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– Je l’ai rencontrée en cours de route et l’ai prise avec moi pour ne pas être seule. Donnez du travail à cette servante pour qu’elle ne reste pas sans rien faire.

Mais le vieux roi n’avait pas de besogne à lui confier. Alors il dit :

– J’ai là un garçon qui garde les oies, elle n’a qu’à l’aider.

Le garçon se nommait Kurt ; la vraie fiancée dut l’aider à garder les oies.

Peu de temps après, la fausse fiancée dit au jeune roi :

– Cher époux, je vous en prie, faites-moi plaisir.

– Bien volontiers.

– Faites venir l’écorcheur pour qu’il abatte le cheval sur lequel je suis arrivée. Pendant le voyage, il m’a mise en colère.

En réalité, elle craignait que le cheval ne parlât de sa conduite à l’égard de la princesse. Quand vint le moment où devait mourir le fidèle Falada, la véritable fille du roi l’apprit. Elle promit à l’écorcheur, secrètement, de lui donner une pièce d’argent s’il lui rendait un petit service. Il y avait dans la ville une porte très grande et pleine d’ombre qu’elle devait franchir matin et soir avec ses oies. Elle pria l’écorcheur d’y clouer la tête de Falada afin qu’elle puisse le voir une fois encore. L’homme fit la promesse, emporta la tête et la cloua sous la sombre porte.

Au petit matin, passant par là avec Kurt, elle dit à la tête :

« Ô ! toi, Falada, qui es accroché là… ! »

La tête répondit :

« 0 ! toi, ma princesse, qui par là te rends,

Si ta mère savait cela

Son cœur volerait en éclats. »

Silencieusement, elle sortit de la ville et conduisit ses oies aux champs. Arrivée dans les prés, elle s’assit et défit ses cheveux. Ils étaient comme d’or pur et Kurt, en les voyant, se réjouit de les voir étinceler. Il voulut en arracher quelques-uns. Alors la princesse dit :

« Je pleure, je pleure, brise légère !

De Kurt bien vite emporte le bonnet

Et qu’il coure après sa coiffure chère

Jusqu’à ce que de nouveau mes cheveux soient nets. »

Le vent souffla alors et emporta le chapeau de Kurt qui partit à sa poursuite. Quand il revint, elle avait fini de se coiffer et il ne put plus lui prendre de cheveux. Il en fut fort marri et ne lui adressa plus la parole. Ils gardèrent ensuite les oies jusqu’au soir, puis rentèrent à la maison.

Le lendemain matin, poussant le troupeau sous la porte, la jeune fille dit :

« Ô ! toi, Falada, qui es accroché là… ! »

La tête de Falada répondit :

« Ô ! toi, ma princesse, qui par là te rends

Si ta ni mère savait cela

Son cœur volerait en éclats ! »

Parvenue hors de la ville, elle s’assit de nouveau dans le pré et commença à dérouler ses cheveux. Kurt voulut les prendre dans sa main. Elle dit à voix rapide :

Je pleure, je pleure, brise légère !

De Kurt bien vite prends le bonnet

Et qu’il coure après sa coiffure chère

Jusqu’à ce que de nouveau mes cheveux soient nets.

Le vent souffla, emporta le chapeau et Kurt dut le poursuivre. Quand il revint, elle avait depuis longtemps arrangé sa coiffure et il ne put y toucher. Et ainsi, ils gardèrent les oies jusqu’au soir.

Mais, ce soir-là après avoir regagné la maison, Kurt se rendit auprès du vieux roi et lui dit :

– Je ne veux garder plus longtemps les oies avec cette fille.

– Pourquoi donc ? demanda le roi.

– Eh ! elle me fâche toute la journée.

Le roi lui ordonna de raconter ce qui se passait. Kurt dit :

– Le matin, quand nous faisons passer le troupeau sous la porte sombre, il y a une tête de cheval contre le mur. Elle lui dit :

« Falada, qui es accroché là… ! »

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