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Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre Les fleuves de charbon monter au firmament

© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 64 / 106

Et la lune verser son pâle enchantement.

Je verrai les printemps, les étés, les automnes; Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones, Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.

Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.

L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre, Ne fera pas lever mon front de mon pupitre; Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon cœur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

LXXXVII Le Soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures Les persiennes, abri des sécrètes luxures, Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime, Flairant dans tous les coins les hasards de la rime, Trébuchant sur les mots comme sur les pavés Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses, Eveille dans les champs les vers comme les roses; Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel, Et remplit les cerveaux et les ruches le miel.

C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles Et les rend gais et doux comme des jeunes filles, Et commande aux moissons de croître et de mûrir Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir!

Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes, Il ennoblit le sort des choses les plus viles, Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

LXXXVIII A une Mendiante rousse

© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 65 / 106

Blanche fille aux cheveux roux, Dont la robe par ses trous

Laisse voir la pauvreté

Et la beauté,

Pour moi, poète chétif,

Ton jeune corps maladif,

Plein de taches de rousseur,

A sa douceur.

Tu portes plus galamment

Qu'une reine de roman

Ses cothurnes de velours

Tes sabots lourds.

Au lieu d'un haillon trop court,

Qu'un superbe habit de cour

Traîne à plis bruyants et longs

Sur tes talons;

En place de bas troués

Que pour les yeux des roués

Sur ta jambe un poignard d'or

Reluise encor;

Que des nœuds mal attachés

Dévoilent pour nos péchés

Tes deux beaux seins, radieux

Comme des yeux;

Que pour te déshabiller

Tes bras se fassent prier

Et chassent à coups mutins

Les doigts lutins,

Perles de la plus belle eau,

Sonnets de maître Belleau

Par tes galants mis aux fers

Sans cesse offerts,

Valetaille de rimeurs

Te dédiant leurs primeurs

Et contemplant ton soulier

Sous l'escalier,

© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 66 / 106

Maint page épris du hasard, Maint seigneur et maint Ronsard

Are sens