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– Comment es-tu arrivée là ? Qui es-tu ?

– Je suis ta fiancée promise, mais j’avais peur que les gens se moquent de moi en me voyant dans la rue. C’est pourquoi j’ai ordonné à la petite souillon de mettre ma robe et d’aller à l’église à ma place.

– Où est cette fille ? demanda le prince. Je veux la voir. Va la chercher !

La mariée sortit de la chambre et dit aux serviteurs que sa femme de chambre était une faussaire, et qu’il fallait sans tarder l’amener dans la cour et lui couper la tête. Les serviteurs attrapèrent Méline et voulurent l’emmener. Mais Méline se mit à crier et à appeler au secours si fort que le prince entendit sa voix et arriva en courant. Il ordonna qu’on relâche la jeune fille sur-le-champ. On apporta la lumière et le prince put voir que la Jeune fille avait autour du cou le collier en or qu’il lui avait donné.

– C’est toi la vraie mariée, dit-il, c’est toi que j’ai amenée à l’autel. Viens dans ma chambre.

Et une fois seuls, le prince demanda :

– Pendant le trajet vers l’église, tu as parlé de la princesse Méline à laquelle j’ai été fiancé. Si Je pouvais espérer que cela fût possible, je penserais qu’elle est devant moi ; tu lui ressembles tant !

Et la jeune fille répondit :

– Je suis Méline, celle qui, par amour pour toi, fut emprisonnée pendant sept ans dans un cachot obscur, celle qui a souffert de faim et de soif et qui a vécu si longtemps dans la misère et la détresse. Mais aujourd’hui enfin le soleil a de nouveau brillé pour moi. On nous a mariés à l’église et je suis ta femme légitime. Ils s’embrassèrent et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours.

Chapitre 23 Le Puits enchanté

Une veuve, qui s’était remariée, avait deux filles très belles dont l’une était travailleuse, et l’autre plutôt paresseuse. Elle avait pour préférée cette dernière parce que c’était sa propre fille. Quant à l’autre fillette, elle n’était pas beaucoup appréciée : on la faisait travailler dur toute la journée et on la traitait comme une servante.

La pauvre fillette devait chaque jour se rendre au bord du puits et filer jusqu’à ce qu’elle en ait le bout des doigts en sang. Un jour, alors que la bobine était toute tachée, la fillette se pencha au-dessus du puits pour la nettoyer. Mais la bobine lui glissa des mains et tomba tout au fond. Elle courut en pleurant chez sa belle-mère et lui raconta son malheur, mais la marâtre, impitoyable, la réprimanda violemment et lui dit : « Tu as laissé tomber la bobine au fond du puits, alors tu devras aller la reprendre ! » La fillette, bouleversée, retourna au puits sans savoir comment elle allait s’y prendre. Son cœur en détresse lui commanda de sauter ; ce qu’elle fit. En atteignant le fond du puits, elle perdit connaissance.

Lorsqu’elle reprit ses esprits, un soleil radieux brillait au-dessus d’elle, et un champ merveilleux rempli de millier de fleurs l’entourait. La fillette se mit à marcher et arriva près d’un four dans lequel beaucoup de pains cuisaient. Les pains lui crièrent : « Hé, sors-nous du four, sors-nous du four, nous allons brûler ! Nous cuisons depuis bien trop longtemps déjà. » La fillette s’approcha du four, et en sortit toutes les miches les unes après les autres. Elle poursuivit sa route et arriva près d’un pommier qui ployait sous le poids de ses fruits. L’arbre lui cria : « Hé ! Secoue-moi, secoue-moi, mes pommes vont se gâter ! Elles sont mûres depuis bien trop longtemps déjà. » La fillette secoua le pommier et les pommes tombèrent sur le sol comme une pluie. Lorsqu’elle les eut rassemblées en un tas, elle reprit son chemin.

Finalement, elle parvint à une petite maison et y aperçut une vieille femme. Quand elle vit que la vieille avait de très longues dents, elle s’effraya et voulut s’enfuit à toutes jambes, mais la vieille femme lui dit : « N’aie pas peur chère enfant, reste avec moi. Si tu tiens ma maison en ordre, alors tu ne manqueras de rien. Tu dois seulement t’assurer de bien faire mon lit et de secouer assidûment mon oreiller à la fenêtre, de sorte que les plumes s’en échappent et qu’ainsi il puisse neiger sur la Terre. Car c’est moi qui fait la neige : je suis la Dame Neige. » Elle la persuada si bien que la fillette se calma, consentit et se rendit à son service. Jour après jour, la jeune fille secoua fidèlement l’oreiller pour que des flocons de neige s’en échappent et elle fit tout ce qu’il fallait pour satisfaire la vieille dame. La vie était douce auprès d’elle : jamais de réprimandes et chaque jour de bons repas.

