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Le jour suivant, la vieille sorcière le conduisit au puits. Elle le fit s’asseoir dans un panier et le descendit tout au fond. Il trouva la lampe, et fit un signe à la sorcière, lui signifiant qu’elle devait le remonter. Elle le tira vers là-haut, mais lorsque qu’il fut tout près du bord, elle tendit la main et tenta de lui prendre la lampe bleue. « Non », dit le soldat en devinant les mauvaises intentions de la sorcière, « je ne te donnerai pas la lampe avant d’avoir remis les deux pieds sur la terre ferme. » Cela mit la sorcière en colère ; elle le laissa retomber au fond du puits, et elle s’éloigna.

Le pauvre soldat tomba sur le sol humide, sans se faire mal toutefois. La lampe bleue continuait à briller ; mais en quoi cela pourrait-il l’aider ? Il crut bien qu’il n’échapperait pas à la mort. Triste, il s’assied un moment, puis il fouilla dans sa poche et y trouva sa pipe encore à moitié pleine. « Ce sera mon dernier plaisir », se dit-il. Il prit la pipe, l’alluma à la flamme de la lampe bleue, et commença à fumer. Alors que les volutes s’élevaient dans le puits, un génie apparut devant le soldat et lui demanda : « Maître, qu’elles sont tes ordres ? ». « Que m’est-il possible de t’ordonner ? », répliqua le soldat avec étonnement. « Je dois faire tout ce que m’ordonneras », répondit le génie. « Hé bien ! », dit le soldat, « aide-moi d’abord à sortir de ce puits. »

Le génie le prit par la main et le conduisit au travers d’un passage secret. Il n’oublia pas d’emporter la lampe bleue. Il lui montra en chemin les trésors que la sorcière avait accumulés et cachés là. Le soldat ramassa autant d’or qu’il pouvait en emporter. Quand il arriva en haut, il dit au génie : « Maintenant va, capture la sorcière, et amène-la devant le tribunal. » Peu après, elle passa rapide comme le vent, un chat sauvage en guise de monture, en poussant des cris effroyables. Le génie ne tarda pas à revenir, et dit : « La cause a été entendue, et la sorcière sera bientôt sur le bûcher. Maître, que désires-tu encore. » « Pour l’instant, rien », répondit le soldat. « Tu peux retourner chez toi ; mais tiens-toi prêt à venir si je t’appelle. » « Ce ne sera pas nécessaire, dit le génie, puisque tu n’as qu’à allumer ta pipe avec la lampe bleue pour que j’apparaisse juste devant toi ». Là-dessus, il disparut.

Le soldat retourna dans la ville d’où il venait. Il descendit dans la meilleure auberge et se fit faire de beaux habits. Puis il demanda à l’aubergiste de lui aménager une chambre le plus magnifiquement possible. Lorsque cela fut fait, il appela le génie et lui dit : « J’ai servi le roi fidèlement, mais il m’a renvoyé et laissé affamé, sans gagne-pain. Pour cela, je me vengerai. » « Que puis-je faire ? », demanda le génie. « Cette nuit, lorsque la princesse sera au lit, amène-là ici encore endormie ; elle devra être ma servante. » Le génie répondit : « Pour moi c’est très facile, mais pour toi c’est plutôt dangereux. Si on venait à l’apprendre, ça irait très mal pour toi. »

Lorsque minuit sonna, la porte s’ouvrit, et le génie amena la princesse à l’intérieur. « Ah ! ah ! te voilà enfin ! », s’exclama le soldat. « Allez, prends le balai et nettoie la pièce. » Tandis que la princesse s’affairait, le soldat lui ordonna de venir près de son fauteuil. Il s’allongea les jambes et dit : « Enlève-moi mes bottes. » La princesse dut les lui enlever, les nettoyer et les faire briller. Elle fit tout ce qu’il lui ordonna, sans opposition, muette, et les yeux mi-clos. Au premier chant du coq, le génie ramena la princesse dans son lit, au château.

Le lendemain matin, lorsque la princesse se leva, elle alla voir son père et lui raconta qu’elle avait fait un rêve étrange : « Je défilais dans des rues à la vitesse de l’éclair et je me retrouvais dans la chambre d’un soldat. J’étais sa servante et devais faire toutes sortes de travaux ménagers : balayer la chambre, nettoyer les bottes… Ce n’était qu’un rêve, et pourtant je me sens si fatiguée, comme si j’avais vraiment fait tout cela ! » « Mais peut-être n’était-ce pas un rêve », dit le roi. « Je vais te donner un conseil : fais un petit trou au fond de tes poches, lesquelles tu rempliras de petits pois. Si on t’enlève encore, les pois tomberont et laisseront une piste dans les rues. »

Tandis que le roi parlait, le génie se tenait là, invisible, écoutant tout. La nuit, comme la princesse se faisait transporter dans les rues, tous les petits pois tombèrent de ses poches. Mais ils ne laissèrent pas de piste puisque le génie avait répandu des pois dans toutes les rues. La princesse dut encore faire la servante jusqu’au chant du coq.

