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2.

Voilà ce que me répondit alors la vie, en se bouchant ses délicates oreilles :

« Ô Zarathoustra ! Ne claque donc pas si épouvantablement de ton fouet ! Tu le sais bien : le bruit assassine les pensées, – et voilà que me viennent de si tendres pensées.

Nous sommes tous les deux de vrais propres à rien, de vrais fainéants. C’est par delà le

bien et mal que nous avons trouvé notre île et notre verte prairie – nous les avons trouvées tout seuls à nous deux ! C’est pourquoi il faut que nous nous aimions l’un l’autre !

Et si même nous ne nous aimons pas du fond du cœur, – faut-il donc s’en vouloir, quand

on ne s’aime pas du fond du cœur ?

Et que je t’aime, que je t’aime souvent de trop, tu sais cela : et la raison en est que je

suis jaloux de ta sagesse. Ah ! cette vieille folle sagesse !

Si ta sagesse se sauvait une fois de toi, hélas ! vite mon amour, lui aussi, se sauverait de toi. » –

Alors la vie regarda pensive derrière elle et autour d’elle et elle dit à voix basse : « Ô

Zarathoustra, tu ne m’es pas assez fidèle !

Il s’en faut de beaucoup que tu ne m’aimes autant que tu le dis ; je sais que tu songes à

me quitter bientôt.

Il y a un vieux bourdon, lourd, très lourd : il sonne la nuit là-haut, jusque dans ta caverne : – quand tu entends cette cloche sonner les heures à minuit, tu songes à me quitter entre une heure et minuit : – tu y songes, ô Zarathoustra, je sais que tu veux bientôt m’abandonner ! » –

« Oui, répondis-je en hésitant, mais tu le sais aussi – » Et je lui dis quelque chose à l’oreille, en plein dans ses touffes de cheveux embrouillées, dans ses touffes jaunes et

folles.

« Tu sais cela, ô Zarathoustra ? Personne ne sait cela – »

Et nous nous sommes regardés, nous avons jeté nos regards sur la verte prairie, où passait la fraîcheur du soir, et nous avons pleuré ensemble. – Mais alors la vie m’était plus chère que ne m’a jamais été toute ma sagesse. –

Ainsi parlait Zarathoustra.

3.

Un !

Ô homme prends garde !

Deux !

Que dit minuit profond ?

Trois !

« J’ai dormi, j’ai dormi –,

Quatre !

« D’un rêve profond je me suis éveillé : –

Cinq !

« Le monde est profond,

Six !

« Et plus profond que ne pensait le jour.

Sept !

« Profonde est sa douleur –,

Huit !

« La joie – plus profonde que l’affliction.

Neuf !

« La douleur dit : Passe et finis !

Dix !

« Mais toute joie veut l’éternité –

Onze !

« – veut la profonde éternité ! »

Douze !

Les sept sceaux (ou : Le chant de L’Alpha et de L’Oméga)

1.

Si je suis un devin et plein de cet esprit divinatoire qui chemine sur une haute crête entre deux mers, –

qui chemine entre le passé et l’avenir, comme un lourd nuage, – ennemi de tous les étouffants bas-fonds, de tout ce qui est fatigué et qui ne peut ni mourir ni vivre :

prêt à l’éclair dans le sein obscur, prêt au rayon de clarté rédempteur, gonflé d’éclairs

affirmateurs ! qui se rient de leur affirmation ! prêt à des foudres divinatrices :

Are sens