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– Quant à cette montagne que nous avons reconnue dans l’ouest, nous lui donnerons le nom de Bell-Mount, si notre charpentier y consent !

– C’est trop d’honneur pour moi, répondit Bell.

– C’est justice, répondit le docteur.

– Rien de mieux, fit Altamont.

– Il ne nous reste donc plus que notre fort à baptiser, reprit le docteur ; là-dessus, nous n’aurons aucune discussion ; ce n’est ni à Sa Gracieuse Majesté la reine Victoria, ni à Washington, que nous devons d’y être abrités en ce moment, mais à Dieu, qui, en nous réunissant, nous a sauvés tous. Que ce fort soit donc nommé le Fort-Providence !

– C’est justement trouvé, repartit Altamont.

– Le Fort-Providence, reprit Johnson, cela sonne bien ! Ainsi donc, en revenant de nos excursions du nord, nous prendrons par le cap Washington, pour gagner la baie Victoria, de là le Fort-Providence, où nous trouverons repos et nourriture dans Doctor’s-House !

– Voilà qui est entendu, répondit le docteur ; plus tard, au fur et à mesure de nos découvertes, nous aurons d’autres noms à donner, qui n’amèneront aucune discussion, je l’espère ; car, mes amis, il faut ici se soutenir et s’aimer ; nous représentons l’humanité tout entière sur ce bout de côte ; ne nous abandonnons donc pas à ces détestables passions qui harcèlent les sociétés ; réunissons-nous de façon à rester forts et inébranlables contre l’adversité. Qui sait ce que le Ciel nous réserve de dangers à courir, de souffrances à supporter avant de revoir notre pays ! Soyons donc cinq en un seul, et laissons de côté des rivalités qui n’ont jamais raison d’être, ici moins qu’ailleurs. Vous m’entendez, Altamont ? Et vous, Hatteras ?

Les deux hommes ne répondirent pas, mais le docteur fit comme s’ils eussent répondu.

Puis on parla d’autre chose. Il fut question de chasses à organiser pour renouveler et varier les provisions de viandes ; avec le printemps, les lièvres, les perdrix, les renards même, les ours aussi, allaient revenir ; on résolut donc de ne pas laisser passer un jour favorable sans pousser une reconnaissance sur la terre de la Nouvelle-Amérique.

Chapitre 8 EXCURSION AU NORD DE LA BAIE VICTORIA

Le lendemain, aux premiers rayons du soleil, Clawbonny gravit les rampes assez roides de cette muraille de rochers contre laquelle s’appuyait Doctor’s-House ; elle se terminait brusquement par une sorte de cône tronqué. Le docteur parvint, non sans peine, à son sommet, et de là son regard s’étendit sur une vaste étendue de terrain convulsionné, qui semblait être le résultat de quelque commotion volcanique ; un immense rideau blanc recouvrait le continent et la mer, sans qu’il fût possible de les distinguer l’un de l’autre.

En reconnaissant que ce point culminant dominait toutes les plaines environnantes, le docteur eut une idée, et qui le connaît ne s’en étonnera guère.

Son idée, il la mûrit, il la combina, il la creusa, il en fut tout à fait maître en rentrant dans la maison de neige, et il la communiqua à ses compagnons.

– Il m’est venu à l’esprit, leur dit-il, d’établir un phare au sommet de ce cône qui se dresse au-dessus de nos têtes.

– Un phare ? s’écria-t-on.

– Oui, un phare ! Il aura un double avantage, celui de nous guider la nuit, lorsque nous reviendrons de nos excursions lointaines, et celui d’éclairer le plateau pendant nos huit mois d’hiver.

– À coup sûr, répondit Altamont, un semblable appareil serait une chose utile ; mais comment l’établirez-vous ?

– Avec l’un des fanaux du Porpoise.

– D’accord ; mais avec quoi alimenterez-vous la lampe de votre phare ? Est-ce avec de l’huile de phoque ?

– Non pas ! la lumière produite par cette huile ne jouit pas d’un pouvoir assez éclairant ; elle pourrait à peine percer le brouillard.

– Prétendez-vous donc tirer de notre houille l’hydrogène qu’elle contient, et nous faire du gaz d’éclairage ?

– Bon ! cette lumière serait encore insuffisante, et elle aurait le tort grave de consommer une partie de notre combustible.

– Alors, fit Altamont, je ne vois pas…

– Pour mon compte, répondit Johnson, depuis la balle de mercure, depuis la lentille de glace, depuis la construction du Fort-Providence, je crois M. Clawbonny capable de tout.

– Eh bien ! reprit Altamont, nous direz-vous quel genre de phare vous prétendez établir ?

– C’est bien simple, répondit le docteur, un phare électrique.

– Un phare électrique !

– Sans doute ; n’aviez-vous pas à bord du Porpoise une pile de Bunsen en parfait état ?

– Oui, répondit l’Américain.

– Évidemment, en les emportant, vous aviez en vue quelque expérience, car rien ne manque, ni les fils conducteurs parfaitement isolés, ni l’acide nécessaire pour mettre les éléments en activité. Il est donc facile de nous procurer de la lumière électrique. On y verra mieux, et cela ne coûtera rien.

– Voilà qui est parfait, répondit le maître d’équipage, et moins nous perdrons de temps…

– Eh bien, les matériaux sont là, répondit le docteur, et en une heure nous aurons élevé une colonne de glace de dix pieds de hauteur, ce qui sera très suffisant.

Le docteur sortit ; ses compagnons le suivirent jusqu’au sommet du cône ; la colonne s’éleva promptement et fut bientôt couronnée par l’un des fanaux du Porpoise.

Alors le docteur y adapta les fils conducteurs qui se rattachaient à la pile ; celle-ci, placée dans le salon de la maison de glace, était préservée de la gelée par la chaleur des poêles. De là, les fils montaient jusqu’à la lanterne du phare.

Tout cela fut installé rapidement, et on attendit le coucher du soleil pour jouir de l’effet. À la nuit, les deux pointes de charbon, maintenues dans la lanterne à une distance convenable, furent rapprochées, et des faisceaux d’une lumière intense, que le vent ne pouvait ni modérer ni éteindre, jaillirent du fanal. C’était un merveilleux spectacle que celui de ces rayons frissonnants dont l’éclat, rivalisant avec la blancheur des plaines, dessinait vivement l’ombre de toutes les saillies environnantes. Johnson ne put s’empêcher de battre des mains.

– Voilà M. Clawbonny, dit-il, qui fait du soleil, à présent !

– Il faut bien faire un peu de tout, répondit modestement le docteur.

Le froid mit fin à l’admiration générale, et chacun alla se blottir sous ses couvertures.

La vie fut alors régulièrement organisée. Pendant les jours suivants, du 15 au 20 avril, le temps fut très incertain ; la température sautait subitement d’une vingtaine de degrés, et l’atmosphère subissait des changements imprévus, tantôt imprégnée de neige et agitée par les tourbillons, tantôt froide et sèche au point que l’on ne pouvait mettre le pied au-dehors sans précaution.

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