"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » Français Books » "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Add to favorite "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Select the language in which you want the text you are reading to be translated, then select the words you don't know with the cursor to get the translation above the selected word!




Go to page:
Text Size:

Rodik pesta :

- On n’a rien : pas d’indice, pas de trace. C’est comme un fantôme. On a juste cette gamine aperçue quelques instants, en sang, paniquée, et appelant à l’aide.

- Selon vous, qu’est-ce qu’il convient de faire à présent ? demanda Pratt.

- Croyez-moi, vous avez fait ce que vous avez pu pour ce soir. Il est temps de vous concentrer sur la suite. Renvoyez tout le monde se reposer, mais maintenez les barrages sur les routes. Préparez un plan de fouille de la forêt, il faudra reprendre les recherches demain à l’aube. Vous êtes le seul à pouvoir mener les recherches, vous connaissez la forêt par cœur. Renvoyez aussi un communiqué à toutes les polices, essayez de donner des détails précis sur Nola. Un bijou qu’elle porterait, un détail physique qui la différencierait et qui permettrait à des témoins de l’identifier. Je transmettrai ces informations au FBI, aux polices des États voisins et à la police des frontières. Je vais demander un hélicoptère pour demain et des renforts en chiens.

Dormez aussi un peu, si vous le pouvez. Et priez. J’aime mon métier, Chef, mais les enlèvements d’enfants, c’est plus que je ne puis supporter.

La ville resta agitée toute la nuit du bal et des voitures de police et des badauds autour de Terrace Avenue. Certains voulaient al er dans les bois. D’autres se présentaient au poste de police pour offrir de participer aux recherches. La panique gagnait les habitants.

Dimanche 31 août 1975

Une pluie glaciale s’abattait sur la région, envahie par une brume épaisse venue de l’océan. À cinq heures du matin, à proximité de la maison de Deborah Cooper, sous une immense bâche tendue à la hâte, le Chef Pratt et le capitaine Rodik donnaient les consignes aux premiers groupes de policiers et de volontaires. Sur une carte, la forêt avait été quadril ée en secteurs et chaque secteur attribué à une équipe. Des renforts de maîtres-chiens et de gardes forestiers étaient attendus dans la matinée pour permettre d’élargir les recherches et d’organiser des relèves entre les équipes.

L’hélicoptère avait été annulé pour le moment, à cause de la mauvaise visibilité.

À sept heures, dans la chambre 8 du Sea Side Motel, Harry se réveilla en sursaut, il avait dormi tout habil é. La radio marchait toujours et diffusait un bulletin d’information : … Alerte générale dans la région d’Aurora après la disparition d’une adolescente de quinze ans, Nola Kellergan, hier soir, aux environs de dix-neuf heures.

La police recherche toute personne susceptible de lui fournir des informations… Au moment de sa disparition, Nola Kellergan portait une robe rouge…

Nola ! Ils s’étaient endormis et ils avaient oublié de partir. Il bondit hors du lit et l’appela. Pendant une fraction de seconde, il crut qu’el e était dans la chambre avec lui.

Puis il se rappela qu’elle n’était pas venue au rendez-vous. Pourquoi l’avait-elle abandonné ? Pourquoi n’était-elle pas là ? La radio mentionnait sa disparition, el e s’était donc enfuie de chez elle comme prévu. Mais pourquoi sans lui ? Avait-elle eu un contretemps ? Était-elle allée se réfugier à Goose Cove ? Leur fuite tournait à la catastrophe.

Sans réaliser encore la gravité de la situation, il jeta les fleurs et quitta la chambre précipitamment, sans même prendre le temps de se coiffer ni de renouer sa

cravate. Il jeta ses valises dans la voiture et démarra en trombe pour retourner à Goose Cove. Après deux miles à peine, il tomba sur un imposant barrage de police. Le Chef Gareth Pratt était venu inspecter la bonne marche du dispositif, un fusil à pompe à la main. Tout le monde était à cran. Il reconnut la voiture de Harry dans la file des véhicules arrêtés et s’en approcha :

- Chef, je viens d’entendre à la radio pour Nola, dit Harry par la fenêtre baissée.

