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– Cabillaud, cher cabillaud ! Ma femme, mon Isabelle, malgré moi, elle veut absolument quelque chose.

– Que lui faut-il donc ? dit le poisson qui se présenta aussitôt, la tête hors de l’eau.

– Ne s’est-elle pas mise en tête de devenir reine !

– Rentre chez toi, la chose est déjà faite, dit la bête.

Et, en effet, Pierre trouva sa femme installée sur un trône en or, orné de gros diamants, une magnifique couronne sur la tête, entourée de demoiselles d’honneur, richement habillées de brocard, et l’une plus belle que l’autre ; à la porte du palais, qui était encore bien plus splendide que le château de la veille, se tenaient des gardes en uniformes brillants une musique militaire jouait une joyeuse fanfare ; une nuée de laquais galonnés était répandue dans les vastes cours, où étaient rangés de magnifiques équipages.

– Eh bien, dit le pêcheur, j’espère que te voilà au comble de tes vœux ; naguère pauvre entre les plus pauvres, te voilà une puissante reine.

– Oui, répondit la femme, c’est un sort assez agréable, mais il y a mieux, et je ne comprends pas comment je n’y ai pas pensé ; je veux être impératrice, ou plutôt empereur ; oui, je veux être empereur !

– Mais, ma femme, tu perds le sens ; non, je n’irai pas demander une chose aussi folle à ce bon cabillaud ; il finira par m’envoyer promener, et il aura raison.

– Pas d’observations, répliqua-t-elle ; je suis la reine et tu n’es que le premier de mes sujets. Donc, obéis sur-le-champ.

Pierre s’en fut vers la mer, pensant qu’il faisait une course inutile. Arrivé sur la plage, il vit la mer noire, presque comme de l’encre ; le vent soufflait avec violence et soulevait d’énormes vagues.

– Cabillaud, cher cabillaud, s’écria-t-il, ma femme, mon Isabelle, malgré moi, elle veut encore quelque chose.

– Qu’est-ce encore ? dit le poisson qui se montra aussitôt.

– Les grandeurs lui tournent la tête, elle souhaite d’être empereur.

– Retourne chez toi, répondit le poisson ; la chose est faite.

Lorsque Pierre revint chez lui, il aperçut un immense palais, tout construit en marbre précieux ; le toit en était de lames d’or. Après avoir passé par une vaste cour, remplie de belles statues et de fontaines qui lançaient les plus délicieux parfums, il traversa une haie formée de gardes d’honneur, tous géants de plus de six pieds ; et, après avoir passé par une enfilade d’appartements décorés avec une richesse extrême, il atteignit une vaste salle où sur un trône d’or massif, haut de deux mètres, se tenait sa femme, revêtue d’une robe splendide, toute couverte de gros diamants et de rubis, et portant une couronne qui à elle seule valait plus que bien des royaumes ; elle était entourée d’une cour composée rien que de princes et de ducs ; les simples comtes étaient relégués dans l’antichambre.

Isabelle paraissait tout à fait à son aise au milieu de ces splendeurs.

– Eh bien, lui dit Pierre, j’espère que te voilà au comble de tes vœux ; il n’y a jamais eu de sort comparable au tien.

– Nous verrons cela demain, répondit-elle.

Après un festin magnifique, elle alla se coucher ; mais elle ne put dormir ; elle était tourmentée à l’idée qu’il y avait peut-être quelque chose de plus désirable encore que d’être empereur. Le matin, lorsqu’elle se leva, elle vit que le ciel était brumeux.

« Tiens, se dit-elle, je voudrais bien voir le soleil ; les nuages sombres m’attristent. Oui, mais, pour faire lever le soleil, il faudrait être le bon Dieu. C’est cela, je veux être aussi puissante que le bon Dieu. »

Toute ravie de son idée, elle s’écria :

– Pierre, habille-toi sur-le-champ, et va dire à ce brave cabillaud que je désire avoir la toute-puissance sur l’univers, comme le bon Dieu ; il ne peut pas te refuser cela.

Le brave pêcheur fut tellement saisi d’effroi, en entendant ces paroles impies, qu’il dut se tenir à un meuble pour ne pas tomber à la renverse.

– Mais, ma femme, dit-il, tu es tout à fait folle. Comment, il ne te suffit pas de régner sur un immense et riche empire ?

– Non, dit-elle, cela me vexe, de ne pas pouvoir faire se lever ou se coucher le soleil, la lune et les astres. Il me faut pouvoir leur commander comme le bon Dieu.

– Mais enfin, cela passe le pouvoir de ce bon cabillaud ; il se fâchera à la fin, si je viens l’importuner avec une demande aussi insensée.

– Un empereur n’admet pas d’observations, répliqua-t-elle avec colère ; fais ce que je t’ordonne, et cela, sur-le-champ.

Le brave Pierre, le cœur tout en émoi, se mit en route. Il s’était levé une affreuse tempête, qui courbait les arbres les plus forts des forêts, et faisait trembler les rochers ; au milieu du tonnerre et des éclairs, le pêcheur atteignit avec peine la plage. Les vagues de la mer étaient hautes comme des tours, et se poussaient les unes les autres avec un épouvantable fracas.

– Cabillaud, cher cabillaud, s’écria Pierre, ma femme, mon Isabelle, malgré moi, elle veut encore une dernière chose.

– Qu’est-ce donc ? dit le poisson, qui apparut aussitôt.

– J’ose à peine le dire, répondit Pierre ; elle veut être toute-puissante comme le bon Dieu.

– Retourne chez toi, dit le cabillaud, et tu la trouveras dans la pauvre cabane, d’où je l’avais tirée.

Et, en effet, palais et splendeurs avaient disparu ; l’insatiable Isabelle, vêtue de haillons, se tenait sur un escabeau dans son ancienne misérable hutte. Pierre en prit vite son parti, et retourna à ses filets ; mais jamais plus sa femme n’eut un moment de bonheur.

Chapitre 17 Le Petit Chaperon rouge

Il était une fois une petite fille que tout le monde aimait bien, surtout sa grand-mère. Elle ne savait qu’entreprendre pour lui faire plaisir. Un jour, elle lui offrit un petit bonnet de velours rouge, qui lui allait si bien qu’elle ne voulut plus en porter d’autre. Du coup, on l’appela « Chaperon rouge ».

Un jour, sa mère lui dit :

– Viens voir, Chaperon rouge : voici un morceau de gâteau et une bouteille de vin. Porte-les à ta grand-mère ; elle est malade et faible ; elle s’en délectera ; fais vite, avant qu’il ne fasse trop chaud. Et quand tu seras en chemin, sois bien sage et ne t’écarte pas de ta route, sinon tu casserais la bouteille et ta grand-mère n’aurait plus rien. Et quand tu arriveras chez elle, n’oublie pas de dire « Bonjour » et ne va pas fureter dans tous les coins.

– Je ferai tout comme il faut, dit le Petit Chaperon rouge à sa mère.

La fillette lui dit au revoir. La grand-mère habitait loin, au milieu de la forêt, à une demi-heure du village. Lorsque le Petit Chaperon rouge arriva dans le bois, il rencontra le Loup. Mais il ne savait pas que c’était une vilaine bête et ne le craignait point.

– Bonjour, Chaperon rouge, dit le Loup.

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