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- Et Caleb ? demandai-je.

- Je crois que c’est un type qui a perdu les pédales. Vous savez, dans ce genre de cas, soit on a affaire à un criminel en série, mais il n’y a eu aucun cas similaire à celui de Nola dans la région durant les deux ans qui ont précédé et suivi son enlèvement, soit il s’agit d’un coup de folie.

J’acquiesçai.

- Le seul point qui me chiffonne, me dit Gahalowood, c’est Pratt. Qui l’a tué ? Et pourquoi ? Il y a encore une inconnue dans cette équation, et j’ai bien peur que nous ne parvenions jamais à la résoudre.

- Vous pensez toujours à Stern ?

- Je n’ai que des soupçons. Je vous ai fait part de ma théorie, selon laquelle il y a des zones d’ombre sur sa relation avec Luther. Quel est ce lien entre eux ? Et pourquoi Stern n’a-t-il pas mentionné la disparition de sa voiture ? Il y a vraiment quelque chose d’étrange. Pourrait-il y être mêlé de loin ? C’est possible.

- Vous ne lui avez pas posé la question ? demandai-je.

- Si. Il m’a reçu deux fois, très gentiment. Il dit qu’il se sent mieux depuis qu’il m’a raconté cet épisode du tableau. Il m’a indiqué qu’il autorisait Luther à utiliser parfois cette Chevrolet Monte Carlo noire à titre privé, parce que sa Mustang bleue tournait mal. J’ignore si c’est la vérité mais en tout cas, cette explication tient la route. Tout tient parfaitement la route. Ça fait dix jours que je fouil e la vie de Stern, mais sans rien trouver. J’ai parlé à Sylla Mitchell également, je lui ai demandé ce qu’il était advenu de la Mustang de son frère, el e dit qu’elle n’en a aucune idée. Cette bagnole a disparu. Je n’ai rien contre Stern, rien qui puisse faire penser qu’il soit impliqué dans l’affaire.

- Pourquoi un homme comme Stern se laissait-il complètement dominer par son

chauffeur ? Cédant à ses caprices, lui mettant à disposition une voiture… Il y a quelque chose qui m’échappe.

- À moi aussi, l’écrivain. À moi aussi.

Je plaçai mes boules sur le tapis.

- Mon livre devrait être fini d’ici deux semaines, dis-je.

- Déjà ? Vous avez écrit vite.

- Pas si vite que cela. Vous entendrez peut-être dire que c’est un livre écrit en deux mois, mais en fait il m’a fallu deux ans.

Il sourit.

À la fin du mois d’août 2008, m’octroyant même le luxe d’avoir un peu d’avance sur les délais, j’achevai d’écrire L’Affaire Harry Quebert, livre qui al ait rencontrer deux mois plus tard un succès absolument phénoménal.

Il fut alors temps pour moi de retourner à New York, où Barnaski s’apprêtait à lancer la promotion du livre à grands coups de séances photos et de rencontres avec les journalistes.

Par un hasard du calendrier, je quittai Concord l’avant-dernier jour d’août. Sur la route, je fis un détour par Aurora pour al er trouver Harry à son motel. Il était, comme toujours, assis devant la porte de sa chambre.

- Je rentre à New York, lui dis-je.

- Alors c’est un adieu…

- C’est un au revoir. Je reviendrai vite. Je vais réhabiliter votre nom, Harry.

Donnez-moi quelques mois et vous redeviendrez à nouveau l’écrivain le plus respecté du pays.

- Pourquoi faites-vous cela, Marcus ?

- Parce que vous avez fait de moi ce que je suis.

- Alors quoi ? Vous estimez avoir une espèce de dette envers moi ? J’ai fait de vous un écrivain, mais comme il semble qu’aux yeux de l’opinion publique je n’en sois plus un moi-même, vous essayez de me rendre ce que je vous ai donné ?

- Non, je vous défends parce que j’ai toujours cru en vous. Toujours.

Je lui tendis une lourde enveloppe.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il.

- Mon livre.

- Je ne le lirai pas.

- Je veux votre accord avant de le publier. Ce livre, c’est le vôtre.

- Non, Marcus. C’est le vôtre. Et c’est bien là le problème.

- Quel est le problème ?

- Je pense que c’est un livre magnifique.

- Et en quoi est-ce un problème ?

- C’est compliqué, Marcus. Un jour vous comprendrez.

- Mais comprendre quoi, au nom du Ciel ? Parlez, enfin ! Parlez !

- Un jour vous comprendrez, Marcus.

Il y eut un long silence.

- Qu’allez-vous faire à présent ? finis-je par demander.

- Je ne vais pas rester ici.

- C’est où ici ? Dans ce motel, dans le New Hampshire, en Amérique ?

- Je voudrais aller au paradis des écrivains.

- Le paradis des écrivains ? Qu’est-ce ce que c’est ?

- Le paradis des écrivains, c’est l’endroit où vous décidez de réécrire la vie comme vous auriez voulu la vivre. Car la force des écrivains, Marcus, c’est qu’ils décident de la fin du livre. Ils ont le pouvoir de faire vivre ou de faire mourir, ils ont le pouvoir de tout changer. Les écrivains ont au bout de leurs doigts une force que, souvent, ils ne soupçonnent pas. Il leur suffit de fermer les yeux pour inverser le cours d’une vie. Marcus, que se serait-il passé ce 30 août 1975 si… ?

- On ne change pas le passé, Harry. N’y pensez pas.

- Mais comment pourrais-je ne pas y penser ?

Je posai le manuscrit sur la chaise à côté de lui et je fis mine de m’en aller.

- De quoi parle votre livre ? m’interrogea-t-il alors.

Are sens