Alors qu’elle servait la Dame Neige depuis un bon moment déjà, la fillette en vint à se sentir triste. Au début, elle ne sut pas exactement ce qui pouvait la rendre ainsi, mais elle finit par comprendre qu’elle avait le mal du pays : bien qu’ici elle fut traitée mille fois mieux qu’à la maison, son chez-soi lui manquait. Un jour, elle alla voir la vieille dame et lui dit : « J’ai le mal du pays, et même si tout va très bien ici, je ne peux rester plus longtemps. Je dois retourner parmi les miens. » La Dame Neige répondit : « Je suis heureuse que tu veuilles retourner chez-toi. Et comme tu m’as servie si fidèlement, je vais te raccompagner. » Elle prit la fillette par la main et la conduisit devant un grand portail. Au moment même où la fillette franchissait le seuil, une pluie d’or s’abattit sur elle ; tout cet or se fixa sur ses vêtements et il en tomba tant qu’elle en fut complètement recouverte. Puis, le portail se referma, et la fillette se retrouva sur la Terre, non loin de sa demeure.

Quand elle entra dans la court, le coq, qui se tenait sur le rebord du puits, se mit à crier : « Cocorico ! Notre précieuse jeune fille est de retour ! » La fillette entra dans la maison et, parce qu’elle était toute recouverte d’or, fut bien accueillie par sa mère et sa sœur. Elle leur raconta alors tout ce qu’elle avait vécu. Lorsque la mère entendit comment elle avait reçu tant de richesse, elle voulut que sa première fille, celle qui était paresseuse, aille se procurer le même bonheur. Celle-ci dut s’asseoir auprès du puits et se mettre à filer. Trop paresseuse, elle ne fila pas : pour qu’il y ait du sang sur la bobine, elle se mit plutôt les mains dans les églantiers et se piqua les doigts. Elle lança ensuite la bobine au fond du puits et s’y jeta elle-même.

Elle se réveilla elle aussi au milieu du magnifique champ fleuri. Elle emprunta le même chemin que sa sœur, et lorsqu’elle arriva près du four, les pains lui crièrent : « Hé, sors-nous du four, sors-nous du four, nous allons brûler ! Nous cuisons depuis bien trop longtemps déjà. » Mais la paresseuse leur répondit : « Je n’ai pas envie de me salir ! » Et elle passa son chemin. Elle arriva bientôt près du pommier qui lui cria : « Hé ! Secoue-moi, secoue-moi, mes pommes vont se gâter ! Elles sont mûres depuis bien trop longtemps déjà. » Mais elle lui répondit : « Pas question ! Je pourrais en recevoir une sur la tête. » Et elle passa son chemin.

Lorsqu’elle parvint à la maison de Dame Neige, elle ne s’effraya pas, sachant déjà que la vieille dame avait de très longues dents, et elle se fit aussitôt engager. Le premier jour, elle accomplit toutes les taches qui lui étaient assignées, car elle pensait à sa récompense. Mais le deuxième jour, elle recommença à être un peu paresseuse, et un peu plus le troisième. Finalement, elle ne voulut même plus se lever le matin et ne secoua plus l’oreiller comme elle avait convenu de le faire.

Dame Neige en eut bientôt assez et décida de la congédier. La paresseuse s’en réjouit, songeant à la pluie d’or qui l’attendait. Mais lorsqu’elle traversa le seuil du grand portail, ce ne fut point de l’or qu’elle reçut, mais plutôt un plein chaudron de poix gluante et collante. « Voilà ta récompense pour ta paresse et tes mauvais services ! », lui dit la vieille dame en claquant la porte.

La paresseuse se retrouva chez-elle, toute couverte de cette poix, et quand le coq l’aperçut, il se mit à crier : « Cocorico ! Notre poisseuse jeune fille est de retour ! » La fillette eut beau se laver et se laver encore, la poix resta coller sur elle jusqu’à la fin de ses jours.

