Il fut réveillé par un grand choc, et, ouvrant les yeux, il aperçut deux tricornes de cuir verni penchés sur lui, et les deux gendarmes du matin qui lui tenaient et lui liaient les bras.
– Je savais bien que je te repincerais, dit le brigadier goguenard.
Randel se leva sans répondre un mot. Les hommes le secouaient, prêts à le rudoyer, s’il faisait un geste, car il était leur proie à présent, il était devenu du gibier de prison, capturé par ces chasseurs de criminels qui ne le lâcheraient plus.
– En route ! commanda le gendarme.
Ils partirent. Le soir venait, étendant sur la terre un crépuscule d’automne, lourd et sinistre.
Au bout d’une demi-heure, ils atteignirent le 273
village.
Toutes les portes étaient ouvertes, car on savait les événements. Paysans et paysannes soulevés de colère, comme si chacun eût été volé, comme si chacune eût été violée, voulaient voir rentrer le misérable pour lui jeter des injures.
Ce fut une huée qui commença à la première maison pour finir à la mairie, où le maire attendait aussi, vengé lui-même de ce vagabond.
Dès qu’il l’aperçut, il cria de loin :
– Ah, mon gaillard ! nous y sommes.
Et il se frottait les mains, content comme il l’était rarement.
Il reprit : « Je l’avais dit, je l’avais dit, rien qu’en le voyant sur la route. »
Puis, avec un redoublement de joie :
– Ah ! gredin, ah ! sale gredin, tu tiens tes vingt ans, mon gaillard !
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Table
Le Horla ...............................................................5
Amour ................................................................59
Le trou................................................................71
Sauvée ................................................................86
Clochette ............................................................99
Le marquis de Fumerol ....................................110
Le signe............................................................127
Le diable...........................................................140
Les Rois ...........................................................157
Au bois .............................................................184
Une famille.......................................................195
Joseph...............................................................206
L’auberge .........................................................221
Le vagabond.....................................................249
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Cet ouvrage est le 429e publié
dans la collection À tous les vents par la Bibliothèque électronique du Québec.
La Bibliothèque électronique du Québec est la propriété exclusive de
Jean-Yves Dupuis.
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