- Restez, Harry ! Restez encore un peu !
- Je ne peux pas.
- Je ne veux pas vous perdre !
- Au revoir, Marcus. De toute ma vie, vous avez été la plus belle des rencontres.
- Où al ez-vous ?
- Je dois al er attendre Nola quelque part.
Il me serra encore contre lui.
- Trouvez l’amour, Marcus. L’amour donne du sens à la vie. Quand on aime, on est plus fort ! On est plus grand ! On va plus loin !
- Harry ! Ne me laissez pas !
- Au revoir, Marcus.
Il repartit. Il laissa la porte ouverte derrière lui et je la laissai ainsi très longtemps.
Car ce fut la dernière fois que je revis mon maître et ami Harry Quebert.
Mai 2003, finale du championnat universitaire de boxe
- Marcus, vous êtes prêt ? On monte sur le ring dans trois minutes.
- J’ai la trouille, Harry.
- J’en suis certain. Et tant mieux : quand on n’a pas la trouille, on ne peut pas gagner. N’oubliez pas, boxez comme on construit un livre. Vous vous rappelez ?
Chapitre 1, chapitre 2…
- Oui. Un, on percute. Deux, on assomme…
- C’est très bien, champion. Allez, prêt ? Ha, on est en finale du championnat, Marcus ! En finale ! Dire qu’il y a peu, vous ne vous battiez encore que contre des sacs, et vous voilà en finale du championnat ! Vous entendez le speaker : « Marcus Goldman et son coach Harry Quebert de l’université de Burrows. » C’est nous ! En avant !
- Attendez, Harry…
- Quoi ?
- J’ai un cadeau pour vous.
- Un cadeau ? Vous êtes certain que c’est bien le moment ?
- Absolument. Je veux que vous l’ayez avant le match. Il est dans mon sac, prenez-le. Je ne peux pas vous le donner, moi, à cause de mes gants.
- C’est un disque ?
- Oui, c’est une compilation ! Vos trente et une phrases les plus importantes. Sur la boxe, sur la vie, sur les livres.
- Merci, Marcus. Je suis très touché. Prêt à vous battre ?
- Plus que jamais…
- Allons-y, alors.
- Attendez, il y a encore une question que je me pose…
- Marcus ! Il est l’heure !
- Mais c’est important ! J’ai réécouté toutes nos bandes et vous n’y avez jamais répondu.
- Bon, allez-y. Je vous écoute.
- Harry, comment sait-on qu’un livre est terminé ?
- Les livres sont comme la vie, Marcus. Ils ne se terminent jamais vraiment.
Épilogue
Octobre 2009
(une année après la sortie du livre)
“Un bon livre, Marcus, ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l’effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l’on regrette d’avoir terminé.”
Plage de Goose Cove, 17 octobre 2009