Et tu connais la caresse
Ou fait revivre les morts!
Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser;
Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon cœur
Ton œil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie
Moi, je mets ma grande joie,
© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 48 / 106
Mon génie et mon destin, Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur!
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie!
LIX Sisina
Imaginez Diane en galant équipage,
Parcourant les forêts ou battant les halliers, Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage, Superbe et défiant les meilleurs cavaliers!
Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage, Excitant à l'assaut un peuple sans souliers, La joue et l'œil en feu, jouant son personnage, Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers?
Telle la Sisina! Mais la douce guerrière A l'âme charitable autant que meurtrière; Son courage, affolé de poudre et de tambours, Devant les suppliants sait mettre bas les armes, Et son cœur, ravagé par la flamme, a toujours, Pour qui s'en montre digne, un réservoir de larmes.
LX Franciscae meae laudes
Novis te cantabo chordis,
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.
Esto sertis implicata,
O femina delicata
Per quam solvuntur peccata!
Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quae imbuta es magnete.
Quum vitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
© "https://athena.unige.ch/" Baudelaire, Les Fleurs du Mal, p. 49 / 106
Apparuisti, Deitas,
Velut stella salutaris
In naufragiis amaris.....
Suspendam cor tuis aris!
Piscina plena virtutis,
Fons aeternae juventutis
Labris vocem redde mutis!
Quod erat spurcum, cremasti;
Quod rudius, exaequasti;
Quod debile, confirmasti.