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Mais celui-là s’est découvert lui-même qui dit : ceci est mon bien et mon mal. Par ces paroles il a fait taire la taupe et le nain qui disent : « Bien pour tous, mal pour tous. »

En vérité, je n’aime pas non plus ceux pour qui toutes choses sont bonnes et qui appellent ce monde le meilleur des mondes. Je les appelle des satisfaits.

Le contentement qui goûte de tout : ce n’est pas là le meilleur goût ! J’honore la langue

du gourmet, le palais délicat et difficile qui a appris à dire : « Moi » et « Oui » et « Non ».

Mais tout mâcher et tout digérer – c’est faire comme les cochons ! Dire toujours I-A, c’est ce qu’apprennent seuls l’âne et ceux qui sont de son espèce ! –

C’est le jaune profond et le rouge intense que mon goût désire, – il mêle du sang à toutes les couleurs. Mais celui qui crépit sa maison de blanc révèle par là qu’il a une âme crépie de blanc.

Les uns amoureux des momies, les autres des fantômes ; et nous également ennemis de

la chair et du sang – comme ils sont tous en contradiction avec mon goût ! Car j’aime le

sang.

Et je ne veux pas demeurer où chacun crache : ceci est maintenant mon goût, – je préférerais de beaucoup vivre parmi les voleurs et les parjures. Personne n’a d’or dans la

bouche.

Mais les lécheurs de crachats me répugnent plus encore ; et la bête la plus répugnante

que j’aie trouvée parmi les hommes, je l’ai appelée parasite : elle ne voulait pas aimer et elle voulait vivre de l’amour.

J’appelle malheureux tous ceux qui n’ont à choisir qu’entre deux choses : devenir des

bêtes féroces ou de féroces dompteurs de bêtes ; auprès d’eux je ne voudrais pas dresser

ma tente.

J’appelle encore malheureux ceux qui sont obligés d’attendre toujours, – ils ne sont pas

à mon goût, tous ces péagers et ces épiciers, ces rois et tous ces autres gardeurs de pays et de boutiques.

En vérité, mois aussi, j’ai appris à attendre, à attendre longtemps, mais à m’attendre, moi. Et j’ai surtout appris à me tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser.

Car ceci est ma doctrine : qui veut apprendre à voler un jour doit d’abord apprendre à se

tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser : on n’apprend pas à voler du premier coup !

Avec des échelles de corde j’ai appris à escalader plus d’une fenêtre, avec des jambes

agiles j’ai grimpé sur de hauts mâts : être assis sur des hauts mâts de la connaissance, quelle félicité ! – flamber sur de hauts mâts comme de petites flammes : une petite lumière seulement, mais pourtant une grande consolation pour les vaisseaux échoués et les naufragés ! –

Je suis arrivé à ma vérité par bien des chemins et de bien des manières : je ne suis pas

monté par une seule échelle à la hauteur d’où mon œil regarde dans le lointain.

Et c’est toujours à contre-cœur que j’ai demandé mon chemin, – cela me fut toujours contraire ! J’ai toujours préféré interroger et essayer les chemins eux-mêmes.

Essayer et interroger, ce fut là toute ma façon de marcher : – et, en vérité, il faut aussi apprendre à répondre à de pareilles questions ! Car ceci est – de mon goût : – ce n’est ni un bon, ni un mauvais goût, mais c’est mon goût, dont je n’ai ni à être honteux ni à me

cacher.

« Cela – est maintenant mon chemin, – où est le vôtre ? » Voilà ce que je répondais à

ceux qui me demandaient « le chemin ». Car le chemin – le chemin n’existe pas.

Ainsi parlait Zarathoustra.

Des vieilles et des nouvelles tables

1.

Je suis assis là et j’attends, entouré de vieilles tables brisées et aussi de nouvelles tables à demi écrites. Quand viendra mon heure ? – l’heure de ma descente, de mon déclin : car

je veux retourner encore une fois auprès des hommes.

C’est ce que j’attends maintenant : car il faut d’abord que me viennent les signes annonçant que mon heure est venue, – le lion rieur avec l’essaim de colombes.

En attendant je parle comme quelqu’un qui a le temps, je me parle à moi-même.

Personne ne me raconte de choses nouvelles : je me raconte donc à moi-même. –

2.

Lorsque je suis venu auprès des hommes, je les ai trouvés assis sur une vieille présomption. Ils croyaient tous savoir, depuis longtemps, ce qui est bien et mal pour l’homme.

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