Au matin, le roi envoya ses gardes pour qu’ils suivent les traces ; mais c’était peine perdue ! Dans toutes les rues, des enfants pauvres étaient assis et mangeaient les petits pois en disant : « Cette nuit, il a plu des petits pois ». « Nous devrons trouver autre chose », se dit le roi. Il s’adressa à la princesse : « Garde tes souliers lorsque tu iras te coucher. Et avant que tu ne reviennes de là-bas, caches-en un ; j’arriverai bien à le retrouver. » Le génie découvrit le pot aux roses et le soir, lorsque le soldat lui ordonna d’aller chercher la princesse, il lui raconta tout. Il lui expliqua que contre une telle ruse, il ne connaissait pas de parade, et que si l’on retrouvait le soulier chez lui, cela pourrait tourner mal. « Fais ce que je t’ai dit », répliqua le soldat. La princesse dut encore faire la servante pour une troisième nuit. Mais avant qu’on la ramenât chez elle, elle cacha un soulier sous le lit.

Le lendemain matin, le roi fit rechercher le soulier de sa fille dans toute la ville ; il fut retrouvé chez le soldat. Celui-ci, avec l’aide des gens de la rue, avait déjà fui jusqu’aux portes de la ville. Il fut bientôt arrêté et jeté en prison. Dans sa fuite, le soldat avait oublié d’emporter ce qu’il avait de plus précieux : la lampe bleue, et son or. Il ne lui restait qu’un écu dans sa poche.

Tandis qu’il se tenait à la fenêtre de sa prison, le soldat vit un de ses amis qui passait dehors. Il frappa à la fenêtre pour le faire s’approcher et lui dit : « Sois bon et rapporte-moi le balluchon que j’ai laissé à l’auberge ; pour cela, je te donnerai un écu. » L’ami partit, puis ramena ce que le soldat lui avait demandé. Aussitôt seul, le soldat alluma sa pipe et fit apparaître le génie. « Sois sans crainte. », dit le génie à son maître, « Vas là où ils t’emmèneront, laisse faire les choses. Et n’oublie pas d’apporter la lampe bleue. »

Le jour suivant, on tint un procès contre le soldat, et bien qu’il n’eût rien fait de bien méchant, le juge le condamna à mort. Alors qu’on l’amenait dehors, le soldat demanda au roi une dernière faveur. « Quelle est-elle ? », demanda le roi. « J’aimerais pouvoir fumer ma pipe sur le chemin de la potence ». « Tu peux la fumer », répondit le roi. » « Et trois fois plutôt qu’une. Mais ne va surtout pas croire que je te laisserai la vie sauve. »

Alors le soldat sortit sa pipe et l’alluma à l’aide de lampe bleue. Et à peine deux ronds de fumée s’étaient-ils envolés que, déjà, le génie se tenait là, un gourdin à la main. Il dit : « Que désires-tu, mon Maître ? » « Donne une bonne raclée au juge de mauvaise foi et à ses sbires. Et n’épargne pas le roi ; il m’a fait tellement de torts. » Le génie partit comme l’éclair, et pif, et paf, il frappa çà et là. Et tous ceux qu’il frappait de son gourdin, s’effondraient immédiatement sur le sol et n’osaient plus bouger. Le roi, tout effrayé, se mit à supplier qu’on l’épargnât. Pour qu’on lui laisse la vie sauve, il céda tout son royaume au soldat, et lui donna à marier sa fille, la princesse.

Chapitre 6 Le Loup et les sept chevreaux

Il était une fois une vieille chèvre qui avait sept chevreaux et les aimait comme chaque mère aime ses enfants. Un jour, elle voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit :

– Je dois aller dans la forêt, mes chers enfants. Faites attention au loup ! S’il arrivait à rentrer dans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouer la comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires, c’est ainsi que vous le reconnaîtrez.

– Ne t’inquiète pas, maman, répondirent les chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t’en aller sans crainte.

La vieille chèvre bêla de satisfaction et s’en alla.

Peu de temps après, quelqu’un frappa à la porte en criant :

– Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre mère est là et vous a apporté quelque chose.

Mais les chevreaux reconnurent le loup à sa voix rude.

