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  • <a l:href="#_ftnref6">[6]</a> Genèse, I, 2.

  • <a l:href="#_ftnref6">[7]</a> Cette parenté avec Charles-Louis Hugo (1667-1739), évêque in partibus de Ptolémaïs, historien lorrain, semble romanesque. Elle appartient néanmoins à la légende familiale. V. Hugo à A. Caise, le 20 mars 1867: «La parenté de l'évêque de Ptolémaïs est une tradition dans ma famille, je n'ai jamais su que ce que mon père m'en a dit. […] Les Hugo dont je descends sont, je crois, une branche cadette, et peut-être bâtarde, déchue par indigence et misère.»

  • <a l:href="#_ftnref8">[8]</a> Outre que l'exactitude des références témoigne de la lecture assidue de ces textes par Hugo (en 1846 notamment), on notera que Dieu partage ici avec les misérables cette forme d'anonymat qui résulte de la multiplicité des noms.

  • <a l:href="#_ftnref9">[9]</a> Ce n'est que lorsque le Christ s'ajoute aux douze apôtres qu'on est treize à table.

  • <a l:href="#_ftnref10">[10]</a> Quelque chose comme la salle du conseil municipal. Siège des libertés bourgeoises, hôpital, logis d'un évêque qui est un juste, l'histoire de cette maison, comme celle de la famille de Mgr Bienvenu, résume le côté lumineux de l'histoire des temps modernes. Par antithèse, voir I, 7, 7.

  • <a l:href="#_ftnref11">[11]</a> «Ceux-là veillent en vain qui gardent la demeure que Dieu ne garde pas.» Ce psaume 126, traduit par Hugo sur un de ses albums de voyage de 1839, éclaire l'énigme du titre.

  • <a l:href="#_ftnref12">[12]</a> Lors de son voyage dans le Midi d'octobre 1839, Hugo passant par les gorges d'Ollioules près de Toulon, avait enregistré ce que la tradition locale disait de Gaspard Bes, bandit exécuté à Aix en 1781. Mais aucun Cravatte n'apparaît dans ses notes.

  • <a l:href="#_ftnref13">[13]</a> L'ébauche de ce dialogue, et notamment de cette phrase, a été notée par Hugo sur un album de voyage de 1839.

  • <a l:href="#_ftnref14">[14]</a> Pigault-Lcbrun (1753-1835), comédien, dramaturge, militaire, auteur enfin de romans licencieux et antireligieux. A travers ce polygraphe voltairien, Hugo vise le scepticisme médiocre des gens en place après la Révolution. Il sera l'un des auteurs favoris de Thénardier, voir I, 4, 2.

  • <a l:href="#_ftnref15">[15]</a> Juxtaposition surprenante de grands penseurs (Pyrrhon, Hobbes) et de deux obscurs «philosophes» du XVIIIe siècle.

  • <a l:href="#_ftnref16">[16]</a> Needham (1713-1781), raillé par Voltaire dans son Dictionnaire philosophique, article Dieu, pour avoir établi et concilié génération spontanée et croyance en Dieu.

  • <a l:href="#_ftnref16">[17]</a> «Le favorable et le funeste» ou «le permis et le défendu».

  • <a l:href="#_ftnref16">[18]</a> Équivalent, au XIXe siècle, de notre Journal officiel, Le Moniteur publiait les débats des Assemblées mais aussi des articles d'actualité, ou d'idées. Un mixte donc du J.O. et du Monde.

  • <a l:href="#_ftnref16">[19]</a> «Entre les coupes», ce qui se comprend soit comme «en buvant», soit «avant et après boire».

  • <a l:href="#_Toc91584389">[20]</a> Ce chapitre, ajouté en exil, fit scandale dans les milieux catholiques et bien-pensants. J. Seebacher en a donné un brillant commentaire: «Évêques et conventionnels ou La critique en présence d'une lumière inconnue», Centenaire des Misérables- 1862-1962 – Hommage à V. Hugo, Strasbourg, 1962.

  • <a l:href="#_ftnref21">[21]</a> Le demi-anonymat de l'initiale accrédite la valeur historique du personnage dont les conventionnels Grégoire et Sergent-Marceau (première initiale choisie par Hugo: S) furent sans doute les modèles, sans l'exposer aux critiques d'inexactitude.

  • <a l:href="#_ftnref22">[22]</a> Une loi de janvier 1816, dite d'amnistie, permettait de bannir à perpétuité les anciens conventionnels régicides.

  • <a l:href="#_ftnref23">[23]</a> Début de la phrase du Christ: «Sinite parvulos ad me ventre» (Marc, X, 14): «Laissez venir à moi les tout-petits.»

  • <a l:href="#_ftnref24">[24]</a> «Je suis un ver» (Psaume 21, 7): «Ego autem sum vermis, et non homo.»

  • <a l:href="#_ftnref25">[25]</a> Allusion à l'attitude de Bossuet qui, après la révocation de l'édit de Nantes (1685), félicitait le roi des «conversions» opérées par l'armée, les «dragons». Après chaque abjuration de ville protestante, on chantait un Te Deum («Toi Seigneur…»: début d'un hymne d'action de grâces) solennel.

