"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » » Hugo Victor - Les Misérables Tome I – Fantine

Add to favorite Hugo Victor - Les Misérables Tome I – Fantine

Select the language in which you want the text you are reading to be translated, then select the words you don't know with the cursor to get the translation above the selected word!




Go to page:
Text Size:

«Post-scriptum. Le dîner est payé.»

Les quatre jeunes filles se regardèrent.

Favourite rompit la première le silence.

– Eh bien! s'écria-t-elle, c'est tout de même une bonne farce.

– C'est très drôle, dit Zéphine.

– Ce doit être Blachevelle qui a eu cette idée-là, reprit Favourite. Ça me rend amoureuse de lui. Sitôt parti, sitôt aimé. Voilà l'histoire.

– Non, dit Dahlia, c'est une idée à Tholomyès. Ça se reconnaît.

– En ce cas, reprit Favourite, mort à Blachevelle et vive Tholomyès!

– Vive Tholomyès! crièrent Dahlia et Zéphine.

Et elles éclatèrent de rire.

Fantine rit comme les autres.

Une heure après, quand elle fut rentrée dans sa chambre, elle pleura. C'était, nous l'avons dit, son premier amour; elle s'était donnée à ce Tholomyès comme à un mari, et la pauvre fille avait un enfant.


  1. <a l:href="#_Toc91584409">[62]</a> L'exactitude locale des faits, que Hugo pouvait connaître par le Lesur et à laquelle E. Biré consacra tout un livre vétilleux (L'Année 1817, Champion, 1895), importe moins que leur sens. Il s'établit dans le rapport de ce livre avec Waterloo (II, 1), avec la jeunesse de Marius (III, 3 et 4) et l'évocation des années 1830-1832 (IV, 1 et 10) et avec celle des journées de juin 1848 (V, 1, 1). Il s'établit aussi dans sa valeur autobiographique puisque c'est en 1817 que débuta la carrière de Hugo. Vis-à-vis de l'histoire comme de l'œuvre du poète, l'époque reçoit ici l'aspect qui convient à l'épisode qui va suivre: celui d'une farce. Pour Hugo, toujours la poussière des faits dément apparemment le sens de l'histoire, mais ici son progrès ne parvient pas à émerger de l'«éternelle présence du passé».

  2. <a l:href="#_ftnref63">[63]</a> La précision de ce profil est peut-être l'effet d'un souvenir personnel; avec les autres élèves de la pension Cordier, Victor Hugo entendait la messe à Saint-Germain-des-Prés.

  3. <a l:href="#_ftnref63">[64]</a> Spectaculaire cérémonie, militaire et civique tenue le 1er juin 1815 au champ de Mars, pour recenser et proclamer les votes ratifiant l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire.

  4. <a l:href="#_ftnref63">[65]</a> Léger anachronisme ici. Le colonel Touquet ne publia en effet les œuvres choisies de Voltaire qu'en 1820. Les fameuses tabatières contenant le texte gravé de la Charte de 1814 ne furent vendues, elles aussi, qu'en 1820.

  5. <a l:href="#_ftnref63">[66]</a> L'Hôtel de Cluny, vendu aux enchères en 1807, était devenu la propriété d'un éditeur-imprimeur, M. Moutard.

  6. <a l:href="#_ftnref63">[67]</a>Ourika ne fut écrite qu'à partir de 1820. Son auteur, la duchesse de Duras, animait de célèbres soirées où Chateaubriand côtoyait Fontanes, Villemain, Cuvier ou Arago.

  7. <a l:href="#_ftnref63">[68]</a> V. Hugo, âgé de 15 ans alors, concourut en cachette de ses maîtres à ce prix. Son poème obtint une mention; un accessit fut attribué à Charles Loyson – voir note 80.

  8. <a l:href="#_ftnref63">[69]</a> Angoulême était en effet, pour honorer son duc, siège d'une école de marine, transférée à Brest en 1830. En novembre 1817, Hugo dédia au «héros du Midi» le poème La Franceau duc d'Angoulême, Grand Amiral, en tournée dans les ports de France (voir V. Hugo, Œuvres Complètes, édition chronologique sous la direction de J. Massin, t. I, p. 185).

  9. <a l:href="#_ftnref63">[70]</a> Il s'agit de Marie Caroline de Naples.

  10. <a l:href="#_ftnref63">[71]</a> Ce périodique ne commença à paraître qu'en 1818, mais la faute d'orthographe est authentique.

  11. <a l:href="#_ftnref63">[72]</a> Comme David, banni en 1816, et Carnot, proscrit après les Cent Jours et qui devait mourir en exil à Magdebourg, Arnault est une des gloires tombées de l'Empire qui avait fait de ce dramaturge un administrateur. C'est le 22 mars 1817 que la tragédie Germanicus tomba, plus, semble-t-il, sous les coups de canne que sous les sifflets. Hugo écrivit à ce sujet, le 29 mars 1817, un court poème intitulé Sur la tragédie de Germanicus – voir éd. J. Massin, t. I, p. 159.

