"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » » "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Add to favorite "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Harry vérité Quebert Marcus jeune intrigue passé l'affaire mentor roman Dicker questions soulève l'art l'amour réflexions l'enquête habilement récit entrecroisant

Select the language in which you want the text you are reading to be translated, then select the words you don't know with the cursor to get the translation above the selected word!




Go to page:
Text Size:

- C’est l’histoire d’un homme qui a aimé une jeune femme. Elle avait des rêves pour deux. Elle voulait qu’ils vivent ensemble, qu’il devienne un grand écrivain, un professeur d’université et qu’ils aient un chien couleur du soleil. Mais un jour, cette jeune femme a disparu. On ne l’a jamais retrouvée. L’homme, lui, est resté dans la maison, à attendre. Il est devenu un grand écrivain, il est devenu professeur à l’université, il a eu un chien couleur du soleil. Il a fait exactement tout ce qu’elle lui avait demandé, et il l’a attendue. Il n’a jamais aimé personne d’autre. Il a attendu, fidèlement, qu’elle revienne. Mais elle n’est jamais revenue.

- Parce qu’elle est morte !

- Oui. Mais maintenant cet homme peut en faire le deuil.

- Non, il est trop tard ! Il a soixante-sept ans désormais !

- Il n’est jamais trop tard pour aimer de nouveau.

Je lui fis un signe amical de la main.

- Au revoir, Harry. Je vous appellerai à mon arrivée à New York.

- N’appelez pas. C’est mieux.

Je descendis les escaliers extérieurs qui menaient au parking. Alors que je m’apprêtais à remonter en voiture, je l’entendis crier à mon intention, depuis la balustrade du premier étage :

- Marcus, quelle est la date d’aujourd’hui ?

- Le 30 août, Harry.

- Et quelle heure est-il ?

- Il est presque onze heures du matin.

- Plus que huit heures, Marcus !

- Huit heures avant quoi ?

- Avant qu’il soit dix-neuf heures.

Je ne saisis pas tout de suite et je demandai :

- Que se passe-t-il à dix-neuf heures ?

- Nous avons rendez-vous, elle et moi, vous le savez bien. Elle viendra.

Regardez, Marcus ! Regardez où nous sommes ! Nous sommes au paradis des écrivains. Il suffit de l’écrire et tout pourra changer.

30 août 1975 au paradis des écrivains

Elle décida de ne pas passer par la route 1 mais de longer l’océan. C’était plus prudent. Serrant le manuscrit dans ses bras, elle courut sur les galets et sur le sable.

Elle était presque à la hauteur de Goose Cove. Encore deux ou trois miles à marcher et el e arriverait au motel. Elle regarda sa montre : il était un peu plus de dix-huit heures.

D’ici quarante-cinq minutes, elle serait au rendez-vous. À dix-neuf heures, comme convenu. Elle continua encore et arriva aux abords de Side Creek Lane où elle jugea qu’il était temps de traverser la bordure de forêt jusqu’à la route 1. Elle remonta de la plage à la forêt en grimpant sur une succession de rochers, puis elle traversa prudemment les rangées d’arbres, en prenant garde de ne pas se griffer ni déchirer sa jolie robe rouge dans les fourrés. À travers la végétation el e aperçut une maison au loin : dans la cuisine, une femme préparait une tarte aux pommes.

Elle rejoignit la route 1. Juste avant qu’elle ne sorte de la forêt, une voiture passa à bonne allure. C’était Luther Caleb qui s’en retournait à Concord. Elle longea la route sur deux miles encore et el e arriva bientôt au motel. Il était dix-neuf heures précises.

Elle se faufila à travers le parking et emprunta l’escalier extérieur. La chambre 8 était au premier étage. Elle gravit les marches quatre à quatre et tambourina à la porte.

On venait de frapper à la porte. Il se leva précipitamment du lit sur lequel il était assis pour aller ouvrir.

- Harry ! Harry chéri ! s’écria-t-elle en le voyant apparaître dans l’encadrement de la porte.

Elle sauta à son cou et le couvrit de baisers. Il la souleva.

- Nola… tu es là. Tu es venue ! Tu es venue !

Elle le regarda drôlement.

- Évidemment que je suis venue, quel e question enfin !

- J’ai dû m’assoupir, et j’ai fait ce cauchemar… J’étais dans cette chambre et je t’attendais. Je t’attendais et tu ne venais pas. Et j’attendais, encore et encore. Et tu ne venais jamais.

Elle se serra contre lui.

- Quel horrible cauchemar, Harry ! Je suis là maintenant ! Je suis là et pour toujours !

Ils s’enlacèrent longuement. Il lui offrit les fleurs qui trempaient dans le lavabo.

- Tu n’as rien emporté ? demanda Harry lorsqu’il constata qu’el e n’avait pas de bagages.

- Rien. Pour être plus discrète. Nous achèterons le nécessaire en route. Mais j’ai pris le manuscrit.

- Je l’ai cherché partout !

- Je l’avais pris avec moi. Je l’ai lu… J’ai tellement aimé, Harry. C’est un chef-d’œuvre !

Ils s’enlacèrent encore, puis el e dit :

- Partons ! Partons vite ! Partons tout de suite.

- Tout de suite ?

- Oui, je veux être loin d’ici. Pitié, Harry, je ne veux pas risquer qu’on nous retrouve. Partons tout de suite.

Le soir tombait. C’était le 30 août 1975. Deux silhouettes s’échappèrent du motel et descendirent rapidement l’escalier qui menait au parking avant de s’engouffrer dans une Chevrolet Monte Carlo noire. On put apercevoir la voiture s’engager sur la route 1

en direction du nord. Elle avançait à bonne allure, disparaissant vers l’horizon. On ne distingua bientôt plus sa forme : elle devint un point noir, puis une tache minuscule. On devina encore un instant le minuscule point de lumière que dessinaient les phares, puis el e disparut complètement.

Ils partaient vers la vie.

TROISIÈME PARTIE

Le paradis des écrivains

(Sortie du livre)

Are sens