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- Non… Je… Je la déteste, en fait.

Elle eut un sourire merveil eux.

- Comment peut-on détester la pluie ? Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau.

Regardez ! Regardez !

Il leva la tête : l’eau lui perla sur le visage. Il regarda ces mil ions de traits qui striaient le paysage et il tourna sur lui-même. Elle fit de même. Ils rirent, ils étaient trempés. Ils finirent par al er s’abriter sous les piliers de la terrasse. Il sortit de sa poche un paquet de cigarettes en partie épargné par le déluge et en alluma une.

- Je peux en avoir une ? demanda-t-elle.

Il lui tendit son paquet et elle se servit. Il était subjugué.

- Vous êtes l’écrivain, c’est ça ? demanda-t-elle.

- Oui.

- Vous venez de New York…

- Oui.

- J’ai une question pour vous : pourquoi avoir quitté New York pour venir dans ce trou perdu ?

Il sourit :

- J’avais envie de changer d’air.

- J’aimerais tellement visiter New York ! dit-elle. J’y marcherais pendant des heures, et je verrais tous les spectacles de Broadway. Je me verrais bien vedette.

Vedette à New York…

- Pardonnez-moi, l’interrompit Harry, mais est-ce qu’on se connaît ?

Elle rit encore, de ce rire délicieux.

- Non. Mais tout le monde sait qui vous êtes. Vous êtes l’écrivain. Bienvenue à Aurora, Monsieur. Je m’appelle Nola. Nola Kel ergan.

- Harry Quebert.

- Je sais. Tout le monde le sait, je vous l’ai dit.

Il lui tendit la main pour la saluer, mais elle prit appui sur son bras et, se dressant sur la pointe des pieds, elle l’embrassa sur la joue.

- Il faut que j’y aille. Vous ne direz pas que je fume, hein ?

- Non, c’est promis.

- Au revoir, Monsieur l’Écrivain. J’espère que nous nous reverrons.

Et elle disparut à travers la pluie battante.

Il était complètement remué. Qui était cette fil e ? Son cœur battait fort. Il resta longtemps, immobile, sous sa terrasse; jusqu’à ce que tombe l’obscurité du soir. Il ne sentait plus ni la pluie, ni la nuit. Il se demandait quel âge elle pouvait avoir. Elle était trop jeune, il le savait. Mais il était conquis. Elle avait mis le feu à son âme.

C’est un appel de Douglas qui me ramena à la réalité. Deux heures s’étaient écoulées, le soir tombait. Dans la cheminée, il ne restait plus que des braises.

- Tout le monde parle de toi, me dit Douglas. Personne ne comprend ce que tu viens faire dans le New Hampshire… Tout le monde dit que t’es en train de faire la plus

grosse connerie de ta vie.

- Tout le monde sait que Harry et moi, nous sommes amis. Je ne peux pas ne rien faire.

- Mais là c’est différent, Marc. Il y a ces histoires de meurtres, ce bouquin. Je crois que tu ne réalises pas l’ampleur du scandale. Barnaski est furieux, il se doute que tu n’as pas de nouveau roman à lui présenter. Il dit que t’es allé te planquer dans le New Hamsphire. Et il n’a pas tort… on est le 17 juin, Marc. Dans treize jours, le délai arrive à échéance. Dans treize jours, tu es fini.

- Mais nom de Dieu, tu crois que je ne le sais pas ? C’est pour ça que tu m’appel es ? Pour me rappeler dans quelle situation je me trouve ?

- Non, je t’appelle parce que je crois que j’ai eu une idée.

- Une idée ? Je t’écoute.

- Écris un livre sur l’affaire Harry Quebert.

- Quoi ? Non, hors de question, je ne vais pas relancer ma carrière sur le dos de Harry.

- Pourquoi sur le dos ? Tu m’as dit que tu voulais al er le défendre. Prouve son innocence et écris un livre sur tout ça. Tu imagines le succès que ça aurait ?

- Tout ça en dix jours ?

- J’en ai parlé à Barnaski, pour le calmer…

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