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- Merci d’être venu témoigner de votre sympathie, Harry. Vous entendrez certainement dire que Nola a essayé de se suicider : ce n’est qu’un malheureux mensonge. Elle avait mal au crâne et s’est trompée de médicament. Elle est souvent distraite, comme tous les enfants.

- Bien sûr, répondit Harry. Saletés de médicaments. Dans quelle chambre se trouve Nola ? Je voudrais aller lui dire bonjour.

- C’est très aimable à vous, mais vous savez, il est préférable qu’el e évite les visites pour le moment. Il ne faut pas qu’el e se fatigue, vous comprenez.

Le révérend Kel ergan avait néanmoins un petit livret avec lui que les visiteurs pouvaient signer. Après y avoir inscrit Prompt rétablissement. H. L. Quebert, Harry fit mine de partir et s’en al a se terrer dans la Chevrolet. Il attendit encore une heure, et lorsqu’il vit le révérend Kellergan traverser le parking pour regagner sa voiture, il retourna discrètement dans le bâtiment central de l’hôpital et se fit indiquer la chambre de Nola. Chambre 26, deuxième étage. Il frappa à la porte, le cœur battant. Aucune réponse. Il ouvrit la porte doucement : Nola était seule, assise sur le rebord du lit. Elle tourna la tête et le vit; ses yeux s’illuminèrent d’abord, puis el e eut un air triste.

- Laissez-moi, Harry… Laissez-moi ou j’appelle les infirmières.

- Nola, je ne peux pas te laisser…

- Vous avez été si méchant, Harry. Je ne veux pas vous voir. Vous voir me cause du chagrin. À cause de vous, j’ai voulu mourir.

- Pardonne-moi, Nola…

- Je ne vous pardonnerai que si vous voulez de moi. Sinon, laissez-moi

tranquille.

Elle le fixa dans les yeux; il eut un air triste et coupable et el e ne put s’empêcher de lui sourire.

- Oh, Harry chéri, ne faites pas cette tête de chien malheureux. Promettez-vous de n’être plus jamais méchant ?

- Je le promets.

- Demandez-moi pardon pour tous ces jours où vous m’avez laissée seule devant votre porte sans jamais m’ouvrir.

- Je te demande pardon, Nola.

- Demandez-moi pardon mieux. Mettez-vous à genoux. À genoux et demandez-moi pardon.

Il s’agenouilla, sans plus réfléchir, et posa la tête sur ses genoux nus. Elle se pencha et lui caressa le visage.

- Relevez-vous, Harry. Et venez contre moi, mon chéri. Je vous aime. Je vous aime depuis le jour où je vous ai vu. Je veux être votre femme pour toujours.

Pendant que dans la petite chambre d’hôpital, Harry et Nola se retrouvaient, à Aurora, où la garden-party était terminée depuis plusieurs heures, Jenny, enfermée dans sa chambre, pleurait sa honte et son chagrin. Robert avait essayé de venir la réconforter, mais el e refusait d’ouvrir la porte. Tamara, el e, emportée par une colère noire, venait de quitter la maison pour al er chez Harry et obtenir des explications. Elle rata de peu le visiteur qui sonna à la porte moins de dix minutes après son départ. C’est Robert qui ouvrit la porte, découvrant Travis Dawn, les yeux clos, en uniforme de parade, lui présentant une brassée de roses et qui récita d’une traite :

- Jenny veux-tu m’accompagner au bal de l’été s’il te plaît merci.

Robert éclata de rire.

- Bonjour, Travis, tu veux parler à Jenny peut-être ?

Travis ouvrit grands les yeux et étouffa un cri.

- M’sieur Quinn ? Je… Je suis désolé. Je suis tel ement nul ! C’est juste que je voulais… Enfin, accepteriez-vous que j’emmène votre fille au bal de l’été ? Si elle est d’accord, évidemment. Enfin, peut-être bien qu’elle a déjà quelqu’un. Elle voit déjà quelqu’un, c’est ça, hein ? J’en étais sûr ! Quel imbécile je fais.

Robert donna une tape amicale sur l’épaule de Travis.

- Allons, mon garçon, tu ne pouvais pas tomber mieux. Entre.

Il conduisit le jeune officier à la cuisine et sortit une bière du frigo.

- Merci, dit Travis en posant ses fleurs sur le comptoir.

- Non, ça c’est pour moi. Toi, il te faut quelque chose de beaucoup plus fort.

Robert se saisit d’une bouteille de whisky et en servit un double sur quelques glaçons.

- Bois ça d’une traite, veux-tu.

Travis obéit. Robert reprit :

- Mon garçon, tu m’as l’air très nerveux. Tu dois te relaxer. Les filles n’aiment pas les garçons nerveux. Crois-moi, j’en sais quelque chose.

- Pourtant, je ne suis pas timide mais quand je vois Jenny, je suis comme bloqué. Je ne sais pas ce que c’est…

- C’est l’amour, fiston.

- Vous pensez ?

- Pour sûr.

- C’est vrai que votre fil e, el e est formidable, M’sieur Quinn. Tellement douce, et intelligente, et si belle ! Je sais pas trop si je dois vous dire ça, mais parfois je passe devant le Clark’s juste pour la voir à travers la baie vitrée. Je la regarde… Je la regarde et je sens mon cœur exploser dans ma poitrine, comme si j’allais étouffer dans mon uniforme. C’est l’amour, hein ?

- Pour sûr.

- Et vous voyez, à ce moment-là, je veux sortir de voiture, entrer dans le Clark’s et lui demander comment elle va et si elle aurait pas par hasard envie d’aller au cinéma après son service. Mais j’ose jamais entrer. C’est l’amour aussi ?

Are sens