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aspect rassure l’instable et guérit le cœur de l’instable.

Et en vérité, beaucoup de regards se dirigent aujourd’hui vers ta montagne et ton arbre ;

un grand désir s’est mis en route et il y en a beaucoup qui se sont pris à demander : qui est Zarathoustra ?

Et tous ceux à qui tu as jamais distillé dans l’oreille ton miel et ta chanson : tous ceux

qui sont cachés, solitaires et solitaires à deux, ils ont tout à coup dit à leur cœur :

« Zarathoustra vit-il encore ? Il ne vaut plus la peine de vivre. Tout est égal, tout en vain : à moins que – nous ne vivions avec Zarathoustra ! »

« Pourquoi ne vient-il pas, celui qui s’est annoncé si longtemps ? ainsi demandent beaucoup de gens ; la solitude l’a-t-elle dévoré ? Ou bien est-ce nous qui devons venir auprès de lui ? »

Il arrive maintenant que la solitude elle-même s’attendrisse et se brise, semblable à une

tombe qui s’ouvre et qui ne peut plus tenir ses morts. Partout on voit des ressuscités.

Maintenant, les vagues montent et montent autour de ta montagne, ô Zarathoustra. Et malgré l’élévation de ta hauteur, il faut que beaucoup montent auprès de toi ; ta barque ne doit plus rester longtemps à l’abri.

Et que nous nous soyons venus vers ta caserne, nous autres hommes qui désespérions et

qui déjà ne désespérions plus : ce n’est qu’un signe et un présage qu’il y en a de meilleurs que nous en route, –

– car il est lui-même en route vers toi, le dernier reste de Dieu parmi les hommes ; c’est-

à-dire : tous les hommes du grand désir, du grand dégoût, de la grande satiété,

– tous ceux qui ne veulent vivre sans qu’ils puissent de nouveau apprendre à espérer apprendre de toi, ô Zarathoustra, le grand espoir ! »

Ainsi parlait le roi de droite en saisissant la main de Zarathoustra pour l’embrasser ; mais Zarathoustra se défendit de sa vénération et se recula effrayé, silencieux, et fuyant soudain comme dans le lointain. Mais, après peu d’instants, il fut de nouveau de retour auprès de ses hôtes et, les regardant avec des yeux clairs et scrutateurs, il dit :

« Hommes supérieurs, vous qui êtes mes hôtes, je vais vous parler allemand et

clairement. Ce n’est pas vous que j’attendais dans ces montagnes. »

(« Allemand et clairement ? » Que Dieu ait pitié ! dit alors à part lui le roi de gauche ;

on voit qu’il ne connaît pas ces bons Allemands, ce sage d’Orient !

Mais il veut dire « allemand et grossièrement » – eh bien ! Ce n’est pas là ce qu’il y a de plus mauvais aujourd’hui !”)

« Il se peut que vous soyez tous, les uns comme les autres, des hommes supérieurs, continua Zarathoustra : pour moi cependant – vous n’êtes ni assez grands ni assez forts.

Pour moi, je veux dire : pour la volonté inexorable qui se tait en moi, qui se tait, mais

qui ne se taira pas toujours. Et si vous êtes miens, vous n’êtes cependant point mon bras

droit.

Car celui qui comme vous marche sur des jambes malades et frêles, veut avant tout être

ménagé, qu’il le sache ou qu’il se le cache.

Mais moi je ne ménage pas mes bras et mes jambes, je ne ménage pas mes guerriers :

comment pourriez-vous être bons pour faire ma guerre ?

Avec vous je gâcherais même mes victoires. Et plus d’un parmi vous tomberait à la renverse au seul roulement de mes tambours.

Aussi bien n’êtes-vous pas assez beaux à mon gré, ni d’assez bonne race. J’ai besoin de

miroirs purs et lisses pour recevoir ma doctrine ; reflétée par votre surface, ma propre image serait déformée.

Sur vos épaules pèsent maint fardeau, maint souvenir : et maint kobold méchant se tapit en vos recoins. En vous aussi il y a encore de la populace cachée. Bien que bons et de bonne race, vous êtes tors et difformes à maints égards, et il n’est pas de forgeron au monde qui pût vous rajuster et vous redresser.

Vous n’êtes que des ponts : puissent de meilleurs que vous passer de l’autre côté ! Vous

représentez des degrés : ne vous irritez donc pas contre celui qui vous franchit pour escalader sa hauteur !

Il se peut que, de votre semence, il naisse un jour, pour moi, un fils véritable, un héritier parfait : mais ce temps est lointain. Vous n’êtes point ceux à qui appartiennent mon nom et mes biens de ce monde.

Ce n’est pas vous que j’attends ici dans ces montagnes, ce n’est pas avec vous que je

descendrai vers les hommes une dernière fois. Vous n’êtes que des avant-coureurs, venus

vers moi pour m’annoncer que d’autres, de plus grands, sont en route vers moi, – non point les hommes du grand désir, du grand dégoût, de la grande satiété, ni ce que vous avez appelé « ce qui reste de Dieu sur la terre ».

– Non, non ! Trois fois non ! J’en attends d’autres ici sur ces montagnes et je ne veux

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