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- Harry, je veux partir…

- Les médecins disent que tu pourras sortir d’ici quelques jours.

- Vous n’avez pas compris : je veux partir d’Aurora. Avec vous. Ici nous ne serons jamais heureux.

Il avait répondu :

- Un jour.

- Quoi un jour ?

- Un jour, nous partirons.

Son visage s’était il uminé.

- Vraiment ? Harry, vraiment ? Vous m’emmènerez loin ?

- Très loin. Et nous serons heureux.

- Oui ! Très heureux !

Elle l’avait serré fort contre elle. Chaque fois qu’elle s’approchait de lui, il sentait son corps traversé d’une douce sensation de frisson.

- C’est le bal, ce soir, avait-elle dit.

- Oui.

- Irez-vous ?

- Je n’en sais rien. J’ai promis à Amy Pratt de venir, mais je ne suis pas d’humeur.

- Oh, al ez-y, s’il vous plaît ! Je rêve d’y al er. Depuis toujours je rêve qu’un jour quelqu’un m’emmène à ce bal. Mais je n’irai jamais… Maman ne veut pas.

- Qu’est-ce que je ferai là-bas, seul ?

- Vous ne serez pas seul, Harry. Je serai là, dans votre tête. Nous danserons ensemble ! Quoi qu’il arrive, je serai toujours dans votre tête !

En entendant ces mots, il s’était fâché :

- Comment ça, quoi qu’il arrive ? Qu’est-ce que ça veut dire, hein ?

- Rien, Harry, Harry chéri, ne vous fâchez pas. Je voulais simplement vous dire que je vous aimerai pour toujours.

Pour l’amour de Nola, il se rendit donc au bal, de mauvaise grâce et seul. À

peine arrivé, il regretta déjà sa décision : il se sentait mal à l’aise au contact de la foule.

Pour se donner un semblant de contenance, il s’installa au bar et se fit servir quelques martinis tout en regardant les invités qui arrivaient au fur et à mesure. La salle se remplissait rapidement, le brouhaha des conversations s’amplifiait. Il était persuadé que les regards étaient braqués sur lui, comme si tous savaient qu’il aimait une fille de quinze ans. Se sentant vacil er, il se rendit aux toilettes, se passa de l’eau sur le visage, puis s’enferma dans une cabine de WC et s’assit sur la cuvette pour retrouver ses esprits. Il prit une ample respiration : il devait garder son calme. Personne ne pouvait savoir pour lui et Nola. Ils avaient toujours été si prudents et tellement discrets. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Surtout rester naturel. Il finit par se rassurer lui-même et sentit son ventre qui se dénouait. Il ouvrit alors la porte de la cabine et c’est à cet instant qu’il découvrit cette inscription faite au rouge à lèvres sur le miroir des toilettes :

BAISEUR DE GAMINE

La panique l’envahit. Qui était là ? Il appela, il regarda autour de lui et poussa toutes les portes des cabines : personne. Les toilettes étaient désertes. Il attrapa à la hâte un linge qu’il gorgea d’eau et il effaça l’inscription qui se transforma en une longue traînée grasse et rouge sur le miroir. Puis, il s’enfuit hors des toilettes, craignant d’être surpris. Nauséeux et malade, le front couvert de sueur et les tempes battantes, il rejoignit la soirée comme si rien ne s’était passé. Qui savait pour lui et Nola ?

Dans la salle, le dîner avait été annoncé et les invités se dirigeaient vers les tables. Il avait l’impression de devenir fou. Une main lui attrapa l’épaule. Il sursauta.

C’était Amy Pratt. Il transpirait abondamment.

- Tout va bien, Harry ? demanda-t-elle.

- Oui… Oui… Juste un peu chaud.

- Vous êtes à la table d’honneur. Venez, c’est juste là-bas.

Elle le guida jusqu’à une grande table fleurie où était déjà installé un homme d’une quarantaine d’années qui avait l’air de s’ennuyer ferme.

- Harry Quebert, déclara Amy Pratt d’un ton cérémonieux, laissez-moi vous présenter à Elijah Stern, qui finance généreusement ce bal. C’est grâce à lui que les

billets sont si bon marché. Il est également le propriétaire de la maison que vous occupez à Goose Cove.

Elijah Stern tendit la main en souriant et Harry éclata de rire :

- Vous êtes mon propriétaire, Monsieur Stern ?

- Appelez-moi Elijah. C’est un plaisir de faire votre connaissance.

Après le plat principal, les deux hommes sortirent fumer une cigarette et faire quelques pas sur la pelouse du Country Club.

- La maison vous plaît ? demanda Stern.

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