Chapitre 24 Raiponce

Il était une fois un mari et sa femme qui avaient depuis longtemps désiré avoir un enfant, quand enfin la femme fut dans l’espérance et pensa que le Bon Dieu avait bien voulu accomplir son vœu le plus cher. Sur le derrière de leur maison, ils avaient une petite fenêtre qui donnait sur un magnifique jardin où poussaient les plantes et les fleurs les plus belles ; mais il était entouré d’un haut mur, et nul n’osait s’aventurer à l’intérieur parce qu’il appartenait à une sorcière douée d’un grand pouvoir et que tout le monde craignait. Un jour donc que la femme se tenait à cette fenêtre et admirait le jardin en dessous, elle vit un parterre planté de superbes raiponces avec des rosettes de feuilles si vertes et si luisantes, si fraîches et si appétissantes, que l’eau lui en vint à la bouche et qu’elle rêva d’en manger une bonne salade. Cette envie qu’elle en avait ne faisait que croître et grandir de jour en jour ; mais comme elle savait aussi qu’elle ne pourrait pas en avoir, elle tomba en mélancolie et commença à dépérir, maigrissant et pâlissant toujours plus. En la voyant si bas, son mari s’inquiéta et lui demanda : « Mais que t’arrive-t-il donc, ma chère femme ?

– Ah ! lui répondit-elle, je vais mourir si je ne peux pas manger des raiponces du jardin de derrière chez nous ! »

Le mari aimait fort sa femme et pensa : « plutôt que de la laisser mourir, je lui apporterai de ces raiponces, quoi qu’il puisse m’en coûter ! » Le jour même, après le crépuscule, il escalada le mur du jardin de la sorcière, y prit en toute hâte une, pleine main de raiponces qu’il rapporta à son épouse. La femme s’en prépara immédiatement une salade, qu’elle mangea avec une grande avidité. Mais c’était si bon et cela lui avait tellement plu que le lendemain, au lieu que son envie fût satisfaite, elle avait triplé. Et pour la calmer, il fallut absolument que son mari retournât encore une fois dans le jardin. Au crépuscule, donc, il fit comme la veille, mais quand il sauta du mur dans le jardin, il se figea d’effroi car la sorcière était devant lui !

– Quelle audace de t’introduire dans mon jardin comme un voleur, lui dit-elle avec un regard furibond, et de venir me voler mes raiponces ! Tu vas voir ce qu’il va t’en coûter !

– Oh ! supplia-t-il, ne voulez-vous pas user de clémence et préférer miséricorde à justice ? Si Je l’ai fait, si je me suis décidé à le faire, c’est que j’étais forcé : ma femme a vu vos raiponces par notre petite fenêtre, et elle a été prise d’une telle envie d’en manger qu’elle serait morte si elle n’en avait pas eu.

La sorcière fit taire sa fureur et lui dit : « Si c’est comme tu le prétends, je veux bien te permettre d’emporter autant de raiponces que tu voudras, mais à une condition : c’est que tu me donnes l’enfant que ta femme va mettre au monde. Tout ira bien pour lui et j’en prendrai soin comme une mère. »

Le mari, dans sa terreur, accepta tout sans discuter. Et quelques semaines plus tard, quand sa femme accoucha, la sorcière arriva aussitôt, donna à l’enfant le nom de Raiponce et l’emporta avec elle.

Raiponce était une fillette, et la plus belle qui fut sous le soleil. Lorsqu’elle eut ses douze ans, la sorcière l’enferma dans une tour qui se dressait, sans escalier ni porte, au milieu d’une forêt. Et comme la tour n’avait pas d’autre ouverture qu’une minuscule fenêtre tout en haut, quand la sorcière voulait y entrer, elle appelait sous la fenêtre et criait :

Raiponce, Raiponce,

Descends-moi tes cheveux.

Raiponce avait de longs et merveilleux cheveux qu’on eût dits de fils d’or. En entendant la voix de la sorcière, elle défaisait sa coiffure, attachait le haut de ses nattes à un crochet de la fenêtre et les laissait se dérouler jusqu’en bas, à vingt aunes au-dessous, si bien que la sorcière pouvait se hisser et entrer.

Quelques années plus tard, il advint qu’un fils de roi qui chevauchait dans la forêt passa près de la tour et entendit un chant si adorable qu’il s’arrêta pour écouter. C’était Raiponce qui se distrayait de sa solitude en laissant filer sa délicieuse voix. Le fils de roi, qui voulait monter vers elle, chercha la porte de la tour et n’en trouva point. Il tourna bride et rentra chez lui ; mais le chant l’avait si fort bouleversé et ému dans son cœur, qu’il ne pouvait plus laisser passer un jour sans chevaucher dans la forêt pour revenir à la tour et écouter. Il était là, un jour, caché derrière un arbre, quand il vit arriver une sorcière qu’il entendit appeler sous la fenêtre :

Raiponce, Raiponce,

Descends-moi tes cheveux.