– Nous ne t’ouvrirons pas, crièrent- ils. Tu n’es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréable et ta voix est rauque. Tu es un loup !

Le loup partit chez le marchand et y acheta un grand morceau de craie. Il mangea la craie et sa voix devint plus douce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela à nouveau :

– Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre maman est de retour et vous a apporté pour chacun un petit quelque chose.

Mais tout en parlant, il posa sa patte noire sur la fenêtre ; les chevreaux l’aperçurent et crièrent :

– Nous ne t’ouvrirons pas ! Notre maman n’a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup !

Et le loup courut chez le boulanger et dit :

– Je me suis blessé à la patte, enduis-la-moi avec de la pâte.

Le boulanger lui enduisit la patte et le loup courut encore chez le meunier.

– Verse de la farine blanche sur ma patte ! commanda-t-il.

– Le loup veut duper quelqu’un, pensa le meunier, et il fit des manières. Mais le loup dit :

– Si tu ne le fais pas, je te mangerai.

Le meunier eut peur et blanchit sa patte. Eh oui, les gens sont ainsi !

Pour la troisième fois le loup arriva à la porte de la petite maison, frappa et cria :

– Ouvrez la porte, mes chers petits, maman est de retour de la forêt et vous a apporté quelque chose.

– Montre-nous ta patte d’abord, crièrent les chevreaux, que nous sachions si tu es vraiment notre maman.

Le loup posa sa patte sur le rebord de la fenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu’elle était blanche, ils crurent tout ce qu’il avait dit et ouvrirent la porte. Mais c’est un loup qui entra.

Les chevreaux prirent peur et voulurent se cacher. L’un sauta sous la table, un autre dans le lit, le troisième dans le poêle, le quatrième dans la cuisine, le cinquième s’enferma dans l’armoire, le sixième se cacha sous le lavabo et le septième dans la pendule. Mais le loup les trouva et ne traîna pas : il avala les chevreaux, l’un après l’autre. Le seul qu’il ne trouva pas était celui caché dans la pendule.

Lorsque le loup fut rassasié, il se retira, se coucha sur le pré vert et s’endormit.

Peu de temps après, la vieille chèvre revint de la forêt. Ah, quel triste spectacle l’attendait à la maison ! La porte grande ouverte, la table, les chaises, les bancs renversés, le lavabo avait volé en éclats, la couverture et les oreillers du lit traînaient par terre. Elle chercha ses petits, mais en vain. Elle les appela par leur nom, l’un après l’autre, mais aucun ne répondit. C’est seulement lorsqu’elle prononça le nom du plus jeune qu’une petite voix fluette se fit entendre :

– Je suis là, maman, dans la pendule !

Elle l’aida à en sortir et le chevreau lui raconta que le loup était venu et qu’il avait mangé tous les autres chevreaux. Imaginez combien la vieille chèvre pleura ses petits !

Toute malheureuse, elle sortit de la petite maison et le chevreau courut derrière elle. Dans le pré, le loup était couché sous l’arbre et ronflait à en faire trembler les branches. La chèvre le regarda de près et observa que quelque chose bougeait et grouillait dans son gros ventre.

– Mon Dieu, pensa-t-elle, et si mes pauvres petits que le loup a mangés au dîner, étaient encore en vie ?

Le chevreau dut repartir à la maison pour rapporter des ciseaux, une aiguille et du fil. La chèvre cisailla le ventre du monstre, et aussitôt le premier chevreau sortit la tête ; elle continua et les six chevreaux en sortirent, l’un après l’autre, tous sains et saufs, car, dans sa hâte, le loup glouton les avait avalés tout entiers. Quel bonheur ! Les chevreaux se blottirent contre leur chère maman, puis gambadèrent comme le tailleur à ses noces. Mais la vieille chèvre dit :

– Allez, les enfants, apportez des pierres, aussi grosses que possible, nous les fourrerons dans le ventre de cette vilaine bête tant qu’elle est encore couchée et endormie.

Et les sept chevreaux roulèrent les pierres et en farcirent le ventre du loup jusqu’à ce qu’il soit plein. La vieille chèvre le recousit vite, de sorte que le loup ne s’aperçut de rien et ne bougea même pas.

Quand il se réveilla enfin, il se leva, et comme les pierres lui pesaient dans l’estomac, il eut très soif. Il voulut aller au puits pour boire, mais comme il se balançait en marchant, les pierres dans son ventre grondaient.

Cela grogne, cela gronde, mon ventre tonne !

J’ai avalé sept chevreaux, n’était-ce rien qu’une illusion ?

Et de lourdes grosses pierres les remplacèrent.

Are sens