Ă©tait une tentative. HĂ©las ! Combien dâignorances et dâerreurs se sont incorporĂ©es en nous !
Ce nâest pas seulement la raison des millĂ©naires, câest aussi leur folie qui Ă©clate en nous.
Il est dangereux dâĂȘtre hĂ©ritier.
Nous luttons encore pied Ă pied avec le gĂ©ant hasard et, sur toute lâhumanitĂ©, jusquâĂ prĂ©sent le non-sens rĂ©gnait encore.
Que votre esprit et votre vertu servent le sens de la terre, mes frĂšres : et la valeur de toutes choses se renouvellera par vous ! Câest pourquoi vous devez ĂȘtre des crĂ©ateurs.
Le corps se purifie par le savoir ; il sâĂ©lĂšve en essayant avec science ; pour celui qui cherche la connaissance tous les instincts se sanctifient ; lâĂąme de celui qui est Ă©levĂ© se rĂ©jouit.
MĂ©decin, aide-toi toi-mĂȘme et tu sauras secourir ton malade. Que ce soit son meilleur
secours de voir, de ses propres yeux, celui qui se guĂ©rit lui-mĂȘme.
Il y a mille sentiers qui nâont jamais Ă©tĂ© parcourus, mille santĂ©s et mille terres cachĂ©es
de la vie. Lâhomme et la terre des hommes nâont pas encore Ă©tĂ© dĂ©couverts et Ă©puisĂ©s.
Veillez et Ă©coutez, solitaires. Des souffles aux essors secrets viennent de lâavenir ; un joyeux messager cherche de fines oreilles.
Solitaires dâaujourdâhui, vous qui vivez sĂ©parĂ©s, vous serez un jour un peuple. Vous qui
vous ĂȘtes choisis vous-mĂȘmes, vous formerez un jour un peuple choisi â et câest de ce peuple que naĂźtra le Surhomme.
En vĂ©ritĂ©, la terre deviendra un jour un lieu de guĂ©rison ! Et dĂ©jĂ une odeur nouvelle lâenveloppe, une odeur salutaire, â et un nouvel espoir !
3.
Quand Zarathoustra eut prononcĂ© ces paroles, il se tut, comme quelquâun qui nâa pas dit
son dernier mot. Longtemps il soupesa son bùton avec hésitation. Enfin il parla ainsi et sa voix était transformée :
Je mâen vais seul maintenant, mes disciples ! Vous aussi, vous partirez seuls ! Je le veux
ainsi.
En vérité, je vous conseille : éloignez-vous de moi et défendez-vous de Zarathoustra !
Et mieux encore : ayez honte de lui ! Peut-ĂȘtre vous a-t-il trompĂ©s.
Lâhomme qui cherche la connaissance ne doit pas seulement savoir aimer ses ennemis,
mais aussi haĂŻr ses amis.
On nâa que peu de reconnaissance pour un maĂźtre, quand on reste toujours Ă©lĂšve. Et pourquoi ne voulez-vous pas dĂ©chirer ma couronne ?
Vous me vĂ©nĂ©rez ; mais que serait-ce si votre vĂ©nĂ©ration sâĂ©croulait un jour ? Prenez garde Ă ne pas ĂȘtre tuĂ©s par une statue !
Vous dites que vous croyez en Zarathoustra ? Mais quâimporte Zarathoustra ! Vous ĂȘtes
mes croyants : mais quâimportent tous les croyants !
Vous ne vous Ă©tiez pas encore cherchĂ©s : alors vous mâavez trouvĂ©. Ainsi font tous les
croyants ; câest pourquoi la foi est si peu de chose.
Maintenant je vous ordonne de me perdre et de vous trouver vous-mĂȘmes ; et ce nâest
que quand vous mâaurez tous reniĂ© que je reviendrai parmi vous.
En vĂ©ritĂ©, mes frĂšres, je chercherai alors dâun autre Ćil mes brebis perdues ; je vous aimerai alors dâun autre amour.
Et un jour vous devrez ĂȘtre encore mes amis et les enfants dâune seule espĂ©rance : alors
je veux ĂȘtre auprĂšs de vous, une troisiĂšme fois, pour fĂȘter, avec vous, le grand midi.
Et ce sera le grand midi, quand lâhomme sera au milieu de sa route entre la bĂȘte et le
Surhomme, quand il fĂȘtera, comme sa plus haute espĂ©rance, son chemin qui mĂšne Ă un nouveau matin.
Alors celui qui disparaĂźt se bĂ©nira lui-mĂȘme, afin de passer de lâautre cĂŽtĂ© ; et le soleil de sa connaissance sera dans son midi.
« Tous les dieux sont morts : nous voulons, maintenant, que le surhomme vive ! » Que
ceci soit un jour, au grand midi, notre derniĂšre volontĂ© ! â
Ainsi parlait Zarathoustra.
Partie 2
« â et ce nâest que quand vous mâaurez tous reniĂ© que je reviendrai parmi vous.
En vĂ©ritĂ©, mes frĂšres, je chercherai alors dâun autre Ćil mes brebis perdues ; je vous aimerai alors dâun autre amour. »
Zarathoustra, I,
De la vertu qui donne.
Lâenfant au miroir
Alors Zarathoustra retourna dans les montagnes et dans la solitude de sa caverne pour se
dérober aux hommes, pareil au semeur qui, aprÚs avoir répandu sa graine dans les sillons,
attend que la semence lĂšve. Mais son Ăąme sâemplit dâimpatience et du dĂ©sir de ceux quâil
aimait, car il avait encore beaucoup de choses Ă leur donner. Or, voici la chose la plus difficile : fermer par amour la main ouverte et garder la pudeur en donnant.