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- …Wanslow. Il était officier de police à Sagamore. C’est lui qui a été appelé lorsque des pêcheurs ont trouvé la carcasse de la voiture de Luther.

- Une Chevrolet Monte Carlo noire.

- Exactement.

- C’est insensé ! Pourquoi est-ce que personne n’a fait le lien ?

- J’en sais rien, l’écrivain. C’est justement ce qu’il faut tirer au clair.

- Qu’est devenu ce Wanslow ?

- Il est à la retraite depuis quelques années. Aujourd’hui, il tient un garage avec son cousin. Vous enregistrez, là ?

- Oui. Que vous a dit Wanslow au téléphone, hier ?

- Pas grand-chose. Il semblait étonné par mon appel. Il a dit qu’on le trouverait dans la journée dans son garage.

- Et pourquoi ne pas l’avoir interrogé par téléphone ?

- Rien ne vaut un bon face à face, l’écrivain. Le téléphone, c’est beaucoup trop impersonnel. Le téléphone, c’est pour les mauviettes dans votre genre.

Le garage se situait à l’entrée de Sagamore. Nous trouvâmes Wanslow, la tête dans le moteur d’une vieille Buick. Il chassa son cousin du bureau, nous y installa, déplaça des piles de classeurs de comptabilité posés sur des chaises pour que nous puissions nous asseoir, se lava longuement les mains au-dessus d’un lavabo d’appoint, puis nous offrit du café.

- Alors ? demanda-t-il en remplissant des tasses. Que se passe-t-il pour que la police d’État du New Hampshire vienne me trouver ici ?

- Comme je vous le disais hier, répondit Gahalowood, nous enquêtons sur la mort de Nola Kellergan. Et plus particulièrement sur un accident de la route qui a eu lieu sur votre district le 26 septembre 1975.

- La Monte Carlo noire, hein ?

- C’est exact. Comment savez-vous que c’est ce qui nous intéresse ?

- Vous enquêtez sur l’affaire Kel ergan. Et à l’époque j’ai moi-même pensé qu’il y avait un lien.

- Vraiment ?

- Oui. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je m’en souviens. Je veux dire, à la longue, il y a les interventions qu’on oublie et celles qui restent bien imprimées dans notre mémoire. Cet accident était de ceux dont on se rappel e.

- Pourquoi ?

- Vous savez, quand on est un flic de petite ville, les accidents de la route font partie des interventions les plus importantes que l’on doive gérer. Je veux dire, moi, de toute ma carrière, les seuls morts que j’ai vus, c’étaient dans des accidents de la route.

Mais là, c’était différent : durant les semaines qui avaient précédé, on avait tous été alertés de l’enlèvement qui avait eu lieu dans le New Hampshire. Une Chevrolet Monte Carlo noire était activement recherchée et on nous avait demandé d’ouvrir l’œil. Je me souviens que pendant ces semaines-là, j’avais passé mes patrouilles à repérer les Chevrolet semblables à ce modèle et de toutes les couleurs, et à les contrôler. Je m’étais dit qu’une voiture noire, ça se repeint facilement. Bref, je m’étais impliqué dans cette affaire, comme tous les flics de la région d’ailleurs : on voulait retrouver cette gamine à tout prix. Et puis, finalement, un matin, alors que je suis au poste, les garde-côtes nous préviennent qu’ils sont en train de remonter une voiture en bas des falaises de Sunset Cove. Et devinez quel modèle de voiture…

- Une Monte Carlo noire.

- Dans le mille. Immatriculée dans le New Hampshire. Et avec un mort dedans.

Je me rappelle encore du moment où j’ai inspecté cette bagnole : elle était complètement écrasée par la chute et il y avait un type à l’intérieur, c’était comme de la bouillie. On a retrouvé ses papiers sur lui : Luther Caleb. Je m’en rappel e bien. La voiture était enregistrée sous le nom d’une grosse compagnie de Concord, Stern Limited. On a passé l’intérieur au peigne fin : il n’y avait pas grand-chose. Il faut dire que la flotte avait fait pas mal de dégâts. On a quand même retrouvé des restes de bouteilles d’alcool brisées en mille morceaux. Dans le coffre, rien d’autre qu’un sac contenant quelques vêtements.

- Un bagage ?

- Oui, c’est cela. Disons un petit bagage.

- Qu’avez-vous fait ensuite ? demanda Gahalowood.

- Mon boulot : j’ai passé les heures qui ont suivi à enquêter. Je me suis demandé

qui était ce type, ce qu’il faisait là et depuis quand il était tombé là en bas. J’ai fait des recherches sur ce Caleb et devinez ce que j’ai trouvé.

- Qu’une plainte avait été déposée pour harcèlement auprès de la police d’Aurora, déclara Gahalowood, presque blasé.

- Exact ! Mince alors, comment le savez-vous ?

- Je le sais.

- À ce moment-là, j’ai songé que ça ne pouvait plus être une coïncidence. Je me suis d’abord renseigné pour savoir si quelqu’un avait déclaré sa disparition. Je veux dire, de mon expérience des accidents de la route, je sais qu’il y a toujours des proches qui s’inquiètent et c’est d’ailleurs souvent ce qui nous permet d’identifier des morts.

Mais là encore, il n’y avait aucun signalement. Étrange, non ? Du coup, j’ai appelé la compagnie Stern Limited, pour en savoir plus. Je leur ai dit que je venais de retrouver un de leurs véhicules et là, on m’a soudain demandé de patienter : courte musique d’attente et voilà que je me suis retrouvé à parler avec Monsieur Elijah Stern. L’héritier de la famille Stern. En personne. Je lui ai expliqué la situation, je lui ai demandé si un de ses véhicules avait disparu et il m’a affirmé que non. Je lui ai parlé de la Chevrolet noire et il m’a expliqué que c’était le véhicule habituellement utilisé par son chauffeur lorsqu’il n’était pas en fonction. Je lui ai alors demandé depuis combien de temps il n’avait pas vu son chauffeur, et il m’a dit que celui-ci était parti en vacances. « En vacances depuis combien de temps exactement ? » je lui ai demandé. Il a répondu :

« Quelques semaines. » « Et en vacances où ? » Il m’a dit que ça, il n’en savait rien du tout. Moi j’ai trouvé tout ça terriblement étrange.

- Alors qu’avez-vous fait ? interrogea Gahalowood.

- Pour moi, on venait de mettre la main sur le suspect numéro un de l’enlèvement de la petite Kellergan. Et j’ai immédiatement appelé le chef de la police d’Aurora.

- Vous avez appelé le Chef Pratt ?

- Le Chef Pratt. Voilà, c’est son nom. Oui, je l’ai informé de ma découverte.

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