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Il sourit.

- Nola…

- Oui ?

- Merci.

- Pour quoi, Harry ?

- Pour tout. Je… Je suis en train d’écrire un livre. Et c’est grâce à toi que j’y arrive enfin.

- Harry chéri, c’est ce que je veux faire de ma vie : m’occuper de vous, être là pour vous, vous assister dans vos livres, fonder une famille avec vous ! Imaginez comme nous serions heureux tous ensemble ! Combien voulez-vous d’enfants, Harry ?

- Au moins trois !

- Oui ! Et même quatre ! Deux garçons et deux filles, pour qu’il n’y ait pas trop de disputes. Je veux devenir Madame Nola Quebert ! La femme la plus fière au monde de son mari !

Elle s’en al a. Longeant le chemin de Goose Cove, elle rejoignit la route 1. Une fois encore, el e ne remarqua pas la silhouette qui l’espionnait, tapie dans les fourrés.

Il lui fal ut trente minutes pour rejoindre Aurora à pied. Elle faisait ce parcours deux fois par jour. Arrivée en ville, el e bifurqua sur la rue principale et continua jusqu’au square où, comme convenu, Nancy Hattaway l’attendait.

- Pourquoi le square et pas la plage ? se plaignit Nancy en la voyant. Il fait si chaud !

- J’ai rendez-vous cet après-midi…

- Quoi ? Non, ne me dis pas que tu vas encore rejoindre Stern !

- Ne prononce pas son nom !

- Tu m’as encore fait venir pour que je te serve d’alibi ?

- Allez, je t’en prie, couvre-moi…

- Mais je te couvre tout le temps !

- Encore une fois. Juste une fois. S’il te plaît.

- N’y va pas ! supplia Nancy. Ne va pas chez ce type, il faut que ça cesse ! J’ai peur pour toi. Que faites-vous ensemble ? Vous faites du sexe, hein ? C’est ça ?

Nola eut un air doux et apaisant :

- Ne t’inquiète pas, Nancy. Surtout, ne t’inquiète pas. Tu me couvres, hein ?

Promets-moi de me couvrir : tu sais ce qui se passe si on apprend que je mens. Tu sais ce qu’on me fait à la maison…

Nancy soupira, résignée :

- Très bien. Je vais rester ici jusqu’à ce que tu reviennes. Mais pas après dix-huit heures trente, sinon ma mère va me disputer.

- Entendu. Et si on te pose des questions, qu’avons-nous fait ?

- Nous avons papoté ici toute l’après-midi, répéta comme un pantin Nancy. Mais j’en ai assez de mentir pour toi ! gémit-elle. Pourquoi fais-tu ça ? Hein ?

- Parce que je l’aime ! Je l’aime tellement ! Je ferais n’importe quoi pour lui !

- Beurk, ça me dégoûte. Je ne veux même pas y penser.

Une Mustang bleue arriva dans l’une des rues bordant le square et s’arrêta sur le côté. Nola l’avisa.

- Le voilà, dit-elle. Il faut que je file. À tout à l’heure, Nancy. Merci, tu es une

véritable amie.

Elle se dirigea rapidement jusqu’à la voiture et s’y engouffra. « Bonjour, Luther », dit-el e au chauffeur en s’installant sur la banquette arrière. La voiture redémarra aussitôt et disparut, sans que personne, hormis Nancy, n’ait remarqué quoi que ce soit de l’étrange manège qui venait de se tramer.

Une heure plus tard, la Mustang arriva dans la cour du manoir d’Elijah Stern, à Concord. Luther conduisit la jeune fil e à l’intérieur. Elle connaissait désormais le chemin jusqu’à la chambre.

- Déshabil e-toi, lui intima gentiment Luther. Je vais prévenir Monsieur Stern que tu es arrivée.

12 août 1975

Comme tous les matins depuis le séjour à Martha’s Vineyard, depuis qu’il avait retrouvé l’inspiration, Harry se levait à l’aube et partait courir avant de se mettre au travail.

Comme tous les matins, il courut jusqu’à Aurora. Et comme tous les matins, il s’arrêta à la marina pour faire des séries d’appuis faciaux. Il n’était même pas six heures. La ville dormait. Il avait évité de passer devant le Clark’s : c’était l’heure d’ouverture et il ne voulait pas risquer de croiser Jenny. Elle était une fille formidable, el e ne méritait pas la façon dont il la traitait. Il resta un instant en contemplation face à l’océan baigné des improbables couleurs du lever du jour. Il sursauta lorsqu’elle prononça son prénom :

- Harry ? Alors c’est vrai ? Tu te lèves si tôt pour aller courir ?

Il se retourna : c’était Jenny, en uniforme du Clark’s. Elle s’approcha et essaya de l’étreindre, maladroitement.

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