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- Bon… Bonvour, Harry.

Il y eut un silence gênant.

- Puis-je faire quelque chose pour vous, Luther ?

- Ve viens vous voir à titre personnel. Pour un confeil.

- Un conseil ? Je vous écoute. Voulez-vous entrer ?

- Mer fi.

Les deux hommes s’instal èrent dans le salon. Luther était nerveux. Il avait apporté avec lui une épaisse enveloppe qu’il gardait serrée contre lui.

- Alors, Luther ? Qu’y a-t-il ?

- Ve… V’ai écrit un livre. Un livre d’amour.

- Vraiment ?

- Oui. Et ve ne fais pas fi f’est bon. Ve veux dire, comment fait-on qu’un livre vaut la peine d’être publié ?

- Je ne sais pas. Si vous pensez que vous avez fait de votre mieux… Avez-vous ce texte avec vous ?

- Oui mais f’est un exemplaire manuscrit, s’excusa Luther. Ve viens de m’en rendre compte. V’en ai une version dactylographiée, mais ve me suis trompé d’enveloppe en partant de chez moi. Voulez-vous que v’ail e la ferfer et que ve repaffe plus tard ?

- Non, montrez-moi toujours.

- F’est que…

- Allons, ne soyez pas timide. Je suis certain que vous écrivez lisiblement.

Il lui tendit l’enveloppe. Harry en sortit les pages et en parcourut quelques-unes, sidéré par la perfection de l’écriture.

- C’est votre écriture ?

- Oui.

- Nom d’un chien, on dirait que… C’est… c’est une écriture incroyable. Comment faites-vous ?

- Ve l’ignore. F’est mon écriture.

- Si vous êtes d’accord, laissez-le moi. Le temps de le lire. Je vous dirai honnêtement ce que j’en pense.

- Vraiment ?

- Bien sûr.

Luther accepta volontiers et il repartit. Mais au lieu de quitter Goose Cove, il se cacha dans les taillis et il attendit Nola, comme il faisait toujours. Elle arriva peu après, heureuse de savoir leur départ proche. Elle ne remarqua pas la silhouette tapie dans les fourrés qui l’observait. Elle entra dans la maison par la porte principale, sans sonner, comme elle faisait désormais tous les jours.

- Harry chéri ! appela-t-elle pour s’annoncer.

Il n’y eut aucune réponse. La maison semblait déserte. Elle appela encore.

Silence. Elle traversa la salle à manger et le salon, sans le trouver. Il n’était pas dans son bureau. Ni sur la terrasse. Elle descendit alors les escaliers jusqu’à la plage et cria son nom. Peut-être était-il allé se baigner ? Il faisait ça lorsqu’il avait trop travaillé. Mais il n’y avait personne non plus sur la plage. Elle sentit la panique l’envahir : où pouvait-il bien être ? Elle retourna dans la maison, appela encore. Personne. Elle passa en revue toutes les pièces du rez-de-chaussée puis monta à l’étage. Ouvrant la porte de la chambre, elle le trouva assis sur son lit, en train de lire un paquet de feuilles.

- Harry ? Vous étiez là ? Ça va faire dix minutes que je vous cherche partout…

Il sursauta en l’entendant.

- Pardon, Nola, je lisais… Je ne t’ai pas entendue.

Il se leva, rempila les pages qu’il tenait dans ses mains et les glissa dans un tiroir de sa commode.

Elle eut un sourire :

- Et que lisiez-vous de si passionnant que vous ne m’ayez même pas entendue hurler votre nom à travers la maison ?

- Rien d’important.

- C’est la suite de votre roman ? Montrez-moi !

- Rien d’important, je te montrerai à l’occasion.

Elle le regarda d’un air mutin :

- Vous êtes sûr que ça va, Harry ?

Il rit.

Are sens