– Es-tu bête !
Je l’embrassai dans le cou et fis un passage express par la salle de bains avant de me mettre au lit.
Je n’étais pas complètement endormie lorsque Olivier se glissa sous la couette à son tour, et m’attira contre lui.
– Tu n’as pas regardé la fin ?
– Je la connaissais déjà. Tu as mis le réveil ?
– Merde !
– Quoi ?
– J’ai encore oublié mon sac sous le comptoir des Gens. Il faut que je repasse me changer chez moi avant d’ouvrir.
J’attrapai mon téléphone sur la table de nuit et mis l’alarme vingt minutes plus tôt. Je râlais encore en me rallongeant.
– Diane ?
– Oui.
– On pourrait peut-être chercher un appart ?
– Tu veux qu’on habite ensemble ?
– On peut dire ça comme ça aussi ! Écoute, on passe toutes les nuits ensemble et on a passé l’âge de vider un tiroir pour l’autre.
– Tu sais qu’en général ce sont les femmes qui demandent ça ?
– C’est mon côté féminin qui s’exprime ! Qu’en penses-tu ?
– Tu as peut-être raison…
Pourquoi repousser cette nouvelle étape ? Il se pencha au-dessus de moi, sincèrement surpris, avec un grand sourire aux lèvres. Je lui faisais plaisir…
– Tu es sérieuse ? Tu veux vivre avec moi ?
– Oui !
Il m’embrassa, puis posa son front contre le mien. J’avais toujours le sentiment d’être sa petite chose fragile tant il faisait attention à moi.
– J’aurais compris que tu ne sois pas prête… On va choisir un endroit pour nous.
– Ça va être bien…
Quelques jours plus tard, Olivier était aux Gens, il épluchait le PAP tout en appelant les agences immobilières du quartier. Il stabilotait, faisait des listes, s’énervait après les annonces bidons et s’enthousiasmait quand il nous décrochait une visite. Sa tâche était ardue ; il s’était mis en tête de nous trouver un appartement dans le quartier… Pour moi, pour me faciliter les choses.
– On a un problème ! déclara-t-il.
– Lequel ?
– Toutes les visites ont lieu samedi prochain.
– Ah…
– Comme tu dis !
Nous eûmes le même réflexe : nous tourner vers Félix qui avalait bonbon sur bonbon. Il s’était mis au régime « j’arrête de fumer » sans l’intention de se passer de cigarettes. « J’anticipe, je me prépare », me disait-il, très convaincu. Lorsqu’il remarqua que nous le fixions, il haussa un sourcil et lança un Dragibus dans sa bouche.
– Vous complotez quoi, au juste ?
– Il faudrait que tu rendes service à Diane.
– Ça se monnaie…
– Félix, s’il te plaît, insistai-je. On visite des apparts samedi.
– No problem ! Prenez tout le temps qu’il vous faut pour choisir votre nid ! Du moment qu’elle quitte son taudis ! Du coup, je me taille maintenant !
Il goba un dernier bonbon avant de venir prendre Olivier dans ses bras.
– Si tu n’existais pas, je ne sais pas ce que je serais devenu avec elle sur les bras !
– Bah, ça va ! m’énervai-je.
– Je t’aime, Diane !
Il partit en sautillant.