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- Parce que c’était une lettre écrite par un homme dont l’écriture indiquait qu’il n’était visiblement pas en âge de vivre une histoire d’amour avec ma fil e. Que voulais-tu ? Que toute la ville pense que Nola était une traînée ? À ce moment-là, j’étais certain que la police la retrouverait et la ramènerait à la maison. Alors je l’aurais fait soigner pour de bon ! Pour de bon !

- Et qui était l’auteur de cette lettre de rupture ? demanda Gahalowood.

- C’était Harry Quebert.

Nous restâmes tous interdits. Le père Kel ergan se leva et disparut un instant avant de revenir avec une boîte en carton pleine de lettres.

- Je les ai retrouvées après sa disparition, cachées dans sa chambre, derrière une latte bancale. Nola entretenait une correspondance avec Harry Quebert.

Gahalowood prit une lettre au hasard et la parcourut rapidement.

- Comment savez-vous que c’était avec Harry Quebert ? interrogea-t-il. Elles ne sont pas signées…

- Parce que… Parce que ce sont les textes qui figurent dans son livre.

Je fouil ai dans le carton : il contenait effectivement la correspondance des Origines du mal, du moins les lettres reçues par Nola. Il y avait tout : les lettres à propos d’eux, les lettres de la clinique de Charlotte’s Hil . Je retrouvais cette écriture limpide et parfaite du manuscrit, j’en étais presque terrifié : tout ceci était bien réel.

- Voici la fameuse dernière lettre, dit le père Kel ergan en tendant une enveloppe à Gahalowood.

Il la lut puis me la donna.

Ma chérie,

Ceci est ma dernière lettre. Ce sont mes derniers mots.

Je vous écris pour vous dire adieu.

Dès aujourd’hui, il n’y aura plus de nous.

Les amoureux se séparent et ne se retrouvent plus, et ainsi se terminent leshistoires d’amour.

Ma chérie, vous me manquerez. Vous me manquerez tant.

Mes yeux pleurent. Tout brûle en moi.

Nous ne nous reverrons plus jamais; vous me manquerez tant.

J’espère que vous serez heureuse.

Je me dis que vous et moi c’était un rêve et qu’il faut se réveiller à présent.

Vous me manquerez toute la vie.

Adieu. Je vous aime comme je n’aimerai jamais plus.

- Elle correspond à la dernière page des Origines du mal, nous expliqua alors Kel ergan.

J’acquiesçai. Je reconnaissais le texte. J’en restai abasourdi.

- Depuis quand savez-vous que Harry et Nola correspondaient ? interrogea Gahalowood.

- Je l’ai réalisé il y a quelques semaines seulement. Au supermarché, je suis tombé sur Les Origines du mal. Ils venaient de le remettre en vente. Je ne sais pas pourquoi, je l’ai acheté. J’avais besoin de lire ce livre, pour essayer de comprendre.

Rapidement, j’ai eu l’impression d’avoir déjà vu certaines phrases quelque part. C’est fou la force de la mémoire. Et puis à force d’y penser, tout s’est éclairé : c’était les lettres que j’avais trouvées dans la chambre de Nola. Je ne les avais plus touchées depuis trente ans mais je les avais imprimées quelque part dans mon esprit. Je suis allé les relire et c’est là que j’ai compris. Cette saleté de lettre, sergent, a rendu ma fille fol e de chagrin. Luther Caleb a peut-être tué Nola, mais à mes yeux Quebert est autant coupable que lui : sans cette crise, elle ne se serait peut-être pas enfuie de la maison et el e n’aurait pas croisé Caleb.

- C’est la raison pour laquelle vous êtes al é trouver Harry à son motel… déduisit Gahalowood.

- Oui ! Pendant trente-trois ans, je me suis demandé qui avait écrit ces foutues lettres. Et la réponse, depuis toujours, était dans les bibliothèques de l’Amérique tout entière. Je suis allé au Sea Side Motel et nous avons eu une dispute. J’étais tellement en colère que je suis revenu ici prendre mon fusil, mais à mon retour au motel il avait disparu. Je l’aurais tué je pense. Il savait qu’el e était fragile et il l’a poussée à bout !

Je tombai des nues.

- Qu’est-ce que vous entendez par « il savait » ? demandai-je.

- Il savait tout à propos de Nola ! Tout ! s’écria David Kellergan.

- Vous voulez dire que Harry était au courant pour les épisodes psychotiques de Nola ?

- Oui ! J’étais au courant que Nola allait parfois chez lui avec la machine à écrire.

J’ignorais tout du reste évidemment. Je trouvais même plutôt bien pour el e qu’el e connaisse un écrivain. C’était les vacances, ça l’occupait. Jusqu’à ce que cet écrivain de malheur vienne me chercher des noises parce qu’il pensait que ma femme la battait.

- Harry est venu vous trouver cet été-là ?

- Oui. À la mi-août. Quelques jours avant la disparition.

15 août 1975

C’était le milieu de l’après-midi. De la fenêtre de son bureau, le révérend Kel ergan remarqua une Chevrolet noire se garer sur le parking de la paroisse. Il vit Harry Quebert en sortir et se diriger d’un pas rapide vers l’entrée principale du bâtiment.

Il se demanda quel pouvait bien être le motif de sa visite : depuis son arrivée à Aurora, Harry n’était jamais venu au temple. Il entendit le bruit des battants de la porte d’entrée, puis des pas dans le couloir, et quelques instants après, il le vit apparaître dans l’encadrement de la porte de son bureau, restée ouverte.

- Bonjour, Harry, dit-il. Quelle bonne surprise.

- Bonjour, révérend. Je vous dérange ?

- Pas le moins du monde. Entrez, je vous en prie.

Harry pénétra dans la pièce et ferma la porte derrière lui.

- Tout va bien ? demanda le révérend Kellergan. Vous faites une drôle de tête.

- Je viens vous parler de Nola…

- Oh, ça tombe bien : je voulais vous remercier. Je sais qu’elle va parfois chez vous, et elle en revient toujours très enjouée. J’espère que cela ne vous importune pas… Grâce à vous, elle a des vacances bien remplies.

Harry avait le visage fermé.

- Elle est venue ce matin, dit-il. Elle était en pleurs. Elle m’a tout raconté à propos de votre femme…

Are sens