â Tout ce que tu veux !
â Viens nous rendre visite.
Retourner en Irlande, Ă Mulranny⊠je nây avais jamais songĂ©.
â Oh⊠je ne sais pasâŠ
â Jâaimerais tellement vous avoir tous autour de moi encore une fois. Et puis, Judith sera folle de joie. Tu es sa seule vĂ©ritable amie.
Abby savait jouer les sentimentales quand ça lâarrangeait⊠jâaurais dĂ» mâen souvenir ! La clochette retentit : Olivier venait mâaider Ă fermer.
â Je ne te promets rien, je vais voir ce que je peux faire.
â Ne tarde pas trop, ma petite chĂ©rie.
â Ne dis pas ça.
Je croisai le regard dâOlivier, qui avait bien compris avec qui je parlais, il me sourit gentiment.
â Je⊠je te rappelle vite.
â Merci, Diane, pour ton appel. Ă trĂšs bientĂŽt. Je tâembrasse.
â Moi aussi, Abby, moi aussi.
Je posai mon tĂ©lĂ©phone sur le bar, et me rĂ©fugiai dans les bras dâOlivier. Il ne me fallut pas plus dâune minute pour me mettre Ă pleurer. Jâaurais voulu ĂȘtre dĂ©jĂ lĂ -bas avec elle, dans son salon, au coin du feu, lui dire et lui rĂ©pĂ©ter quâelle allait guĂ©rir. Comment pouvais-je partir sur un coup de tĂȘte en Irlande ? Les Gens ? Olivier ? FĂ©lix ?
â CâĂ©tait si dur que ça ?
â Elle parle comme si câĂ©tait dĂ©jĂ la fin.
â Je suis dĂ©solĂ©, DianeâŠ
â Je vais devoir lui refuser une faveur, ça me rend malade.
â Laquelle ?
â On ferme dâabord et je tâen parle aprĂšs.
â Si tu veux.
Jâavais besoin de digĂ©rer avant de lui expliquer. La fermeture fut bouclĂ©e en moins de temps quâil nâen faut pour le dire. Olivier alla nous chercher des falafels pour le dĂźner. En mangeant, je rĂ©ussis Ă lui faire part de la requĂȘte dâAbby, Ă laquelle je nâarrĂȘtais pas de penser.
â Tu as peur que ce soit trop dur pour toi ?
â Non, ce nâest pas Ă moi que je pense, câest Abby qui est Ă plaindre.
â Alors pourquoi tu ne veux pas y aller ?
â Les GensâŠ
â FĂ©lix sâen est bien sorti, quand on est partis.
Je refusai de croire que câĂ©tait possible.
â Et toi ? Je ne vais pas te laisser⊠Tu voudrais venir avec moi ?
â Non, Diane. Pour plusieurs raisons. Je ne peux pas me permettre de reprendre des jours de congĂ©, et quand bien mĂȘme je le pourrais, ce sont tes amis, je ne voudrais pas tâempĂȘcher de profiter dâeux en tâaccompagnant. Ce nâest pas ma place. Et puis jâaiderai FĂ©lix, si ça peut te rassurer.
Je soufflai un grand coup tant jâĂ©tais effrayĂ©e par ce qui se jouait. Il prit mon visage entre ses mains, et me regarda dans les yeux.
â Ma seule exigence est que tu sois sĂ»re de toi. As-tu envie de retourner en Irlande ? Ressens-tu le besoin dây aller ?
â Oui, avouai-je.
Pour une fois, je profitai du Wi-Fi des Gens, et rĂ©servai vol et voiture en travaillant. Abby refusa catĂ©goriquement que je prenne une chambre dâhĂŽtel : je logerais chez eux. Je prĂ©parai FĂ©lix Ă mon absence par SMS, sans lui avouer oĂč je partais. Autant Olivier avait respectĂ© mon choix, autant ce serait une autre paire de manches avec mon meilleur ami. Pourtant, je nâavais pas de temps Ă perdre.
Mon vol pour Dublin Ă©tait trois jours aprĂšs son retour de vacances.
Le matin de sa reprise, jâĂ©tais tendue comme un arc. Je le laissai me raconter ses vacances avant de lĂącher la bombe. Il me devança.
â Câest tellement le grand amour que vous voulez repartir vous enfermer dans une chambre dâhĂŽtel pendant plusieurs jours ? Tu me raconteras ?
â En rĂ©alité⊠je ne pars pas avec Olivier.
â Ah bon ! Tu fais quoi, alors ?
â Je vais rendre visite Ă Abby.