  • <a l:href="#_ftnref26">[26]</a> Aux violences de la Terreur révolutionnaire (Carrier à Nantes, Fouquier-Tinville, Maillard, le Père Duchêne, Martin Jouve dit Jourdan-Coupe-Tête) le conventionnel oppose les «terroristes» de l'Ancien Régime, dont le célèbre marquis de Louvois qui ordonna l'incendie du Palatinat. Voir déjà la Lettre XXVII du Rhin.

  • <a l:href="#_ftnref26">[27]</a> Hugo réécrit ici une scène de supplice racontée par Michelet (Louis XIV et la Révocation de l'édit de Nantes, chap. XX): «On liait la mère qui allaitait, et on lui tenait à distance son nourrisson qui pleurait, languissait, se mourait. Rien ne fut plus terrible; toute la nature se soulevait; la douleur, la pléthore du sein qui brûlait d'allaiter, le violent transport au cerveau qui se faisait, c'était trop. […] la tête échappait. Elle ne se connaissait plus et disait tout ce qu'on voulait pour être déliée, aller à lui et le nourrir. Mais dans ce bonheur, quels regrets! L'enfant, avec le lait, recevait des torrents de larmes.»

  • <a l:href="#_ftnref28">[28]</a> On nomme urbanistes les clarisses qui ont adopté la règle mitigée du pape Urbain IV (1263). Sainte Claire avait fondé les clarisses en 1212.

  • <a l:href="#_ftnref29">[29]</a> Ce synode, que Napoléon appelait le «concile d'Occident», fut ouvert le 17 juin 1811. Mgr Miollis, en manifestant son ultramontanisme, s*y trouva en opposition avec la plupart des évêques présents.

  • <a l:href="#_ftnref30">[30]</a> C'est, presque mot pour mot, ce que Royer-Collard dit à Hugo qui sollicitait sa voix pour l'Académie française en 1836: «Nous sommes là sept ou huit vieilles gens du même âge, nous causons de notre passé. En entrant à l'Académie, vous, jeune homme, vous y apporteriez de l'air extérieur, et vous changeriez la température. Nous autres vieux, vous le savez, nous n'aimons pas les changements de température.» (Victor Hugo raconté par Adèle Hugo, Plon, 1985, p. 618.)

  • <a l:href="#_ftnref31">[31]</a> Ce détail est emprunté à la biographie de Mgr de Miollis.

  • <a l:href="#_ftnref32">[32]</a> Loi du 9 novembre 1815, votée par la Chambre «introuvable», qui réprimait sévèrement les cris, discours et écrits «séditieux».

  • <a l:href="#_ftnref32">[33]</a> Sous la Restauration, les républicains et bonapartistes appelaient la fleur de lys «crapaud» et «salsifis» la mèche nouée de la perruque réapparue en 1815.

  • <a l:href="#_ftnref34">[34]</a> Pallium: bande de laine blanche, garnie de croix, insigne des archevêques. Rote: tribunal du Saint-Siège, composé de douze auditeurs.

  • <a l:href="#_ftnref35">[35]</a> Tragédie jouée en 1691 de Campistron («faux Corneille»), déjà raillé par Hugo dans Les Contemplations (I, 5, Réponse à un acte d'accusation):Sur le Racine mort le campistron pullule.

  • <a l:href="#_ftnref35">[36]</a> Valet de Porthos dans Les Trois Mousquetaires. Sous toutes ces gloires de carton doré on reconnaît Napoléon-le-Petit.

  • <a l:href="#_ftnref37">[37]</a> «Parce qu'elle – ou il – a beaucoup aimé.» C'est pour cette raison et en ces termes que le Christ pardonne à Marie-Madeleine (Luc, VII, 47). Appliquée ici à Myriel, la parole du Christ vaut, à plus forte raison, pour M. Madeleine et pour Fantine.

  • <a l:href="#_ftnref38">[38]</a> Motif visuel et philosophique cher à Hugo et particulièrement important dans Les Misérables, l'ange est la figure exacte de l'homme qui aime ou est aimé. «O mon doux ange, écrit Hugo dans le Livre de l'Anniversaire pour Juliette, nous serons dans une lumière plus grande, nous ne serons pas dans un plus grand amour.Dès ici bas, à travers l'ombre, à travers l'imperfection, à travers la matière, l'homme aime comme l'ange, il n'a pas la vie complète mais il a l'amour complet. […] Nous serons plus heureux, non plus aimants. Nos âmes auront plus de clarté, nos cœurs n'auront pas plus de flamme. Que Dieu soit béni de donner à l'homme imparfait l'amour parfait.»

  • <a l:href="#_ftnref39">[39]</a> Le néant et l'être.

  • <a l:href="#_ftnref39">[40]</a> Auteur d'un des livres sacrés du brahmanisme: Les Lois de Manou. Hugo possédait et avait lu la traduction des Lois de Manou publiée en 1840.

