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– Oh ! j’avais tout vu, répondit le docteur ; vos coups de fusil m’ont donné l’éveil ; je me trouvais en ce moment près des débris du Porpoise ; j’ai gravi un hummock ; j’ai aperçu les cinq ours qui vous poursuivaient de près ; ah ! quelle peur j’ai ressentie pour vous ! Mais enfin votre dégringolade du haut de la colline et l’hésitation des animaux m’ont rassuré momentanément ; j’ai compris que vous aviez eu le temps de vous barricader dans la maison. Alors, peu à peu, je me suis approché, tantôt rampant, tantôt me glissant entre les glaçons ; je suis arrivé près du fort, et j’ai vu ces énormes bêtes au travail, comme de gros castors ; ils battaient la neige, ils amoncelaient les blocs, en un mot ils vous muraient tout vivants. Il est heureux que l’idée ne leur soit pas venue de précipiter des blocs de glace du sommet du cône, car vous auriez été écrasés sans merci.

– Mais, dit Bell, vous n’étiez pas en sûreté, monsieur Clawbonny ; ne pouvaient-ils abandonner la place et revenir vers vous ?

– Ils n’y pensaient guère ; les chiens Groënlandais, lâchés par Johnson, sont venus plusieurs fois rôder à petite distance, et ils n’ont pas songé à leur donner la chasse ; non, ils se croyaient sûrs d’un gibier plus savoureux.

– Grand merci du compliment, dit Altamont en riant.

– Oh ! il n’y a pas de quoi être fier. Quand j’ai compris la tactique des ours, j’ai résolu de vous rejoindre. Il fallait attendre la nuit, par prudence ; aussi, dès les premières ombres du crépuscule, je me suis glissé sans bruit vers le talus, du côté de la poudrière. J’avais mon idée en choisissant ce point ; je voulais percer une galerie. Je me suis donc mis au travail ; j’ai attaqué la glace avec mon couteau à neige, un fameux outil, ma foi ! Pendant trois heures j’ai pioché, j’ai creusé, j’ai travaillé, et me voilà affamé, éreinté, mais arrivé…

– Pour partager notre sort ? dit Altamont.

– Pour nous sauver tous ; mais donnez-moi un morceau de biscuit et de viande ; je tombe d’inanition.

Bientôt le docteur mordait de ses dents blanches un respectable morceau de bœuf salé. Tout en mangeant, il se montra disposé à répondre aux questions dont on le pressait.

– Nous sauver ! avait repris Bell.

– Sans doute, répondit le docteur, en faisant place à sa réponse par un vigoureux effort des muscles staphylins.

– Au fait, dit Bell, puisque M. Clawbonny est venu, nous pouvons nous en aller par le même chemin.

– Oui-da, répondit le docteur, et laisser le champ libre à cette engeance malfaisante, qui finira par découvrir nos magasins et les piller !

– Il faut demeurer ici, dit Hatteras.

– Sans doute, répondit le docteur, et nous débarrasser néanmoins de ces animaux.

– Il y a donc un moyen ? demanda Bell.

– Un moyen sûr, répondit le docteur.

– Je le disais bien, s’écria Johnson en se frottant les mains ; avec M. Clawbonny, jamais rien n’est désespéré ; il a toujours quelque invention dans son sac de savant.

– Oh ! oh ! mon pauvre sac est bien maigre, mais en fouillant bien…

– Docteur, dit Altamont, les ours ne peuvent-ils pénétrer par cette galerie que vous avez creusée ?

– Non, j’ai eu soin de reboucher solidement l’ouverture ; et maintenant, nous pouvons aller d’ici à la poudrière sans qu’ils s’en doutent.

– Bon ! nous direz-vous maintenant quel moyen vous comptez employer pour nous débarrasser de ces ridicules visiteurs ?

– Un moyen bien simple, et pour lequel une partie du travail est déjà fait.

– Comment cela ?

– Vous le verrez. Mais j’oublie que je ne suis pas venu seul ici.

– Que voulez-vous dire ? demanda Johnson.

– J’ai là un compagnon à vous présenter.

Et, en parlant de la sorte, le docteur tira de la galerie le corps d’un renard fraîchement tué.

– Un renard ! s’écria Bell.

– Ma chasse de ce matin, répondit modestement le docteur, et vous verrez que jamais renard n’aura été tué plus à propos.

– Mais enfin, quel est votre dessein ? demanda Altamont.

– J’ai la prétention, répondit le docteur, de faire sauter les ours tous ensemble avec cent livres de poudre.

On regarda le docteur avec surprise.

– Mais la poudre ? lui demanda-t-on.

– Elle est au magasin.

– Et le magasin ?

– Ce boyau y conduit. Ce n’est pas sans motif que j’ai creusé une galerie de dix toises de longueur ; j’aurais pu attaquer le parapet plus près de la maison, mais j’avais mon idée.

– Enfin, cette mine, où prétendez-vous l’établir ? demanda l’Américain.

– À la face même de notre talus, c’est-à-dire au point le plus éloigné de la maison, de la poudrière et des magasins.

– Mais comment y attirer les ours tous à la fois ?

– Je m’en charge, répondit le docteur ; assez parlé, agissons. Nous avons cent pieds de galerie à creuser pendant la nuit ; c’est un travail fatigant ; mais à cinq, nous nous en tirerons en nous relayant. Bell va commencer, et pendant ce temps nous prendrons quelque repos.

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