"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » Français Books » 🌚🌚"La Vie est facile, ne t'inquiète pas" de Marie M. Martin-Lugand🌚🌚

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Je penchai la tête sur mon épaule en esquissant un sourire.

– Je ne sais pas… je ne peux rien te promettre.

– On se reverra ?

– Un jour… Dors, maintenant.

Je chantai la berceuse à plusieurs reprises en continuant à lui caresser les cheveux. Ses petits yeux luttèrent un temps avant de se fermer. Il était épuisé, lui aussi. Quand je le sentis en paix, je lui embrassai le front et me relevai. Avant de refermer la porte, je le regardai une dernière fois en soupirant.

Dans le séjour, toute trace du dîner avait disparu, la baie vitrée était entrouverte, un feu flambait dans la cheminée, Edward se tenait au rebord, cigarette aux lèvres, et dégageait une tension extrême.

– Il dort, chuchotai-je. J’ai essayé de lui faire comprendre que toi aussi, tu devais dormir dans ton lit.

Il ferma les yeux.

– Je ne pourrai jamais assez te remercier.

– Ce n’est pas nécessaire… mais si tu as des Guinness dans ton frigo, ce ne serait pas de refus.

J’en boirais bien une dernière avant de rentrer à Paris.

– Tu ne peux pas en boire en France ? se dérida-t-il.

– Je suis certaine qu’elle n’a pas le même goût qu’ici.

Quelques minutes plus tard, il me tendait une pinte. Nous ne trinquâmes pas. Edward s’assit sur le canapé. Tout en restant près de la cheminée, j’allumai une cigarette. Je faisais en sorte de ne pas le regarder alors même que je sentais qu’il me fixait. Je remarquai un catalogue sur une étagère. La curiosité fut plus forte.

– C’est ton book ?

– Exact.

– Je peux ?

– Si ça te fait plaisir.

Je balançai mon mégot dans le feu, me débarrassai de ma pinte sur la table basse, saisis l’objet de ma convoitise et m’installai dans un fauteuil en face de lui. Je commençai à feuilleter l’album avec la plus grande précaution. Les premières photos m’interloquèrent.

– Ce sont les îles d’Aran, au début ?

– Tu as une bonne mémoire.

Mon ventre se tordit en reconnaissant ma silhouette sur une des prises de vue.

– Comment pourrais-je oublier ? dis-je tout bas.

Je poursuivis ma découverte. Son humeur était palpable sur chaque cliché. J’avais l’impression qu’il racontait une histoire avec son book, un roman-photo dans le sens littéral du terme. Le début était lumineux, aéré, on respirait dans les paysages qu’il nous faisait découvrir. Mais ensuite, l’atmosphère devenait plus oppressante : le ciel toujours sombre, obscurci par des nuages noirs, la mer déchaînée, les bateaux malmenés dans la tempête. Et puis, progressivement, c’était comme si les poumons s’ouvraient à nouveau, un rayon de soleil frappait la mer, avant d’illuminer le ciel. La dernière représentait l’ombre d’une silhouette d’enfant courant sur la plage, les vagues léchant les pieds du protagoniste, ou plutôt, devrais-je dire, de Declan. Le book d’Edward était son histoire, ce qu’il avait traversé ces derniers mois.

Comme s’il avait cherché à exorciser les épreuves et à tourner la page avec ses photos. Complètement absorbée par cette « lecture », je n’avais pas remarqué qu’il s’était levé et était retourné près de la cheminée, me tournant le dos. Je rangeai son book à sa place, et bus ma Guinness pour me remettre de mes émotions. Je pris mon courage à deux mains et me rapprochai de lui.

– Edward… je regrette d’être partie comme ça, brutalement. Ce n’était pas correct vis-à-vis de toi.

Excuse-moi…

Il se retourna et vrilla ses yeux aux miens.

– N’aie pas de regret, commença-t-il durement. C’est une bonne chose que tu aies rencontré mon fils, tu connais mes priorités, maintenant. Tu t’es construit une nouvelle vie avec Olivier, j’en suis heureux.

Sa voix flancha légèrement, un nœud se formait dans ma gorge. Son regard se fit plus intense, son ton s’adoucit quand il poursuivit :

– Tu as pris la bonne décision à l’époque. Declan est là… Nous n’avions pas d’avenir ensemble.

Il avait raison sur toute la ligne : nous aurions fini par nous séparer. Plusieurs secondes passèrent sans que nous bougions. J’inspirai profondément.

– Il se fait tard, je vais rentrer, maintenant, c’est mieux.

– On s’est tout dit.

– Je crois… oui.

Il me suivit dans l’entrée.

– Je t’accompagne à ta voiture.

– Si tu veux.

Une bourrasque de vent nous saisit ; il faisait nuit noire. J’ouvris ma portière, balançai mon sac à main sur le siège passager.

– On te tiendra au courant pour Abby, avec Judith.

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