"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » » "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Add to favorite "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Select the language in which you want the text you are reading to be translated, then select the words you don't know with the cursor to get the translation above the selected word!




Go to page:
Text Size:

- Où vas-tu ?

- Loin du monde.

Sans même attendre la réponse de Luther, elle s’engouffra sur le siège passager.

- Roule, mon brave Luther ! Je dois al er au Sea Side Motel. C’est impossible qu’il ne m’aime pas ! Nous nous aimons comme personne ne peut aimer !

Luther obéit. Ni lui ni Nola n’avaient remarqué la voiture de patrouil e qui arrivait au carrefour. Travis Dawn venait de passer une énième fois devant chez les Quinn, attendant que Jenny soit seule pour lui offrir les roses sauvages qu’il lui avait cueil ies.

Incrédule, il regarda Nola monter dans cette voiture qu’il ne connaissait pas. Il avait reconnu Luther au volant. Il regarda la Chevrolet s’éloigner et attendit encore un peu avant de la suivre : il ne fal ait pas la perdre de vue, mais surtout ne pas trop la coller. Il avait bien l’intention de comprendre ce qui poussait Luther à passer tant de temps à Aurora. Venait-il épier Jenny ? Pourquoi emmenait-il Nola ? Avait-il l’intention de commettre un crime ? Tout en roulant, il se saisit du micro de sa radio de bord : il voulait appeler du renfort, pour être certain de coincer Luther si l’arrestation tournait mal. Mais il se ravisa aussitôt : il ne voulait pas s’embarrasser d’un collègue. Il voulait régler les choses à sa façon : Aurora était une ville tranquil e, et il comptait bien faire en sorte qu’elle le reste. Il al ait donner une leçon à Luther, une leçon dont il se souviendrait toujours. Ce serait la dernière fois qu’il mettrait les pieds ici. Et il se demanda encore comment Jenny avait pu tomber amoureuse de ce monstre.

- C’est toi qui as écrit ces lettres ? s’insurgea Nola dans la voiture lorsqu’elle eut entendu les explications de Caleb.

- Oui…

Elle essuya ses larmes du revers de la main.

- Luther, tu es fou ! On ne vole pas le courrier des gens ! C’est mal ce que tu as fait !

Il baissa la tête, honteux.

- Ve fuis dévolé… Ve me fentais fi feul…

Elle posa une main amicale sur sa puissante épaule.

- Allons, ce n’est pas grave, Luther ! Parce que cela signifie que Harry m’attend !

Il m’attend ! Nous allons partir ensemble !

À cette seule pensée, elle s’illumina.

- Tu as de la fanfe, Nola. Vous vous aimez… Fa veut dire que vous ne ferez vamais feuls.

Ils roulaient sur la route 1 à présent. Ils passèrent devant le croisement avec le chemin de Goose Cove.

- Adieu, Goose Cove ! s’écria Nola, heureuse. Cette maison est le seul endroit ici dont je garde des souvenirs heureux.

Elle éclata de rire. Sans raison. Et Luther rit à son tour. Lui et Nola se quittaient mais ils se quittaient bien. Soudain, ils entendirent une sirène de police derrière eux. Ils arrivaient à proximité de la forêt, et c’était là que Travis avait décidé d’intercepter Caleb et de le corriger. Personne ne les verrait dans les bois.

- F’est Travis ! hurla Luther. F’il nous attrape, nous fommes finis.

La panique gagna immédiatement Nola.

- Pas la police ! Oh, Luther, je t’en supplie, fais quelque chose !

La Chevrolet accéléra. C’était un modèle puissant. Travis pesta et somma par le haut-parleur Luther de s’arrêter et de se ranger sur le bas-côté.

- Ne t’arrête pas ! le supplia Nola. Fonce ! Fonce !

Luther accéléra davantage. La Chevrolet distança un peu plus la voiture de Travis. Après Goose Cove, la route 1 suivait quelques courbes : Luther les prit très serrées et en profita pour gagner encore un peu d’avance. Il entendit la sirène s’éloigner.

- Il va appeler du renfort, dit Luther.

- S’il nous attrape, je ne partirai jamais avec Harry !

- Alors nous al ons nous enfuir dans la forêt. La forêt est immenfe, perfonne ne nous y retrouvera. Tu pourras atteindre le Fea Fide Motel. Fi on me prend, Nola, ve ne dirai rien. Ve ne dirai pas que tu étais avec moi. Ainfi, tu pourras t’enfuir avec Harry.

- Oh, Luther…

- Promets-moi de garder mon livre ! Promets de le garder en souvenir de moi !

- Je promets !

À ces mots, Luther braqua subitement le volant et la voiture s’enfonça à travers les fourrés de la lisière de la forêt, avant de s’immobiliser derrière des épais buissons de ronces. Ils en descendirent précipitamment.

- Cours ! ordonna Luther à Nola. Cours !

Ils fendirent les taillis épineux. Sa robe se déchira et son visage se griffa.

Travis pesta. Il ne voyait plus la Chevrolet noire. Il accéléra encore, et ne remarqua pas la carrosserie noire dissimulée par les fourrés. Il continua tout droit sur la route 1.

Ils couraient à travers la forêt. Nola devant et Luther derrière, ayant plus de difficulté à se faufiler à travers les branches basses à cause de sa corpulence.

- Cours, Nola ! Ne t’arrête pas ! s’écria-t-il.

Sans s’en rendre compte, ils s’étaient rapprochés de la lisière de la forêt. Ils étaient aux abords de Side Creek Lane.

À la fenêtre de sa cuisine, Deborah Cooper observait les bois. Soudain, il lui sembla y apercevoir du mouvement. Elle regarda plus attentivement, et vit une fille qui courait à toute allure, poursuivie par un homme. Elle se précipita sur le téléphone et composa le numéro de la police.

Are sens