sommeil si profond qu’il ne s’aperçut de rien et ne s’éveilla que quand il fut dans la bouche d’une vache qui l’avait pris avec son foin.

– Mon Dieu ! s’écria-t-il, me voilà dans le moulin à foulon.

Mais il se rendit bientôt compte où il se, trouvait réellement. Il prit garde, de ne pas se laisser broyer entre les dents, et finalement glissa dans la gorge et dans la panse. « Les fenêtres ont été oubliées dans cet appartement, se dit-il, et l’on n’y voit ni le soleil, ni chandelle. » Ce, séjour lui déplut beaucoup et, ce qui aggravait encore la situation, c’est qu’il arrivait toujours du nouveau foin et que l’espace qu’il occupait devenait de plus en plus, étroit. Il se mit à crier le plus haut qu’il put :

– Ne m’envoyez plus de fourrage, ne m’envoyez plus de fourrage !

La servante à ce moment était justement en train de traire la vache. En entendant parler sans voir personne, et, reconnaissant la même voix que celle qui l’avait déjà éveillée la nuit, elle fut prise d’une telle frayeur qu’elle tomba de son tabouret et répandit son lait.

Elle alla en toute hâte trouver son maître et lui cria :

– Ah ! grand Dieu, monsieur le curé, la vache parle.

– Tu es folle, répondit le prêtre.

Il se rendit cependant à l’étable afin de s’assurer de ce, qui se passait.

À peine y eut-il mis le pied que Tom Pouce s’écria de nouveau :

– Ne m’envoyez plus de fourrage, ne m’envoyez plus, de fourrage.

La frayeur gagna le curé lui-même et, s’imaginant qu’il y avait un diable dans le corps de la vache, il dû qu’il fallait la tuer. Ainsi fut fait, et l’on jeta au fumier la panse, où se trouvait le pauvre Tom Pouce.

Il eut beaucoup de mal à se démêler de là et il commençait à passer sa tête quand survint un nouveau malheur. Un loup affamé qui passait par là avala la panse de la vache avec le petit bonhomme d’une seule bouchée. Tom Pouce ne perdit pas courage. « Peut-être, se dit-il, ce loup sera-t-il traitable. » Et de son ventre où il était enfermé il lui cria :

– Cher loup, je, vais t’indiquer un bon repas à faire.

– Et où cela ? dit le loup.

Dans telle et telle maison ; tu n’auras qu’à te glisser par le soupirail de la cuisine, et tu trouveras des gâteaux, du lard, des saucisses à bouche que veux-tu.

Et il lui indiqua exactement la maison de son père.

Le loup ne se le fit pas dire deux fois. Il s’introduisit de nuit dans le soupirail et s’en donna à cœur joie dans le buffet aux provisions. Quand il fut repu et qu’il voulut sortir il s’était tellement gonflé de nourriture qu’il ne put venir à bout de repasser par la même voie. C’est là-dessus que Tom Pouce avait compté. Aussi commença-t-il à faire dans le ventre du loup un vacarme effroyable, hurlant et gambadant tant qu’il put.

– Veux-tu te tenir en repos, dit le loup ; tu vas éveiller le monde.

– Eh quoi ! répondit le petit homme, tu t’es régalé, je veux m’amuser aussi moi.

Et il recommença son tapage.

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