"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » » "Les Fleurs du mal" de Charles Baudelaire

Add to favorite "Les Fleurs du mal" de Charles Baudelaire

Select the language in which you want the text you are reading to be translated, then select the words you don't know with the cursor to get the translation above the selected word!




Go to page:
Text Size:

CI Brumes et Pluies

O fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue, Endormeuses saisons! je vous aime et vous loue D'envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.

Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue, Où par les longues nuits la girouette s'enroue, Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau Ouvrira largement ses ailes de corbeau.

Rien n'est plus doux au cœur plein de choses funèbres, Et sur qui dès longtemps descendent les frimas, O blafardes saisons, reines de nos climats, Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,

- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux, D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.

CII Rêve parisien

A Constantin Guys

© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 80 / 106

I

De ce terrible paysage,

Tel que jamais mortel n'en vit,

Ce matin encore l'image,

Vague et lointaine, me ravit.

Le sommeil est plein de miracles!

Par un caprice singulier

J'avais banni de ces spectacles

Le végétal irrégulier,

Et, peintre fier de mon génie,

Je savourais dans mon tableau

L'enivrante monotonie

Du métal, du marbre et de l'eau.

Babel d'escaliers et d'arcades,

C'était un palais infini

Plein de bassins et de cascades

Tombant dans l'or mat ou bruni;

Et des cataractes pesantes,

Comme des rideaux de cristal

Se suspendaient, éblouissantes,

A des murailles de métal.

Non d'arbres, mais de colonnades

Les étangs dormants s'entouraient

Où de gigantesques naïades,

Comme des femmes, se miraient.

Des nappes d'eau s'épanchaient, bleues, Entre des quais roses et verts,

Pendant des millions de lieues,

Vers les confins de l'univers:

C'étaient des pierres inouïes

Et des flots magiques, c'étaient

D'immenses glaces éblouies

Par tout ce qu'elles reflétaient!

Insouciants et taciturnes,

Des Ganges, dans le firmament,

© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 81 / 106

Versaient le trésor de leurs urnes Dans des gouffres de diamant.

Architecte de mes féeries,

Je faisais, à ma volonté,

Sous un tunnel de pierreries

Passer un océan dompté;

Et tout, même la couleur noire,

Semblait fourbi, clair, irisé;

Are sens