Que se passe-t-il ?

- Saloperie, saloperie, dit-il.

- Mais que s’est-il passé ?

- Personne ne le sait : elle a disparu de chez elle. Elle a été aperçue près de Side Creek Lane hier soir et depuis, plus la moindre trace d’elle. Toute la région est bouclée, la forêt est fouillée.

Harry crut que son cœur al ait cesser de battre. Side Creek Lane, c’était en direction du motel. S’était-el e blessée en route pour leur rendez-vous ? Avait-elle craint, une fois repérée à Side Creek Lane, que la police n’arrive au motel et ne les attrape ensemble ? Où s’était-el e cachée alors ?

Le Chef remarqua la mauvaise mine de Harry et son coffre rempli de bagages.

- Vous rentrez de voyage ? interrogea-t-il.

Harry décida qu’il fal ait maintenir la couverture établie avec Nola.

- J’étais à Boston. Pour mon livre.

- Boston ? s’étonna Pratt. Mais vous arrivez du nord…

- Je sais, balbutia Harry. J’ai fait un saut par Concord.

Le Chef eut un regard suspicieux. Harry conduisait une Chevrolet Monte Carlo noire. Il lui ordonna de couper le moteur de son véhicule.

- Un problème ? demanda Harry.

- On est à la recherche d’une voiture comme la vôtre qui pourrait être impliquée dans cette affaire.

- Une Monte Carlo ?

- Oui.

Deux officiers fouil èrent la voiture. Ils n’y trouvèrent rien de suspect et le Chef Pratt autorisa Harry à repartir. Il lui dit au passage : « Je vous demanderai de ne pas quitter la région. Simple précaution, bien entendu. » L’autoradio continuait d’égrener la description de Nola. Jeune fille, blanche, 5,2 pieds de haut, cent livres, cheveux longs blonds, yeux verts, vêtue d’une robe rouge. Elle porte un collier en or avec le prénom NOLA inscrit dessus.

Elle n’était pas à Goose Cove. Ni sur la plage, ni sur la terrasse, ni à l’intérieur.

Nulle part. Il l’appela, et tant pis si on l’entendait. Il arpenta la plage, fou. Il chercha une lettre, un mot. Mais il n’y avait rien. La panique commença à l’envahir. Pourquoi s’était-el e enfuie si ce n’était pas pour le rejoindre ?

Ne sachant plus que faire, il se rendit au Clark’s. C’est là qu’il apprit que Deborah Cooper avait vu Nola en sang avant d’être retrouvée assassinée. Il ne pouvait pas y croire. Que s’était-il passé ? Pourquoi avait-il accepté qu’el e vienne par ses propres moyens ? Ils auraient dû se retrouver à Aurora. Il marcha à travers la ville jusqu’à la maison des Kel ergan, bordée de voitures de police et s’immisça dans les conversations des badauds pour essayer de comprendre. En fin de matinée, de retour à Goose Cove,

il s’installa sur la terrasse, avec une paire de jumel es et du pain pour les mouettes. Et il attendit. Elle s’était perdue, el e allait revenir. Elle allait revenir, c’était certain. Il scruta la plage avec les jumel es. Il attendit encore. Jusqu’à la tombée de la nuit.

13. La tempête

“Le danger des livres, mon cher Marcus, c’est que parfois, vous pouvez en perdre le contrôle. Publier, cela signifie que ce que vous avez écrit si solitairement vous échappe soudain des mains et s’en va disparaître dans l’espace public. C’est un moment de grand danger : vous devez garder la maîtrise de la situation en tout temps.

Perdre le contrôle de son propre livre, c’est une catastrophe.”

Are sens

Copyright 2023-2059 MsgBrains.Com