Comme Luther ne répondait pas, le Chef Pratt, venant par-derrière, lui attrapa une jambe et, décochant un très violent coup de matraque, lui brisa le genou.
Nola entendit un hurlement. Elle stoppa net sa course et tressail it. Ils avaient trouvé Luther, ils le battaient. Elle hésita une fraction de seconde : elle devait rebrousser chemin, elle devait aller se montrer aux agents. Ce serait trop injuste que Luther ait des ennuis à cause d’elle. Elle voulut retourner vers la souche, mais soudain el e sentit une main qui lui attrapa l’épaule. Elle se retourna et sursauta :
- Maman ? Dit-elle.
Les deux genoux cassés, Luther gisait au sol, gémissant. Tour à tour, Travis et Pratt lui donnaient des coups de pied et de matraque.
- Qu’as-tu fait à Nola ? criait Travis. Tu lui as fait du mal ? Hein ? T’es un putain de détraqué, c’est ça ? T’as pas pu t’empê-cher de lui faire du mal !
Luther hurlait sous les coups, suppliant les policiers d’arrêter.
- Maman ?
Louisa Kel ergan sourit tendrement à sa fille.
- Qu’est-ce que tu fais ici, ma chérie ? demanda-t-el e.
- Je me suis enfuie.
- Pourquoi ?
- Parce que je veux rejoindre Harry. Je l’aime tellement.
- Tu ne dois pas laisser ton père tout seul. Ton père serait trop malheureux sans toi. Tu ne peux pas partir comme ça…
- Maman… Maman, je suis désolée pour ce que je t’ai fait.
- Je te pardonne, ma chérie. Mais tu dois arrêter de te faire du mal, maintenant.
- D’accord.
- Tu me le promets ?
- Je te le promets, Maman. Que dois-je faire, maintenant ?
- Rentre auprès de ton père. Ton père a besoin de toi.
- Mais, et Harry ? Je ne veux pas le perdre.
- Tu ne le perdras pas. Il t’attendra.
- C’est vrai ?
- Oui. Il t’attendra jusqu’à la fin de sa vie.
Nola entendit encore des cris. Luther ! Elle courut à toutes jambes jusqu’à la souche. Elle cria, elle cria de toutes ses forces pour que les coups cessent. Elle surgit d’entre les fourrés.
Luther était étendu, mort. Debout devant lui, le Chef Pratt et l’officier Travis regardaient le corps, hagards. Il y avait du sang partout.
- Qu’avez-vous fait ? hurla Nola.
- Nola ? dit Pratt. Mais…
- Vous avez tué Luther !
Elle se jeta sur le Chef Pratt, qui la repoussa d’une gifle. Elle saigna immédiatement du nez. Elle tremblait de peur.
- Pardon, Nola, je ne voulais pas te faire de mal, balbutia Pratt.
Elle recula.
- Vous… Vous avez tué Luther !
- Attends, Nola !
Elle s’enfuit à toutes jambes. Travis essaya de la rattraper par les cheveux; il lui arracha une poignée de mèches blondes.
- Rattrape-la, bon Dieu ! hurla Pratt à Travis. Rattrape-la !
Elle fila entre les tail is, écorchant ses joues, et traversa la dernière rangée d’arbres. Une maison. Une maison ! Elle se précipita vers la porte de la cuisine. Son nez saignait toujours. Elle avait du sang sur le visage. Deborah Cooper lui ouvrit, paniquée, et la fit entrer.
- À l’aide, gémit Nola. Appelez des secours.
Deborah se précipita de nouveau sur le téléphone pour prévenir la police.
Nola sentit une main lui obstruer la bouche. D’un geste puissant, Travis la souleva. Elle se débattit, mais il la serrait trop fort. Il n’eut pas le temps de ressortir de la maison : Deborah Cooper revenait déjà du salon. Elle poussa un cri d’effroi.
- Ne vous inquiétez pas, balbutia Travis. Je suis de la police. Tout va bien.