"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » Français Books » 🌚🌚"La Vie est facile, ne t'inquiète pas" de Marie M. Martin-Lugand🌚🌚

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– Nous avons perdu deux bébés. Je n’ai pas eu la chance de vivre avec eux, mais ta souffrance pour ta petite fille, je la comprends…

Les larmes me montèrent aux yeux.

– Abby, je suis désolée, je n’aurais pas dû…

– Tu as bien fait… nous avons un point commun toutes les deux, et je sais qu’il est temps que je t’en parle. Avant, quand tu habitais ici, cela aurait été prématuré, mais aujourd’hui… peut-être que ça t’aidera…

– Comment as-tu fait pour t’occuper de ces enfants qui n’étaient pas les tiens ?

– Il y en a eu, des cris et des pleurs ! Les premiers temps, je ne m’autorisais pas à être la mère de Judith, je ne voulais être que sa tante, et surtout, je ne voulais pas être une voleuse d’enfants. Je restais détachée d’elle. Elle me facilitait les choses en étant un bébé tranquille, trop tranquille. Elle ne pleurait pas, ne réclamait rien, elle aurait pu rester dans son lit sans se faire entendre. Quand on voit ce qu’elle est devenue…

Elle s’interrompit pour rire. J’en fis autant. Imaginer Judith calme et discrète paraissait aberrant.

– Avec Edward, c’était autre chose… Il nous provoquait, il piquait colère sur colère, cassait tout…

Rien d’anormal.

– Jack savait le prendre en main, moi, j’étais passive, je ne voulais pas voir qu’il m’appelait au secours pour sa sœur et pour lui.

– Que s’est-il passé pour que les choses changent ?

– Mon merveilleux Jack… Un soir, après une énième crise d’Edward, il a menacé de les rendre à mon frère, puisque finalement je n’avais pas envie de m’occuper d’eux. Pour l’unique fois de notre vie, nous avons fait chambre à part, cette nuit-là. J’ai compris que j’allais tout perdre : mon mari et mes enfants –

parce que, oui, ils étaient mes enfants. Le bon Dieu me les avait envoyés et personne ne me traitait de voleuse…

– Tu es une femme incroyable…

– Pas plus qu’une autre… tu y arriveras toi aussi.

– Je ne crois pas…

– Laisse la vie faire son œuvre.

Abby et Jack consacrèrent la soirée à me faire partager leurs souvenirs à travers leurs albums photo. Je découvrais l’histoire de cette famille.

– 7 –

J’entendis Judith avant de la voir.

– Elle est où, la pétasse ? cria-t-elle depuis l’entrée.

– On t’avait prévenue qu’elle était en forme ! me dit Jack alors que nous étions dans le salon.

Je me levai du canapé pour assister à son débarquement. Elle me repéra, me pointa du doigt, en répétant :

« Toi, toi, toi ! » Puis, sans m’épargner son regard perçant, elle claqua un gros baiser sur la joue de Jack avant de foncer dans ma direction.

– Toi, espèce de petite… tu n’es qu’une… et puis merde !

Elle se jeta sur moi, et me serra fort contre elle.

– Tu vas t’en prendre plein la gueule, tu le sais, ça ?

– Toi aussi, tu m’as manqué, Judith.

Elle me lâcha, renifla, et me prit par les épaules en me détaillant de la tête aux pieds.

– Tu t’es remplumée ! Waouh !

– Et toi, tu es toujours aussi spectaculaire !

– J’entretiens la légende.

C’était la stricte vérité. Judith était splendide, avec un sex-appeal de feu, une espièglerie dans le regard qui devait désarçonner le plus dur des hommes. Même son frère se faisait piéger. Abby nous rejoignit, et nous enlaça. Judith me fit un clin d’œil, tendre et complice.

– J’ai mes deux filles avec moi.

Mon malaise dut paraître évident.

– Ne fais pas cette tête-là, Diane. C’est bien vrai, ce que dit Abby. En plus, tu as été à deux doigts d’être ma sœur…

J’avais oublié à quel point elles étaient terribles lorsqu’elles se liguaient. Nous éclatâmes de rire toutes les trois.

La journée se déroula à l’image de ces retrouvailles. Nous alternions rires, larmes et piques de Judith à mon encontre. Avec elle, nous partagions les tâches de l’intendance pour soulager Abby.

Celle-ci semblait avoir rajeuni de dix ans, toute trace de maladie avait disparu en quelques heures : son visage était détendu, elle avait retrouvé tout son peps et ne paraissait plus oppressée. Judith et moi dûmes batailler pour qu’elle nous laisse gérer la préparation du dîner, tant elle se trouvait en forme.

Ce soir-là, nous serions deux de plus : Edward et Declan se joignaient à nous. Je refusais de m’en préoccuper.

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