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– Bell parle de la chair de l’ours, reprit Johnson ; mais la graisse de cet animal est plus enviable en ce moment que sa chair et sa fourrure.

– Tu as raison, Johnson, répondit Bell ; tu penses toujours au combustible ?

– Comment n’y pas penser ? même en le ménageant avec la plus sévère économie, il ne nous en reste pas pour trois semaines !

– Oui, reprit le docteur, là est le véritable danger, car nous ne sommes qu’au commencement de novembre, et février est le mois le plus froid de l’année dans la zone glaciale ; toutefois, à défaut de graisse d’ours, nous pouvons compter sur la graisse de phoques.

– Pas longtemps, monsieur Clawbonny, répondit Johnson, ces animaux-là ne tarderont pas à nous abandonner ; raison de froid ou d’effroi, ils ne se montreront bientôt plus à la surface des glaçons.

– Alors, reprit le docteur, je vois qu’il faut absolument se rabattre sur les ours, et, je l’avoue, c’est bien l’animal le plus utile de ces contrées, car, à lui seul, il peut fournir la nourriture, les vêtements, la lumière et le combustible nécessaires à l’homme. Entends-tu, Duk, fit le docteur en caressant le chien, il nous faut des ours, mon ami ; cherche ! voyons, cherche !

Duk, qui flairait la glace en ce moment, excité par la voix et les caresses du docteur, partit tout d’un coup avec la rapidité d’un trait. Il aboyait avec vigueur, et malgré son éloignement, ses aboiements arrivaient avec force jusqu’aux chasseurs.

L’extrême portée du son par les basses températures est un fait étonnant ; il n’est égalé que par la clarté des constellations dans le ciel boréal ; les rayons lumineux et les ondes sonores se transportent à des distances considérables, surtout par les froids secs des nuits hyperboréennes.

Les chasseurs, guidés par ces aboiements lointains, se lancèrent sur les traces de Duk ; il leur fallut faire un mille, et ils arrivèrent essoufflés, car les poumons sont rapidement suffoqués dans une semblable atmosphère. Duk demeurait en arrêt à cinquante pas à peine d’une masse énorme qui s’agitait au sommet d’un monticule.

– Nous voilà servis à souhait ! s’écria le docteur en armant son fusil.

– Un ours, ma foi, et un bel ours, dit Bell en imitant le docteur.

– Un ours singulier, fit Johnson, se réservant de tirer après ses deux compagnons.

Duk aboyait avec fureur. Bell s’avança d’une vingtaine de pieds et fit feu ; mais l’animal ne parut pas être atteint, car il continua de balancer lourdement sa tête.

Johnson, s’approcha à son tour, et, après avoir soigneusement visé, il pressa la détente de son arme.

– Bon ! s’écria le docteur ; rien encore ! Ah ! maudite réfraction ! nous sommes hors de portée ; on ne s’y habituera donc jamais ! Cet ours est à plus de mille pas de nous !

– En avant ! répondit Bell.

Les trois compagnons s’élancèrent rapidement vers l’animal que cette fusillade n’avait aucunement troublé ; il semblait être de la plus forte taille, et, sans calculer les dangers de l’attaque, les chasseurs se livraient déjà à la joie de la conquête. Arrivés à une portée raisonnable, ils firent feu ; l’ours, blessé mortellement sans doute, fit un bond énorme et tomba au pied du monticule.

Duk se précipita sur lui.

– Voilà un ours, dit le docteur, qui n’aura pas été difficile à abattre.

– Trois coups de feu seulement, répondit Bell d’un air méprisant, et il est à terre.

– C’est même singulier, fit Johnson.

– À moins que nous ne soyons arrivés juste au moment où il allait mourir de vieillesse, répondit le docteur en riant.

– Ma foi, vieux ou jeune, répliqua Bell, il n’en sera pas moins de bonne prise.

En parlant de la sorte, les chasseurs arrivèrent au monticule, et, à leur grande stupéfaction, ils trouvèrent Duk acharné sur le cadavre d’un renard blanc !

– Ah ! par exemple, s’écria Bell, voilà qui est fort !

– En vérité, dit le docteur ! nous tuons un ours, et c’est un renard qui tombe !

Johnson ne savait trop que répondre.

– Bon ! s’écria le docteur avec un éclat de rire, mêlé de dépit ; encore la réfraction ! toujours la réfraction !

– Que voulez-vous dire, monsieur Clawbonny ? demanda le charpentier.

– Eh oui, mon ami ; elle nous a trompés sur les dimensions comme sur la distance ! elle nous a fait voir un ours sous la peau d’un renard ! pareille méprise est arrivée plus d’une fois aux chasseurs dans des circonstances identiques ! Allons ! nous en sommes pour nos frais d’imagination.

– Ma foi, répondit Johnson, ours ou renard, on le mangera tout de même. Emportons-le.

Mais, au moment où le maître d’équipage allait charger l’animal sur ses épaules :

– Voilà qui est plus fort ! s’écria-t-il.

– Qu’est-ce donc ? demanda le docteur.

– Regardez, monsieur Clawbonny, voyez ! il y a un collier au cou de cette bête !

– Un collier ? répliqua le docteur, en se penchant sur l’animal.

En effet, un collier de cuivre à demi usé apparaissait au milieu de la blanche fourrure du renard ; le docteur crut y remarquer des lettres gravées ; en un tour de main, il l’enleva de ce cou autour duquel il paraissait rivé depuis longtemps.

– Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda Johnson.

– Cela veut dire, répondit le docteur, que nous venons de tuer un renard âgé de plus de douze ans, mes amis, un renard qui fut pris par James Ross en 1848.

– Est-il possible ! s’écria Bell.

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