Alors Raiponce laissa se dérouler ses nattes et la sorcière grimpa. « Si c’est là l’escalier par lequel on monte, je veux aussi tenter ma chance », se dit-il ; et le lendemain, quand il commença à faire sombre, il alla au pied de la tour et appela :

Raiponce, Raiponce,

Descends-moi tes cheveux.

Les nattes se déroulèrent aussitôt et le fils de roi monta. Sur le premier moment, Raiponce fut très épouvantée en voyant qu’un homme était entré chez elle, un homme comme elle n’en avait jamais vu ; mais il se mit à lui parler gentiment et à lui raconter combien son cœur avait été touché quand il l’avait entendue chanter, et qu’il n’avait plus eu de repos tant qu’il ne l’eût vue en personne. Alors Raiponce perdit son effroi, et quand il lui demanda si elle voulait de lui comme mari, voyant qu’il était jeune et beau, elle pensa : « Celui-ci m’aimera sûrement mieux que ma vieille mère-marraine, la Taufpatin », et elle répondit qu’elle le voulait bien, en mettant sa main dans la sienne. Elle ajouta aussitôt :

– Je voudrais bien partir avec toi, mais je ne saurais pas comment descendre. Si tu viens, alors apporte-moi chaque fois un cordon de soie : j’en ferai une échelle, et quand elle sera finie, je descendrai et tu m’emporteras sur ton cheval.

Ils convinrent que d’ici là il viendrait la voir tous les soirs, puisque pendant la journée venait la vieille. De tout cela, la sorcière n’eût rien deviné si, un jour, Raiponce ne lui avait dit : « Dites-moi, mère-marraine, comment se fait-il que vous soyez si lourde à monter, alors que le fils du roi, lui, est en haut en un clin d’œil ?

– Ah ! scélérate ! Qu’est-ce que j’entends ? s’exclama la sorcière. Moi qui croyais t’avoir isolée du monde entier, et tu m’as pourtant flouée ! »

Dans la fureur de sa colère, elle empoigna les beaux cheveux de Raiponce et les serra dans sa main gauche en les tournant une fois ou deux, attrapa des ciseaux de sa main droite et cric-crac, les belles nattes tombaient par terre. Mais si impitoyable était sa cruauté, qu’elle s’en alla déposer Raiponce dans une solitude désertique, où elle l’abandonna à une existence misérable et pleine de détresse.

Ce même jour encore, elle revint attacher solidement les nattes au crochet de la fenêtre, et vers le soir, quand le fils de roi arriva et appela :

Raiponce, Raiponce,

Descends-moi tes cheveux.

La sorcière laissa se dérouler les nattes jusqu’en bas. Le fils de roi y monta, mais ce ne fut pas sa bien-aimée Raiponce qu’il trouva en haut, c’était la vieille sorcière qui le fixait d’un regard féroce et empoisonné.

– Ha, ha ! ricana-t-elle, tu viens chercher la dame de ton cœur, mais le bel oiseau n’est plus au nid et il ne chante plus : le chat l’a emporté, comme il va maintenant te crever les yeux. Pour toi, Raiponce est perdue tu ne la verras jamais plus !

Déchiré de douleur et affolé de désespoir, le fils de roi sauta par la fenêtre du haut de la tour : il ne se tua pas ; mais s’il sauva sa vie, il perdit les yeux en tombant au milieu des épines ; et il erra, désormais aveugle, dans la forêt, se nourrissant de fruits sauvages et de racines, pleurant et se lamentant sans cesse sur la perte de sa femme bien-aimée. Le malheureux erra ainsi pendant quelques années, aveugle et misérable, jusqu’au jour que ses pas tâtonnants l’amenèrent dans la solitude où Raiponce vivait elle-même misérablement avec les deux jumeaux qu’elle avait mis au monde : un garçon et une fille. Il avait entendu une voix qu’il lui sembla connaître, et tout en tâtonnant, il s’avança vers elle. Raiponce le reconnut alors et lui sauta au cou en pleurant. Deux de ses larmes ayant touché ses yeux, le fils de roi recouvra complètement la vue, et il ramena sa bien-aimée dans son royaume, où ils furent accueillis avec des transports de joie et vécurent heureux désormais pendant de longues, longues années de bonheur.

Chapitre 25 Le Renard et le chat

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