  12. <a l:href="#_ftnref63">[73]</a>Redivivus: ressuscité. La statue rut rétablie en août 1818. Victor Hugo avait consacré une ode à cet événement qui était le sujet imposé du grand prix des Jeux Floraux, le lys d'or, qu'il remporta. Il avait assisté au transport de la statue, et y avait participé: «Victor, présent à l'opération, n'y put tenir et il fallut que sa petite main s'attelât au colosse.» (Victor Hugo raconté par Adèle Hugo, ouv. cit., p. 319.)

  13. <a l:href="#_ftnref63">[74]</a> Conspiration royaliste qui réunissait, dans l'été 1818, quelques officiers sur la terrasse des Tuileries en bordure de Seine. Elle visait à contraindre Louis XVIII d'abdiquer en faveur de son frère, le comte d'Artois, futur Charles X.

  14. <a l:href="#_ftnref63">[75]</a> Société secrète bonapartiste, poursuivie, jugée et acquittée en 1817.

  15. <a l:href="#_ftnref63">[76]</a> Hugo condense ici un souvenir historique – La Monarchieselon la Charte est bien de 1817 – et le souvenir personnel de ses premières visites, en mars 1820, au grand homme. Ce récit est très proche de celui, fait par Adèle, de la seconde visite: «M. de Chateaubriand se déshabilla entièrement, enleva son gilet de flanelle, son pantalon de molleton gris, ses pantoufles de maroquin vert, et dénouant de sa tête un madras, se plongea dans l'eau […]. La toilette des dents vint après. M. de Chateaubriand les avait fort belles; il avait à leur usage une trousse de dentiste, et tout en travaillant la mâchoire, il continuait la conversation.» (ouv. cit., p. 336.)

  16. <a l:href="#_ftnref63">[77]</a> Dans cet alphabet des critiques de l'époque, Hugo distingue le journaliste français Hoffman qui signait «H» en 1817, mais bien «Z» en 1824 au bas d'un article peu aimable pour les Odes du jeune poète Hugo qui échangea avec «Z», d'abord dans Le Journal des Débats puis dans La Gazettede France, toute une série d'articles, de juin à août 1824.

  17. <a l:href="#_ftnref63">[78]</a> Ces deux frères, le premier abbé, le second député, semblent bien avoir été autant de droite l'un que l'autre.

  18. <a l:href="#_ftnref63">[79]</a> Ce Pelicier, s'il n'a jamais édité Voltaire, a en revanche été le premier éditeur des Odes de V. Hugo, sans y mettre d'enthousiasme à en croire Adèle Hugo (voir le Victor Hugo raconté…, ouv. cit., p. 358).

  19. <a l:href="#_ftnref63">[80]</a> Ce lauréat de l'accessit académique – voir note 68 -, piètre albatros, incarne pour Hugo ce que la Restauration est à la société après la Révolution et l'Empire: une parodie. De même le vers qui suit inverse les termes de celui de Lemierre: «Même quand l'oiseau marche on sent qu'il a des ailes». (Voir Victor Hugo raconté…, p. 302.)

  20. <a l:href="#_ftnref81">[81]</a> Le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, réfugié à Rome après 1815, avait refusé de se démettre de son archiépiscopat.

  21. <a l:href="#_ftnref81">[82]</a> Déjà connu en effet par quelques articles littéraires français et quelques traductions. Mais sa vraie vogue est plus tardive.

  22. <a l:href="#_ftnref81">[83]</a> Un peu plus âgé que Hugo, ce sculpteur qui fut son ami avait 28 ans en 1817 et exposait pour la première fois. Il entre dans la série – Fourier, Saint-Simon, Byron, Lamennais, le bateau à vapeur, Hugo lui-même – des signes annonciateurs, encore ignorés, du siècle qui vient.

  23. <a l:href="#_ftnref81">[84]</a> Autre souvenir recueilli par le Victor Hugo raconté… (ouv. cit., p. 128), c'est en 1821 que Hugo, introduit par le duc de Rohan, revint sur les lieux de son enfance pour y rencontrer Lamennais.L'Institut des nobles orphelins dirigé par l'abbé Caron, qui était installé lui aussi aux Feuillantines, offre, ne serait-ce que par son nom, un singulier maillon entre le collège des Nobles, la maison d'enfance de Hugo et le couvent qui recueillera Cosette orpheline.

  24. <a l:href="#_ftnref81">[85]</a> Lancée sur la Seine en août 1816, cette invention de Jouffroy semble n'avoir rencontré qu'indifférence et se solda par un échec financier. Ce thème sera repris très largement par Hugo dans Les Travailleurs de la mer.

