– mais bienheureux celui qui est ainsi gonflé ! Et, en vérité, il faut qu’il soit longtemps suspendu au sommet, comme un lourd orage, celui qui doit un jour allumer la lumière de
l’avenir ! –
Ô, comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux,
– l’anneau du devenir et du retour ?
Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !
Car je t’aime, ô Éternité !
2.
Si jamais ma colère a violé des tombes, reculé des bornes frontières et jeté de vieilles
tables brisées dans des profondeurs à pic :
Si jamais ma moquerie a éparpillé des paroles décrépites, si je suis venu comme un balai pour les araignées, et comme un vent purificateur pour les cavernes mortuaires, vieilles et moisies :
Si je me suis jamais assis plein d’allégresse, à l’endroit où sont enterrés des dieux anciens, bénissant et aimant le monde, à côté des monuments d’anciens calomniateurs du
monde : –
– car j’aimerai même les églises et les tombeaux des dieux, quand le ciel regardera d’un
œil clair à travers leurs voûtes brisées ; j’aime à être assis sur les églises détruites, semblable à l’herbe et au rouge pavot –
Ô comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux –
l’anneau du devenir et du retour ?
Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !
Car je t’aime, ô Éternité !
3.
Si jamais un souffle est venu vers moi, un souffle de ce souffle créateur, de cette nécessité divine qui force même les hasards à danser les danses d’étoiles :
Si jamais j’ai ri du rire de l’éclair créateur que suit en grondant, mais avec obéissance,
le long tonnerre de l’action :
Si jamais j’ai joué aux dés avec des dieux, à la table divine de la terre, en sorte que la
terre tremblait et se brisait, soufflant en l’air des fleuves de flammes : –
– car la terre est une table divine, tremblante de nouvelles paroles créatrices et d’un bruit de dés divins : –
Ô comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux,
– l’anneau du devenir et du retour ?
Jamais encore je n’ai trouvé la femme de qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est
cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !
Car je t’aime, ô Éternité !
4.
Si jamais j’ai bu d’un long trait à cette cruche écumante d’épices et de mixtures, où toutes choses sont bien mélangées :
Si jamais ma main a mêlé le plus lointain au plus proche, le feu à l’esprit, la joie à la
peine et les pires choses aux meilleures :
Si je suis moi-même un grain de ce sable rédempteur, qui fait que toutes choses se mêlent bien dans la cruche des mixtures :
– car il existe un sel qui lie le bien au mal ; et le mal lui-même est digne de servir d’épice et de faire déborder l’écume de la cruche : –
Ô comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux,
– l’anneau du devenir et du retour ?