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Cependant le froid devint très vif et, par malheur, il n’y avait aucun moyen de le combattre.

Le marin, véritablement vexé, chercha par tous les moyens possibles à se procurer du feu. Nab l’aida même dans cette opération. Il avait trouvé quelques mousses sèches, et, en frappant deux galets, il obtint des étincelles ; mais la mousse, n’étant pas assez inflammable, ne prit pas, et, d’ailleurs, ces étincelles, qui n’étaient que du silex incandescent, n’avaient pas la consistance de celles qui s’échappent du morceau d’acier dans le briquet usuel. L’opération ne réussit donc pas.

Pencroff, bien qu’il n’eût aucune confiance dans le procédé, essaya ensuite de frotter deux morceaux de bois sec l’un contre l’autre, à la manière des sauvages. Certes, le mouvement que Nab et lui se donnèrent, s’il se fût transformé en chaleur, suivant les théories nouvelles, aurait suffi à faire bouillir une chaudière de steamer ! Le résultat fut nul. Les morceaux de bois s’échauffèrent, voilà tout, et encore beaucoup moins que les opérateurs eux-mêmes.

Après une heure de travail, Pencroff était en nage, et il jeta les morceaux de bois avec dépit.

« Quand on me fera croire que les sauvages allument du feu de cette façon, dit-il, il fera chaud, même en hiver ! J’allumerais plutôt mes bras en les frottant l’un contre l’autre ! »

Le marin avait tort de nier le procédé. Il est constant que les sauvages enflamment le bois au moyen d’un frottement rapide. Mais toute espèce de bois n’est pas propre à cette opération, et puis, il y a « le coup », suivant l’expression consacrée, et il est probable que Pencroff n’avait pas « le coup. »

La mauvaise humeur de Pencroff ne fut pas de longue durée. Ces deux morceaux de bois rejetés par lui avaient été repris par Harbert, qui s’évertuait à les frotter de plus belle. Le robuste marin ne put retenir un éclat de rire, en voyant les efforts de l’adolescent pour réussir là où, lui, il avait échoué.

« Frottez, mon garçon, frottez ! dit-il.

– Je frotte, répondit Harbert en riant, mais je n’ai pas d’autre prétention que de m’échauffer à mon tour au lieu de grelotter, et bientôt j’aurai aussi chaud que toi, Pencroff ! »

Ce qui arriva. Quoi qu’il en fût, il fallut renoncer, pour cette nuit, à se procurer du feu.

Gédéon Spilett répéta une vingtième fois que Cyrus Smith ne serait pas embarrassé pour si peu.

Et, en attendant, il s’étendit dans un des couloirs, sur la couche de sable. Harbert, Nab et Pencroff l’imitèrent, tandis que Top dormait aux pieds de son maître.

Le lendemain, 28 mars, quand l’ingénieur se réveilla, vers huit heures du matin, il vit ses compagnons près de lui, qui guettaient son réveil, et, comme la veille, ses premières paroles furent :

« Île ou continent ? »

On le voit, c’était son idée fixe.

« Bon ! répondit Pencroff, nous n’en savons rien, monsieur Smith !

– Vous ne savez pas encore ?…

– Mais nous le saurons, ajouta Pencroff, quand vous nous aurez piloté dans ce pays.

– Je crois être en état de l’essayer, répondit l’ingénieur, qui, sans trop d’efforts, se leva et se tint debout.

– Voilà qui est bon ! s’écria le marin.

– Je mourais surtout d’épuisement, répondit Cyrus Smith. Mes amis, un peu de nourriture, et il n’y paraîtra plus. – Vous avez du feu, n’est-ce pas ? »

Cette demande n’obtint pas une réponse immédiate.

Mais, après quelques instants :

« Hélas ! nous n’avons pas de feu, dit Pencroff, ou plutôt, monsieur Cyrus, nous n’en avons plus ! »

Et le marin fit le récit de ce qui s’était passé la veille. Il égaya l’ingénieur en lui racontant l’histoire de leur unique allumette, puis sa tentative avortée pour se procurer du feu à la façon des sauvages.

« Nous aviserons, répondit l’ingénieur, et si nous ne trouvons pas une substance analogue à l’amadou…

– Eh bien ? demanda le marin.

– Eh bien, nous ferons des allumettes.

– Chimiques ?

– Chimiques !

– Ce n’est pas plus difficile que cela », s’écria le reporter, en frappant sur l’épaule du marin.

Celui-ci ne trouvait pas la chose si simple, mais il ne protesta pas. Tous sortirent. Le temps était redevenu beau. Un vif soleil se levait sur l’horizon de la mer, et piquait de paillettes d’or les rugosités prismatiques de l’énorme muraille.

Après avoir jeté un rapide coup d’œil autour de lui, l’ingénieur s’assit sur un quartier de roche. Harbert lui offrit quelques poignées de moules et de sargasses, en disant :

« C’est tout ce que nous avons, monsieur Cyrus.

– Merci, mon garçon, répondit Cyrus Smith, cela suffira, – pour ce matin, du moins. »

Et il mangea avec appétit cette maigre nourriture, qu’il arrosa d’un peu d’eau fraîche, puisée à la rivière dans une vaste coquille.

Ses compagnons le regardaient sans parler. Puis, après s’être rassasié tant bien que mal, Cyrus Smith, croisant ses bras, dit :

« Ainsi, mes amis, vous ne savez pas encore si le sort nous a jetés sur un continent ou sur une île ?

– Non, monsieur Cyrus, répondit le jeune garçon.

– Nous le saurons demain, reprit l’ingénieur. Jusque-là, il n’y a rien à faire.

– Si, répliqua Pencroff.

– Quoi donc ?

– Du feu, dit le marin, qui, lui aussi, avait son idée fixe.

– Nous en ferons, Pencroff, répondit Cyrus Smith. – Pendant que vous me transportiez, hier, n’ai-je pas aperçu, dans l’ouest, une montagne qui domine cette contrée ?

– Oui, répondit Gédéon Spilett, une montagne qui doit être assez élevée…

– Bien, reprit l’ingénieur. Demain, nous monterons à son sommet, et nous verrons si cette terre est une île ou un continent. Jusque-là, je le répète, rien à faire.

– Si, du feu ! dit encore l’entêté marin.

– Mais on en fera, du feu ! répliqua Gédéon Spilett. Un peu de patience, Pencroff ! »

Le marin regarda Gédéon Spilett d’un air qui semblait dire : « S’il n’y a que vous pour en faire, nous ne tâterons pas du rôti de sitôt ! » Mais il se tut.

Cependant Cyrus Smith n’avait point répondu. Il semblait fort peu préoccupé de cette question du feu. Pendant quelques instants, il demeura absorbé dans ses réflexions. Puis, reprenant la parole :

Are sens