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Elle eut un air très déçu.

- Pourquoi ?

Il devait lui dire qu’il avait rendez-vous avec une autre femme. Ce serait difficile à entendre, mais elle devait comprendre que leur histoire était une histoire impossible.

Pourtant, il ne put s’y résoudre et mentit, encore une fois :

- Je dois al er à Concord. Voir mon éditeur qui s’y trouve pour la fête du 4 juillet.

Ça va être très ennuyeux. J’aurais préféré faire quelque chose avec toi.

- Je peux venir avec vous ?

- Non. Je veux dire : tu t’y ennuierais.

- Je vous trouve très beau avec cette chemise, Harry.

- Merci.

- Harry… Je suis amoureuse de vous. Depuis ce jour de pluie où je vous ai vu sur la plage, je suis folle amoureuse de vous. J’aimerais être avec vous jusqu’à la fin de ma vie !

- Arrête, Nola. Ne dis pas ça.

- Pourquoi ? C’est la vérité ! Je ne supporte pas de ne pas passer ne serait-ce qu’un jour sans être à vos côtés ! Chaque fois que je vous vois, j’ai l’impression que ma vie est plus belle ! Mais vous, vous me détestez, hein ?

- Mais non ! Bien sûr que non !

- Je le sais bien que vous me trouvez laide. Et qu’à Rockland, vous m’avez certainement trouvée ennuyeuse. C’est pour ça que vous ne m’avez pas donné de vos nouvelles. Vous pensez que je suis une petite laideronne sotte et ennuyeuse.

- Ne dis pas de bêtises. Allez, viens, je te ramène chez toi.

- Dites-moi Nola chérie… Dites-le moi encore.

- Je ne peux pas, Nola.

- S’il vous plaît !

- Je ne peux pas. Ces mots sont interdits !

- Mais pourquoi ? Pourquoi, au nom du Ciel ? Pourquoi ne pourrions-nous pas nous aimer si nous nous aimons ?

Il répéta :

- Viens, Nola. Je vais te reconduire chez toi.

- Mais, Harry, pourquoi vivre si nous n’avons pas le droit d’aimer ?

Il ne répondit rien et l’entraîna vers la Chevrolet noire. Elle pleurait.

Ce n’était pas Harry Quebert qui avait sonné, mais Amy Pratt, la femme du chef de la police d’Aurora. Elle faisait du porte-à-porte en sa qualité d’organisatrice du bal de l’été, l’un des événements les plus importants de la ville, qui se tenait, cette année, le samedi 19 juil et. Au moment où la sonnette avait retenti, Tamara avait expédié sa fil e à moitié nue et son mari à l’étage, avant de constater avec soulagement que ce n’était pas leur célèbre visiteur qui se tenait derrière la porte, mais Amy Pratt, venue vendre des tickets pour la tombola du soir du bal. Cette année, le premier prix était une

semaine de vacances dans un magnifique hôtel de l’île de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts, là où de nombreuses vedettes passaient leurs vacances. À l’annonce du premier prix, Tamara eut les yeux qui bril èrent : elle acheta deux carnets de tickets puis, bien que la bienséance eût voulu qu’elle offrît une orangeade à sa visiteuse qui était par ailleurs une femme qu’el e appréciait, elle la mit à la porte sans état d’âme parce qu’il était à présent dix-sept heures cinquante-cinq. Jenny, qui s’était calmée, redescendit dans une petite robe d’été verte qui lui allait à ravir, suivie de son père qui avait mis un costume trois pièces.

- Ce n’était pas Harry mais Amy Pratt, déclara Tamara d’un ton blasé. Je savais bien que ce n’était pas lui. Si vous vous étiez vus détaler comme des lapins. Ha ! Moi je savais bien que ce n’était pas lui, parce qu’il est quelqu’un de chic et que les gens chic ne sont pas en avance. C’est encore plus impoli que d’être en retard. Retiens ça, Bobbo, toi qui as toujours peur d’être en retard à tes rendez-vous.

L’horloge du salon sonna six coups et la famille Quinn se mit en rang derrière la porte d’entrée.

- Surtout, soyez naturels ! implora Jenny.

- Nous sommes très naturels, répondit sa mère. Hein, Bobbo, que nous sommes naturels ?

- Oui, Bibichette. Mais je crois que j’ai de nouveau des gaz : je me sens comme une cocotte-minute sur le point d’exploser.

Quelques minutes plus tard, Harry sonna à la porte de la maison des Quinn. Il venait de déposer Nola à une rue de chez elle, pour qu’on ne les voie pas ensemble. Il l’avait laissée en pleurs.

Jenny me raconta que cette soirée du 4 juillet fut un moment merveilleux pour el e. Elle me décrivit, émue, la fête foraine, leur dîner, le feu d’artifice au-dessus de Concord.

Je compris à sa façon de parler de Harry que, toute sa vie durant, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, et que l’aversion qu’el e éprouvait aujourd’hui à son égard était surtout l’expression de la douleur d’avoir été délaissée pour Nola, la petite serveuse du samedi, qui était celle pour laquelle il avait écrit un chef-d’œuvre. Avant de la quitter, je lui demandai encore :

- Jenny, selon toi, qui est la personne qui pourrait m’en apprendre le plus à propos de Nola ?

- À propos de Nola ? Son père, évidemment.

Son père. Évidemment.

23. Ceux qui l’avaient bien connue

“Et les personnages ? De qui vous inspirez-vous pour vos personnages ?

Are sens