– On devrait trouver notre bonheur, dis-je à Olivier.
– J’espère ! Tu es vraiment sûre de toi ?
– Oui !
– Vivre ici ne va pas te manquer ?
– Bien sûr… mais je veux avancer avec toi.
Je l’embrassai en me penchant par-dessus le comptoir. Je devais continuer à franchir des étapes, même si, par moments, je me disais que cela allait trop vite ; j’avais peut-être accepté par confort et facilité, parce que je souhaitais que les choses restent simples, sans conflit, et je ne voulais pas faire un pas en arrière.
C’était un interdit que je m’imposais. J’étais bien avec Olivier, tout était doux, paisible.
Le lendemain soir, lorsqu’il arriva, j’étais sur le point de téléphoner à Abby. Il passa derrière le bar pour m’embrasser.
– Tu as passé une bonne journée ? lui demandai-je.
– Très bonne, tu fermes bientôt ?
– Je veux téléphoner à Abby, avant.
– Bien sûr.
– Sers-toi une bière.
Je ne me cachais pas pour appeler l’Irlande. Il savait que je tenais à Abby et que j’avais besoin de lui parler. Il n’en prenait pas ombrage. Je posai mes fesses près de la caisse, et m’accoudai au comptoir.
Olivier s’installa de l’autre côté et feuilleta un magazine. Je composai le numéro d’Abby et Jack, que je
connaissais par cœur. Un temps qui me sembla interminable s’écoula avant que quelqu’un décroche.
– Oui !
Ce n’était ni Abby ni Jack. Un frisson me parcourut le dos.
– Edward… c’est Diane.
Dans ma vision périphérique, je vis Olivier lever légèrement le nez de sa lecture.
– Comment vas-tu ? finit-il par me demander après de longues secondes de silence.
– Oh… bien, et toi ?
– Ça va…
J’entendis derrière lui la voix de Declan et souris.
– Et ton fils ?
– Mieux… au fait… je lui apprends la photo…
– C’est vrai ? C’est merveilleux… je…
Je préférais m’interrompre plutôt que dire à voix haute que j’aimerais les voir tous les deux avec leurs appareils. Cette envie venait de loin et me surprit par sa violence…
– C’est qui, papa ?
Edward soupira dans le combiné.
– Diane.
– Je veux lui parler ! Diane ! Diane !
– Edward, dis-lui que je l’embrasse, je ne peux pas m’attarder, Abby est là ?
Simple mesure de protection : en réalité, j’avais tout mon temps.
– Elle est couchée, mais je vais te passer Jack. À bientôt.
Tout en entamant ma conversation avec Jack, j’entendis Edward calmer Declan qui ne comprenait pas pourquoi il était le seul à ne pas me parler. Son père lui expliqua que j’étais pressée et que j’étais avec ma famille à Paris. Cela remit de la distance et les choses à leur place. J’arrêtai de les écouter et me concentrai sur les nouvelles. Jack m’annonça qu’Abby était très fatiguée depuis plusieurs jours. Je sentais l’inquiétude dans sa voix, mais aussi de la résignation.
– Je lui dirai que tu as téléphoné, elle me remontera les bretelles parce que je ne l’ai pas réveillée !
Tes appels lui font toujours beaucoup de bien.
– Je réessayerai demain. Embrasse-la pour moi. Je t’embrasse fort, Jack.
– Moi aussi, ma petite Française.