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- Pour qu’il puisse prendre son pied.

La scène qu’avait alors racontée Stern s’était déroulée un soir de juillet 1975.

Stern ne se rappelait plus la date exacte, mais c’était vers la fin du mois. Mes recoupements permirent d’établir que cela avait dû se passer juste avant le départ pour Martha’s Vineyard.

Concord. Fin juillet 1975

Il était déjà tard. Stern et Luther étaient seuls dans la maison, occupés à jouer aux échecs sur la terrasse. La sonnerie de la porte d’entrée retentit soudain, et ils se demandèrent qui pouvait bien venir à une heure pareille. C’est Luther qui al a ouvrir. Il revint sur la terrasse accompagné d’une ravissante jeune fille blonde aux yeux rougis par les larmes. Nola.

- Bonsoir, Monsieur Stern, dit-elle timidement. Je vous prie de bien vouloir excuser ma venue aussi impromptue. Mon nom est Nola Kellergan et je suis la fille du

pasteur d’Aurora.

- Aurora ? Tu as fait le trajet depuis Aurora ? demanda-t-il. Comment es-tu venue jusqu’ici ?

- J’ai fait du stop, Monsieur Stern. Il fal ait absolument que je vous parle.

- Est-ce qu’on se connaît ?

- Non, Monsieur. Mais j’ai une requête de première importance.

Stern contempla cette petite jeune femme aux yeux pétillants mais tristes, qui venait le trouver au milieu de la soirée pour une requête de première importance. Il la fit asseoir dans un fauteuil confortable, et Caleb lui apporta un verre de limonade et des biscuits.

- Je t’écoute, lui dit-il, presque amusé de la scène, lorsqu’elle eut bu sa limonade d’une traite. Qu’as-tu de si important à me demander ?

- Encore une fois, Monsieur Stern, je vous prie de m’excuser de vous déranger à une heure pareil e. Mais c’est un cas de force majeure. Je viens vous voir en toute confidentialité pour… Vous demander de m’engager.

- De t’engager ? Mais de t’engager en tant que quoi ?

- En tant que ce que vous voudrez, Monsieur. Je ferai n’importe quoi pour vous.

- T’engager ? répéta Stern qui ne comprenait pas bien. Mais pourquoi donc ? As-tu besoin d’argent, ma petite ?

- En échange, je voudrais que vous permettiez à Harry Quebert de rester à Goose Cove.

- Harry Quebert quitte Goose Cove ?

- Il n’a pas les moyens de rester. Il a déjà contacté l’agence de location de la maison. Il ne peut pas payer le mois d’août. Mais il faut qu’il reste ! Parce qu’il y a ce livre, qu’il commence à peine à écrire et dont je sens qu’il va être un livre magnifique !

S’il s’en va, il ne le finira jamais ! Sa carrière serait brisée ! Quel gâchis, Monsieur, quel gâchis ! Et puis, il y a nous ! Je l’aime, Monsieur Stern. Je l’aime comme je n’aimerai qu’une fois dans ma vie ! Je sais que cela va vous paraître ridicule, que vous pensez que je n’ai que quinze ans et que je ne connais rien à la vie. Je ne connais peut-être rien à la vie, Monsieur Stern, mais je connais mon cœur ! Sans Harry, je ne suis plus rien.

Elle joignit les mains comme pour implorer et Stern demanda :

- Qu’est-ce que tu attends de moi ?

- Je n’ai pas d’argent. Sans quoi je vous aurais payé la location de la maison pour que Harry puisse y rester. Mais vous pourriez m’engager ! Je serai votre employée, et je travaillerai pour vous aussi longtemps qu’il le faudra pour que ça corresponde à la location de la maison pour quelques mois supplémentaires.

- J’ai suffisamment d’employés de maison.

- Je peux faire ce que vous voulez. Tout ! Ou alors laissez-moi vous payer la location petit à petit : j’ai déjà cent vingt dollars ! (Elle sortit des billets de sa poche.) Ce sont toutes mes économies ! Les samedis, je travail e au Clark’s, je travail erai jusqu’à vous avoir remboursé !

- Combien gagnes-tu ?

Elle répondit fièrement :

- Trois dollars de l’heure ! Plus les pourboires !

Stern sourit, touché par cette requête. Il considéra Nola avec tendresse : au

fond, il n’avait pas besoin du revenu de la location de Goose Cove, il pouvait parfaitement laisser Quebert en disposer quelques mois de plus. Mais c’est alors que Luther demanda à lui parler en privé. Ils s’isolèrent dans la pièce voisine.

- Eli’, dit Caleb, ve voudrais la peindre. F’il te plaît… F’il te plaît.

- Non, Luther. Pas ça… Pas encore…

- Ve t’en fupplie… Laiffe-moi la peindre… Fela fait fi longtemps…

- Mais pourquoi ? Pourquoi el e ?

- Parfe qu’el e me rappelle Eleanore.

- Encore Eleanore ? Ça suffit ! Tu dois cesser maintenant !

Stern commença par refuser. Mais Caleb insista longuement et Stern finit par céder. Il retourna auprès de Nola, qui picorait dans l’assiette de biscuits.

- Nola, j’ai réfléchi, dit-il. Je suis prêt à laisser Harry Quebert disposer de la maison autant de temps qu’il le voudra.

Elle lui sauta spontanément au cou.

- Oh, merci ! Merci, Monsieur Stern !

- Attends, il y a une condition…

- Bien sûr ! Tout ce que vous voudrez ! Vous êtes si bon, Monsieur Stern.

- Tu seras modèle. Pour une peinture. C’est Luther qui peindra. Tu te mettras nue et il te peindra.

Elle s’étrangla :

- Nue ? Vous voulez que je me mette toute nue ?

- Oui. Mais uniquement pour servir de modèle. Personne ne te touchera.

- Mais Monsieur, c’est très gênant d’être nue… Je veux dire. (Elle se mit à sangloter.) Je pensais que je pourrais vous rendre des petits services : des travaux de jardin ou faire du classement dans votre bibliothèque. Je ne pensais pas que je devrais… Je ne pensais pas à ça.

Elle essuya ses joues. Stern dévisagea ce bout de femme plein de douceur qu’il forçait à poser nue. Il aurait voulu la prendre dans ses bras pour la réconforter, mais il ne devait pas laisser ses sentiments prendre le pas.

- C’est mon prix, dit-il sèchement. Tu poses nue, et Quebert garde la maison.

Are sens