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Car, ô mes frères, ce qu’il y a de meilleur doit régner, ce qu’il y a de meilleur veut aussi régner ! Et où il y a une autre doctrine, ce qu’il a de meilleur – fait défaut.

22.

Si ceux-ci – avaient le pain gratuit, malheur à eux ! Après quoi crieraient-ils ? De quoi s’entretiendraient-ils si ce n’était de leur entretien ? et il faut qu’ils aient la vie dure !

Ce sont des bêtes de proie : dans leur « travail » – il y a aussi du rapt ; dans leur gain –

il y a aussi de la ruse ! C’est pourquoi il faut qu’ils aient la vie dure !

Il faut donc qu’ils deviennent de meilleures bêtes de proie, plus fines et plus rusées, des bêtes plus semblables à l’homme : car l’homme est la meilleure bête de proie.

L’homme a déjà pris leurs vertus à toutes les bêtes, c’est pourquoi, de tous les animaux,

l’homme a eu la vie la plus dure.

Seuls les oiseaux sont encore au-dessus de lui. Et si l’homme apprenait aussi à voler, malheur à lui ! à quelle hauteur – sa rapacité volerait-elle !

23.

C’est ainsi que je veux l’homme et la femme : l’un apte à la guerre, l’autre apte à engendrer, mais tous deux aptes à danser avec la tête et les jambes.

Et que chaque jour où l’on n’a pas dansé une fois au moins soit perdu pour nous ! Et

que toute vérité qui n’amène pas au moins une hilarité nous semble fausse !

24.

Veillez à la façon dont vous concluez vos mariages, veillez à ce que ce ne soit pas une

mauvaise conclusion ! Vous avez conclu trop tôt : il s’en suit donc – une rupture !

Et il vaut mieux encore rompre le mariage que de se courber et de mentir ! – Voilà ce

qu’une femme m’a dit : « Il est vrai que j’ai brisé les liens du mariage, mais les liens du mariage m’avaient d’abord brisée – moi ! »

J’ai toujours trouvé que ceux qui étaient mal assortis étaient altérés de la pire vengeance : ils se vengent sur tout le monde de ce qu’ils ne peuvent plus marcher séparément.

C’est pourquoi je veux que ceux qui sont de bonne foi disent : « Nous nous aimons : veillons à nous garder en affection ! Ou bien notre promesse serait-elle une méprise ! »

– « Donnez-nous un délai, une petite union pour que nous voyions si nous sommes capables d’une longue union ! C’est une grande chose que d’être toujours à deux ! »

C’est ainsi que je conseille à tous ceux qui sont de bonne foi ; et que serait donc mon

amour du Surhomme et de tout ce qui doit venir si je conseillais et si je parlais autrement !

Il ne faut pas seulement vous multiplier, mais vous élever – ô mes frères, que vous soyez aidés en cela par le jardin du mariage.

25.

Celui qui a acquis l’expérience des anciennes origines finira par chercher les sources de l’avenir et des origines nouvelles. –

Ô mes frères, il ne se passera plus beaucoup de temps jusqu’à ce que jaillissent de nouveaux peuples, jusqu’à ce que de nouvelles sources mugissent dans leurs profondeurs.

Car le tremblement de terre – c’est lui qui enfouit bien des fontaines et qui crée beaucoup de soif : il élève aussi à la lumière les forces intérieures et les mystères.

Le tremblement de terre révèle des sources nouvelles. Dans le cataclysme de peuples anciens, des sources nouvelles font irruption.

Et celui qui s’écrie : « Regardez donc, voici une fontaine pour beaucoup d’altérés, un cœur pour beaucoup de langoureux, une volonté pour beaucoup d’instruments » : – c’est

autour de lui que s’assemble un peuple, c’est-à-dire beaucoup d’hommes qui essayent.

Qui sait commander et qui doit obéir – c’est ce que l’on essaie là. Hélas ! avec combien de recherches, de divinations, de conseils, d’expériences et de tentatives nouvelles !

La société humaine est une tentative, voilà ce que j’enseigne, – une longue recherche ;

mais elle cherche celui qui commande !

– une tentative, ô mes frères ! et non un « contrat » ! Brisez, brisez-moi de telles paroles qui sont des paroles de cœurs lâches et des demi-mesures !

26.

Ô mes frères ! où est le plus grand danger de tout avenir humain ? N’est-ce pas chez les

bons et les justes ! –

– chez ceux qui parlent et qui sentent dans leur cœur : « Nous savons déjà ce qui est bon

et juste, nous le possédons aussi ; malheur à ceux qui veulent encore chercher sur ce domaine ! »

Et quel que soit le mal que puissent faire les méchants : le mal que font les bons est le

plus nuisible des maux !

Et quel que soit le mal que puissent faire les calomniateurs du monde ; le mal que font

les bons est le plus nuisible des maux !

Ô mes frères, un jour quelqu’un a regardé dans le cœur des bons et des justes et il a dit :

« Ce sont les pharisiens. » Mais on ne le comprit point.

Les bons et les justes eux-mêmes ne devaient pas le comprendre : leur esprit est prisonnier de leur bonne conscience. La bêtise des bons est une sagesse insondable.

Mais ceci est la vérité : il faut que les bons soient des pharisiens, – ils n’ont pas de choix !

Il faut que les bons crucifient celui qui s’invente sa propre vertu ! Ceci est la vérité !

Un autre cependant qui découvrit leur pays, – le pays, le cœur et le terrain des bons et

Are sens