  25. <a l:href="#_ftnref81">[86]</a> «M. de Vaublanc, alors ministre, qui avait fait des académiciens par ordonnance, voulut être académicien par l'Académie. Il avait publié un gros lourd poème qu'il appelait Le Dernier des Césars. Il se présenta, fit des visites, etc. Au premier tour du scrutin, il n'eut que quatorze voix contre seize. M. de Roquelaure, qui avait voté pour lui, dit à haute voix: Donnez-moi un autre nom. Un ministre qui ne passe pas au premier tour ne passe pas du tout.» (Choses vues, édité par H. Juin, Gallimard, «Folio»› 1830-1846, p. 483).

  26. <a l:href="#_ftnref81">[87]</a> Métaphore désignant le locataire: le comte d'Artois, comme plus tard le «château» désignera le roi Louis-Philippe et son entourage.

  27. <a l:href="#_ftnref81">[88]</a> Le Victor Hugo raconté… a consigné l'entrevue, très encourageante et fleurie de vers, que cet académicien accorda au jeune Hugo (p. 303). Comme on sait, cette tendresse protectrice aboutit à une «collaboration» de V. Hugo aux œuvres de M. de Neuchâteau, ici reportée sur Marius (III, 6, 4).

  28. <a l:href="#_ftnref81">[89]</a> C'est en fait comme «indigne», et non «infâme», que l'élection de l'abbé Grégoire à la Chambre en 1819 fut annulée par le ministère.

  29. <a l:href="#_ftnref81">[90]</a> Royer-Collard ne sera élu à l'Académie qu'en 1827. En 1817, il est plus célèbre comme orateur à la Chambre que comme grammairien puriste.

  30. <a l:href="#_ftnref81">[91]</a> Cet établissement réapparaîtra dans Mille Francs de récompense sous le nom de «Bal des Neuf Muses, ancien Tripot Sauvage», orné, au grand plaisir de Glapieu, du buste de Napoléon, chose étonnante sous la Restauration.

  31. <a l:href="#_ftnref81">[92]</a> Village voisin de Nivelles, un des lieux de Waterloo, voir II, 1.

  32. <a l:href="#_ftnref81">[93]</a> «Prière de boutonner votre culotte avant de sortir.»

  33. <a l:href="#_ftnref94">[94]</a> Chanson anonyme, dans le goût oriental:Chantez, enfants du rivage d'Asie. Des mains d'Oscar j'ai reçu le mouchoir; Brûlez pour lui les.parfums d'Arabie, Oscar s'avance, Oscar, je vais le voir.Autre signe de la vogue de ce prénom, Glapieu, dans Mille Francs de récompense, pour se faire ouvrir par Cyprienne, lance d'abord «Alfred», puis «Oscar». Oscar est aussi un des personnages de La Forêt mouillée.

  34. <a l:href="#_ftnref95">[95]</a> D'abord prénommée Marguerite Louet (voir plus loin «marguerite ou perle», en latin margarita signifie perle – texte annoté 62), Fantine semble l'écho décapité de «enfantine». Hugo se souvient peut-être aussi de ces fées protectrices de l'enfance, nommées Fantine par les Vaudois d'Arras, ainsi qu'aurait pu le lui apprendre, par Michelet interposé, un livre du pasteur Muston, paru en 1834, selon une hypothèse soutenue par J. Gaulmier. Sur l'onomastique des Misérables, voir d'Anne Ubersfeld, «Nommer la misère», Revue des Sciences Humaines, oct.-déc. 1974.

  35. <a l:href="#_ftnref96">[96]</a> Ce qualificatif anticipa sur 1830. C 'est en effet à la première d'Hernani que fut jeté le fameux cri: «à la guillotine, les genoux». Voir Th. Gautier, Le Gilet rouge. Ce portrait peu séduisant se complète par l'étymologie grecque du nom de Tholomyès où l'on peut lire «initié – ou initiateur – à la merde».

  36. <a l:href="#_ftnref97">[97]</a> Célèbre empoisonneur, déjà cité dans Le Dernier Jour d'un condamné (chap. XI et XII) et qui se retrouvera, parmi d'autres criminels connus, en III, 1, 7.

  37. <a l:href="#_ftnref98">[98]</a> Sur le même thème, le poème XXIII des Feuilles d'automne commence par les mêmes mots. Mais la nostalgie n'est plus ce qu'elle était car l'avenir réservé à Fantine, et la «fin» choisie par Tholomyès et ses amis, enlèvent de leur innocence à ces souvenirs.

  38. <a l:href="#_ftnref98">[99]</a> Voir, dans La Foretmouillée (1854):BALMINETTEBigre de bigre!Je me mouille les pieds! Nous sommes embourbés.Mes brodequins tout neufs de dix francs sont flambés.

Are sens