  • Chapitre I Le soir d'un jour de marche

    Dans les premiers jours du mois d'octobre 1815 [42], une heure environ avant le coucher du soleil, un homme qui voyageait à pied entrait dans la petite ville de Digne Les rares habitants qui se trouvaient en ce moment à leurs fenêtres ou sur le seuil de leurs maisons regardaient ce voyageur avec une sorte d'inquiétude. Il était difficile de rencontrer un passant d'un aspect plus misérable. C'était un homme de moyenne taille, trapu et robuste, dans la force de l'âge. Il pouvait avoir quarante-six ou quarante-huit ans [43]. Une casquette à visière de cuir rabattue cachait en partie son visage, brûlé par le soleil et le hâle, et ruisselant de sueur. Sa chemise de grosse toile jaune, rattachée au col par une petite ancre d'argent, laissait voir sa poitrine velue; il avait une cravate tordue en corde, un pantalon de coutil bleu, usé et râpé, blanc à un genou, troué à l'autre, une vieille blouse grise en haillons, rapiécée à l'un des coudes d'un morceau de drap vert cousu avec de la ficelle, sur le dos un sac de soldat fort plein, bien bouclé et tout neuf, à la main un énorme bâton noueux, les pieds sans bas dans des souliers ferrés, la tête tondue et la barbe longue.

    La sueur, la chaleur, le voyage à pied, la poussière, ajoutaient je ne sais quoi de sordide à cet ensemble délabré.

    Les cheveux étaient ras, et pourtant hérissés; car ils commençaient à pousser un peu, et semblaient n'avoir pas été coupés depuis quelque temps.

    Personne ne le connaissait. Ce n'était évidemment qu'un passant. D'où venait-il? Du midi. Des bords de la mer peut-être. Car il faisait son entrée dans Digne par la même rue qui, sept mois auparavant, avait vu passer l'empereur Napoléon allant de Cannes à Paris [44]. Cet homme avait dû marcher tout le jour. Il paraissait très fatigué. Des femmes de l'ancien bourg qui est au bas de la ville l'avaient vu s'arrêter sous les arbres du boulevard Gassendi et boire à la fontaine qui est à l'extrémité de la promenade. Il fallait qu'il eût bien soif, car des enfants qui le suivaient le virent encore s'arrêter, et boire, deux cents pas plus loin, à la fontaine de la place du marché.

    Arrivé au coin de la rue Poichevert, il tourna à gauche et se dirigea vers la mairie. Il y entra, puis sortit un quart d'heure après. Un gendarme était assis près de la porte sur le banc de pierre où le général Drouot monta le 4 mars pour lire à la foule effarée des habitants de Digne la proclamation du golfe Juan. L'homme ôta sa casquette et salua humblement le gendarme.

    Le gendarme, sans répondre à son salut, le regarda avec attention, le suivit quelque temps des yeux, puis entra dans la maison de ville.

    Il y avait alors à Digne une belle auberge à l'enseigne de la Croix-de -Colbas. Cette auberge avait pour hôtelier un nommé Jacquin Labarre, homme considéré dans la ville pour sa parenté avec un autre Labarre, qui tenait à Grenoble l'auberge des Trois-Dauphins et qui avait servi dans les guides. Lors du débarquement de l'empereur, beaucoup de bruits avaient couru dans le pays sur cette auberge des Trois-Dauphins. On contait que le général Bertrand, déguisé en charretier, y avait fait de fréquents voyages au mois de janvier, et qu'il y avait distribué des croix d'honneur à des soldats et des poignées de napoléons à des bourgeois. La réalité est que l'empereur, entré dans Grenoble, avait refusé de s'installer à l'hôtel de la préfecture; il avait remercié le maire en disant: Je vais chez un brave homme que je connais, et il était allé aux Trois-Dauphins. Cette gloire du Labarre des Trois-Dauphins se reflétait à vingt-cinq lieues de distance jusque sur le Labarre de la Croix-de -Colbas. On disait de lui dans la ville: C'est le cousin de celui de Grenoble.

    L'homme se dirigea vers cette auberge, qui était la meilleure du pays. Il entra dans la cuisine, laquelle s'ouvrait de plain-pied sur la rue. Tous les fourneaux étaient allumés; un grand feu flambait gaîment dans la cheminée. L'hôte, qui était en même temps le chef, allait de l'âtre aux casseroles, fort occupé et surveillant un excellent dîner destiné à des rouliers qu'on entendait rire et parler à grand bruit dans une salle voisine. Quiconque a voyagé sait que personne ne fait meilleure chère que les rouliers. Une marmotte grasse, flanquée de perdrix blanches et de coqs de bruyère, tournait sur une longue broche devant le feu; sur les fourneaux cuisaient deux grosses carpes du lac de Lauzet et une truite du lac d'Alloz.

    L'hôte, entendant la porte s'ouvrir et entrer un nouveau venu, dit sans lever les yeux de ses fourneaux:

    – Que veut monsieur?

    – Manger et coucher, dit l'homme.

    – Rien de plus facile, reprit l'hôte.

    En ce moment il tourna la tête, embrassa d'un coup d'œil tout l'ensemble du voyageur, et ajouta:

    – … en payant.

    L'homme tira une grosse bourse de cuir de la poche de sa blouse et répondit:

    Are sens