autour de lui que s’assemble un peuple, c’est-à-dire beaucoup d’hommes qui essayent.
Qui sait commander et qui doit obéir – c’est ce que l’on essaie là. Hélas ! avec combien de recherches, de divinations, de conseils, d’expériences et de tentatives nouvelles !
La société humaine est une tentative, voilà ce que j’enseigne, – une longue recherche ;
mais elle cherche celui qui commande !
– une tentative, ô mes frères ! et non un « contrat » ! Brisez, brisez-moi de telles paroles qui sont des paroles de cœurs lâches et des demi-mesures !
26.
Ô mes frères ! où est le plus grand danger de tout avenir humain ? N’est-ce pas chez les
bons et les justes ! –
– chez ceux qui parlent et qui sentent dans leur cœur : « Nous savons déjà ce qui est bon
et juste, nous le possédons aussi ; malheur à ceux qui veulent encore chercher sur ce domaine ! »
Et quel que soit le mal que puissent faire les méchants : le mal que font les bons est le
plus nuisible des maux !
Et quel que soit le mal que puissent faire les calomniateurs du monde ; le mal que font
les bons est le plus nuisible des maux !
Ô mes frères, un jour quelqu’un a regardé dans le cœur des bons et des justes et il a dit :
« Ce sont les pharisiens. » Mais on ne le comprit point.
Les bons et les justes eux-mêmes ne devaient pas le comprendre : leur esprit est prisonnier de leur bonne conscience. La bêtise des bons est une sagesse insondable.
Mais ceci est la vérité : il faut que les bons soient des pharisiens, – ils n’ont pas de choix !
Il faut que les bons crucifient celui qui s’invente sa propre vertu ! Ceci est la vérité !
Un autre cependant qui découvrit leur pays, – le pays, le cœur et le terrain des bons et
des justes : ce fut celui qui demanda : « Qui haïssent-ils le plus ? »
C’est le créateur qu’ils haïssent le plus : celui qui brise des tables et de vieilles valeurs,
le briseur, – c’est lui qu’ils appellent criminel.
Car les bons ne peuvent pas créer : ils sont toujours le commencement de la fin : –
– ils crucifient celui qui écrit des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles, ils sacrifient l’avenir pour eux-mêmes, ils crucifient tout l’avenir des hommes !
Les bons – furent toujours le commencement de la fin. –
27.
Ô mes frères, avez-vous aussi compris cette parole ? Et ce que j’ai dit un jour du
« dernier homme » ? –
Chez qui y a-t-il les plus grands dangers pour l’avenir des hommes ? N’est-ce pas chez
les bons et les justes ?
Brisez, brisez-moi les bons et les justes ! Ô mes frères, avez-vous aussi compris cette parole ?
28.
Vous fuyez devant moi ? Vous êtes effrayés ? Vous tremblez devant cette parole ?
Ô mes frères, ce n’est que lorsque vous ai dit de briser les bons et les tables des bons,
que j’ai embarqué l’homme sur la pleine mer.
Et c’est maintenant seulement que lui vient la grande terreur, le grand regard circulaire,
la grande maladie, le grand dégoût, le grand mal de mer.
Les bons vous ont montré des côtes trompeuses et de fausses sécurités ; vous étiez nés
dans les mensonges des bons et vous vous y êtes abrités. Les bons ont faussé et dénaturé