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- Je l’ignorais.

Il fouil a dans sa poche et en sortit une petite photo qu’il avait collée sur un morceau de carton pour qu’el e ne se déforme pas. Elle représentait un jeune homme en uniforme de parade des Marines.

- Votre fils est militaire ?

- Deuxième division d’infanterie. Il est déployé en Irak. Je me rappel e du jour de son engagement. Il y avait un bureau itinérant de recrutement de l’US Army qui stationnait sur le parking du centre commercial. C’était une évidence pour lui. Il est rentré à la maison et il m’a dit qu’il avait choisi : il renonçait à l’université, il voulait partir faire la guerre. À cause des images du 11 Septembre qui lui trottaient dans la tête.

Alors j’ai sorti une carte du monde et je lui ai dit : « L’Irak, c’est où ? » Il m’a répondu :

« L’Irak, c’est là où il faut être. » Qu’en pensez-vous, Marcus (c’était la première fois qu’il m’appelait par mon prénom) ? A-t-il eu raison ou tort ?

- Je n’en sais rien.

- Moi non plus. Tout ce que je sais c’est que la vie est une succession de choix qu’il faut savoir assumer ensuite.

Ce fut une belle soirée. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas senti autant entouré. Après le repas, je restai un moment seul sur la terrasse, pendant que Gahalowood aidait sa femme à ranger. La nuit était tombée, le ciel était couleur d’encre.

Je repérai la Grande Ourse qui scintil ait. Tout était calme. Les enfants avaient déserté la rue et on n’entendait que le chant apaisant des grillons. Lorsque Gahalowood me

rejoignit, nous fîmes le point sur l’enquête. Je lui racontai comment Stern avait laissé Harry occuper gracieusement Goose Cove.

- Ce même Stern qui avait des relations avec Nola ? releva-t-il. Tout ceci est très étrange.

- Je ne vous le fais pas dire, sergent. Et je vous confirme que quelqu’un savait, à l’époque, pour Harry et Nola. Harry m’a raconté que le soir d’un grand bal populaire, il a trouvé le miroir des toilettes maculé d’une inscription le traitant de baiseur de gamine. À

ce propos, qu’en est-il de l’inscription sur le manuscrit ? Quand aurez-vous les résultats des tests graphologiques ?

- D’ici la semaine prochaine, en principe.

- Alors bientôt nous saurons.

- J’ai épluché le rapport de police sur la disparition de Nola, m’indiqua ensuite Gahalowood. Celui rédigé par le Chef Pratt. Je vous confirme qu’il n’y a aucune mention ni de Stern, ni de Harry.

- C’est étrange, parce que Nancy Hattaway et Tamara Quinn m’ont confirmé avoir toutes les deux informé le Chef Pratt de leurs soupçons à propos de Harry et Stern au moment de la disparition.

- Pourtant le rapport est signé de Pratt lui-même. Il savait et il n’aurait rien fait ?

- Qu’est-ce que tout cela peut signifier ? demandai-je.

Gahalowood eut un regard sombre :

- Qu’il pourrait bien avoir eu lui aussi une relation avec Nola Kellergan.

- Lui aussi ? Vous pensez que… Au nom du Ciel… Le Chef Pratt et Nola ?

- La première chose que nous ferons demain matin, l’écrivain, ce sera d’aller le lui demander.

Le matin du jeudi 3 juillet 2008, Gahalowood vint me chercher à Goose Cove et nous al âmes trouver le Chef Pratt dans sa maison de Mountain Drive. C’est Pratt lui-même qui nous ouvrit la porte. Il ne vit d’abord que moi et m’accueillit sympathiquement.

- Monsieur Goldman, quel bon vent vous amène ? On dit, en ville, que vous menez vos propres investigations…

J’entendis Amy demander qui était là et Pratt répondre : « C’est l’écrivain Goldman. » Puis il remarqua Gahalowood, quelques pas derrière moi, et lâcha :

- Alors c’est une visite officielle…

Gahalowood hocha la tête.

- Juste quelques questions, Chef, expliqua-t-il. L’enquête s’enfonce et il nous manque des éléments. Je suis sûr que vous comprenez.

Nous nous instal âmes dans le salon. Amy Pratt vint nous saluer. Son mari lui ordonna d’aller jardiner dehors, et elle enfila un chapeau et sortit s’occuper de ses gardénias sans demander son reste. La scène aurait pu prêter à rire si, pour une raison que je ne m’expliquais pas encore, l’atmosphère dans le salon des Pratt n’avait été soudain si tendue.

Je laissai Gahalowood mener son interrogatoire. C’était un très bon flic et un bon connaisseur de la psychologie humaine malgré son agressivité latente. Il posa d’abord quelques questions, rien de transcendant; il demanda à Pratt de lui rappeler brièvement le déroulement des événements qui avaient mené à la disparition de Nola Kel ergan.

Mais Pratt perdit rapidement patience : il dit qu’il avait déjà fait son rapport en 1975 et que nous n’avions qu’à le lire. C’est là que Gahalowood lui répondit :

- Eh bien, pour être honnête, je l’ai lu votre rapport et je ne suis pas convaincu par ce que j’y ai trouvé. Par exemple, je sais que la mère Quinn vous a parlé de ce qu’elle savait à propos de Harry et Nola, et pourtant cela ne figure nulle part dans le dossier.

Pratt ne se laissa pas démonter :

- La mère Quinn est venue me voir, oui. Elle m’a dit qu’el e savait tout, el e m’a dit que Harry fantasmait sur Nola. Mais el e n’avait aucune preuve, et moi non plus.

- Vous mentez, intervins-je. Elle vous a montré un feuillet écrit de la main de Harry et qui le compromettait clairement.

- Elle me l’a montré une fois. Puis ce feuil et a disparu ! Elle n’avait rien ! Que vouliez-vous que je fasse ?

- Et Elijah Stern ? demanda Gahalowood en faisant mine de se radoucir. Que saviez-vous sur Stern ?

- Stern ? répéta Pratt, Elijah Stern ? Que vient-il faire dans cette histoire ?

Are sens