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- Pour l’amour de Dieu, taisez-vous !

- Je veux écrire un livre pour défendre le vôtre, Harry. Quand j’ai appris que vous l’aviez écrit pour Nola, j’ai d’abord été choqué, c’est vrai. Et puis je l’ai relu. C’est un livre magnifique ! Vous y dites tout ! Surtout à la fin. Vous racontez le chagrin qui vous accablera toujours. Je ne peux pas laisser les gens salir ce livre, parce que ce livre m’a fait. Vous savez, cet épisode de la citronnade, lors de ma première visite chez vous : lorsque j’ai ouvert ce frigo, ce frigo vide, j’ai compris votre solitude. Et ce jour-là, j’ai compris : Les Origines du mal, c’est un livre de solitude. Vous avez écrit la solitude d’une manière spectaculaire. Vous êtes un immense écrivain !

- Arrêtez, Marcus !

- La fin de votre livre est tellement bel e ! Vous renoncez à Nola : elle a disparu pour toujours, vous le savez, et pourtant vous l’avez attendue malgré tout… Ma seule question, à présent que j’ai véritablement compris votre livre, concerne le titre. Pourquoi avoir donné un titre aussi sombre à un livre aussi beau ?

- C’est compliqué, Marcus.

- Mais je suis là pour comprendre…

- C’est trop compliqué…

Nous nous dévisageâmes, face à face, en position de garde, comme deux guerriers. Il finit par dire :

- Je ne sais pas si je pourrai vous pardonner, Marcus…

- Me pardonner ? Mais je reconstruirai Goose Cove ! Je paierai tout ! Avec l’argent du livre, nous vous reconstruirons une maison ! Vous ne pouvez pas saborder notre amitié comme ça !

Il se mit à pleurer.

- Vous ne comprenez pas, Marcus. Ce n’est pas à cause de vous ! Rien n’est de votre faute, et pourtant je ne peux pas vous pardonner.

- Mais me pardonner quoi ?

- Je ne peux pas vous dire. Vous ne comprendriez pas…

- Mais enfin, Harry ! Pourquoi toutes ces devinettes ? Que se passe-t-il, bon

sang !

Du revers de la main, il essuya les larmes de son visage.

- Vous vous souvenez de mon conseil ? demanda-t-il. Lorsque vous étiez mon étudiant, je vous ai dit un jour : n’écrivez jamais un livre si vous n’en connaissez pas la fin.

- Oui, je m’en souviens bien. Je m’en souviendrai toujours.

- La fin de votre livre, comment est-elle ?

- C’est une belle fin.

- Mais elle meurt à la fin !

- Non, le livre ne se termine pas avec la mort de l’héroïne. Il se passe encore de belles choses après.

- Quoi donc ?

- L’homme qui l’a attendue pendant trente ans se remet à vivre.

EXTRAITS DE : LES ORIGINES DU MAL (dernière page)

Lorsqu’il comprit que rien ne serait jamais possible et que les espoirs n’étaient que des mensonges, il lui écrivit pour la dernière fois. Après les lettres d’amour, était venu le temps d’une lettre de tristesse. Il fallait accepter. Désormais, il ne ferait plus que l’attendre. Toute sa vie, il l’attendrait. Mais il savait bien qu’elle ne reviendrait plus. Il savait qu’il ne la verrait plus, qu’il ne la retrouverait plus, qu’il ne l’entendrait plus.

Lorsqu’il comprit que rien ne serait plus jamais possible, il lui écrivit pour la dernière fois.

Ma chérie,

Ceci est ma dernière lettre. Ce sont mes derniers mots. Je vous écris pour vousdire adieu.

Dès aujourd’hui, il n’y aura plus de « nous ».

Les amoureux se séparent et ne se retrouvent plus, et ainsi se terminent leshistoires d’amour.

Ma chérie, vous me manquerez… Vous me manquerez tant.

Mes yeux pleurent. Tout brûle en moi.

Nous ne nous reverrons plus jamais; vous me manquerez tant.

J’espère que vous serez heureuse.

Je me dis que vous et moi c'était un rêve et qu'il faut se réveiller à présent.

Vous me manquerez toute la vie.

Adieu. Je vous aime comme je n’aimerai jamais plus.

12. Celui qui peignait des tableaux

“Apprenez à aimer vos échecs, Marcus, car ce sont eux qui vous bâtiront. Ce sont vos échecs qui donneront toute leur saveur à vos victoires.”

Il faisait un temps radieux sur Portland, Maine, le jour où nous rendîmes visite à Sylla Caleb Mitchel , la sœur de Luther. C’était le vendredi 18 juil et 2008. La famil e Mitchell habitait une maison coquette d’un quartier résidentiel proche de la col ine sur laquel e se dessine le centre-ville. Sylla nous reçut dans sa cuisine; à notre arrivée, le café fumait déjà dans deux tasses identiques posées sur la table et des albums de famil e avaient été empilés à côté.

Gahalowood était parvenu à la joindre la veille. Sur la route entre Concord et Portland, il me raconta que lorsqu’il l’avait eue au téléphone, il avait eu l’impression qu’elle s’attendait à son appel. « Je me suis présenté en tant que policier, je lui ai dit que j’enquêtais sur les assassinats de Deborah Cooper et Nola Kel ergan, et que j’avais besoin de la rencontrer pour lui poser quelques questions. En principe, les gens s’inquiètent dès qu’ils entendent les mots Police d’État : ils posent des questions, ils demandent ce qui se passe et en quoi ça les concerne. Or Sylla Mitchell m’a simplement répondu : Venez demain quand vous voulez, je serai chez moi. C’est important que l’on se parle. »

Dans sa cuisine, elle s’assit face de nous. C’était une belle femme, la cinquantaine bien portante, d’allure sophistiquée et mère de deux enfants. Son mari, présent également, resta debout, en retrait, comme s’il avait peur d’être importun.

- Alors, demanda-t-elle, est-ce que tout ceci est la vérité ?

- Quoi donc ? fit Gahalowood.

- Ce que j’ai lu dans les journaux… Toutes ces choses épouvantables sur cette pauvre gamine à Aurora.

- Oui. La presse a un peu déformé mais les faits sont véridiques. Madame Mitchell, vous n’avez pas eu l’air surprise de mon appel, hier…

Elle eut un air triste.

- Comme je vous le racontais hier au téléphone, dit-elle, il n’y avait pas les noms dans le journal mais j’ai compris que E.S. était Elijah Stern. Et que son chauffeur était Luther. (el e sortit une coupure de journal et la lut à haute voix comme pour comprendre ce qu’elle ne comprenait pas.) E.S., un des hommes les plus riches du New Hampshire, envoyait son chauffeur chercher Nola au centre-ville pour la lui ramener chez lui, à Concord. Trente-trois ans plus tard, une amie de Nola, qui n’était qu’une enfant à l’époque, racontera qu’el e avait assisté un jour à un rendez-vous avec le chauffeur et que Nola était partie comme on partait à la mort. Ce jeune témoin décrira le chauffeur comme un homme effrayant, au corps puissant et au visage déformé. Une telle description, ça ne peut être que mon frère.

Are sens