Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !
Car je t’aime, ô Éternité !
5.
Si j’aime la mer et tout ce qui ressemble à la mer et le plus encore quand fougueuse elle
me contredit :
Si je porte en moi cette joie du chercheur, cette joie qui pousse la voile vers l’inconnu,
s’il y a dans ma joie une joie de navigateur :
Si jamais mon allégresse s’écria : « Les côtes ont disparu – maintenant ma dernière chaîne est tombée –
– l’immensité sans bornes bouillonne autour de moi, bien loin de moi scintillent le
temps et l’espace, allons ! en route ! Vieux cœur ! » –
Ô comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux,
– l’anneau du devenir et du retour ?
Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !
Car je t’aime, ô Éternité !
6.
Si ma vertu est une vertu de danseur, si souvent des deux pieds j’ai sauté dans des ravissements d’or et d’émeraude :
Si ma méchanceté est une méchanceté riante qui se sent chez elle sous des branches de
roses et des haies de lys :
– car dans le rire tout ce qui est méchant se trouve ensemble, mais sanctifié et affranchi
par sa propre béatitude :
Et ceci est mon alpha et mon oméga, que tout ce qui est lourd devienne léger, que tout
corps devienne danseur, tout esprit oiseau : et, en vérité, ceci est mon alpha et mon oméga ! –
Ô comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux,
l’anneau du devenir et du retour ?
Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !
Car je t’aime, ô Éternité !
7.
Si jamais j’ai déployé des ciels tranquilles au-dessus de moi, volant de mes propres ailes
dans mon propre ciel :
Si j’ai nagé en me jouant dans de profonds lointains de lumière, si la sagesse d’oiseau
de ma liberté est venue : –
– car ainsi parle la sagesse de l’oiseau : « Voici il n’y a pas d’en haut, il n’y a pas d’en bas ! Jette-toi çà et là, en avant, en arrière, toi qui es léger ! Chante ! ne parle plus ! »
– « toutes les paroles ne sont-elles pas faites pour ceux qui sont lourds ? Toutes les paroles ne mentent-elles pas à celui qui est léger ? Chante ! ne parle plus ! » –
Ô comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux,
l’anneau du devenir et du retour ?
Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !